Critique Tentacules [1977]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 8 février 2008 à 14h36
Salade de poulpe au goût de nave
Une petite bourgade balnéaire. Peinarde. Une petite ville comme les Etats-Unis en compte des centaines, vivant de ses deux ressources naturelles que sont la pêche et le tourisme. Une petite ville, peuplée de gens simples et sympas. Bref, un bled sans histoire….
Sauf depuis le jour où s’est installé dans ce petit havre de tranquillité un industriel dont l’objectif avoué est de développer l’économie de la région (et se faire surtout un max de bénéfices en passant). De plus, quelques temps plus tard, des étranges disparitions commencent à inquiéter la population.
Tentacules est l’un des premiers thrillers « post-dents de la mer ». Mais, contrairement à bon nombre d’autres produits du même acabit, réalisés avec trois francs six sous, ce film est en fait une luxueuse série B produite par Samuel Z. Arkoff pour le compte de AIP. Au niveau du budget, ce métrage de Ovidio G. Assonitis est donc plus près d’un film comme Orca que d’un Mort au Large. Il n’en est hélas pas de même en ce qui concerne sa qualité artistique.
Le scénario de Tentacules récupère les éléments du chef d’œuvre de Spielberg en y rajoutant un peu de SF (les installations d’ultrasons qui vont indisposer la créature). Ainsi, un monstre marin, très en colère, s’attaque aux habitants d’une petite ville et une équipe de volontaires se forme, avec le but de traquer et de détruire la bête. Une bête qui est cette fois-ci une gigantesque pieuvre. La particularité du film est que les autorités, pensant à l’attaque d’un requin, n’arrivent pas à piger comment un nourrisson, installé sur la berge dans sa poussette, ait pu finir à l’eau puis écrabouillé de manière horrible. Ils sont donc éberlués lorsqu’ils découvrent la nature du prédateur – ce qui explique peut-être le fait qu’aucun ne s’étonne de l’existence d’un tel monstre dans les parages.
La trame principale suit les investigations d’un plongeur professionnel reconverti en animateur de parc nautique style Maryland. En fait, durant la quasi-totalité du métrage, on a droit à un sorte de capitaine Akab (car le pauvre type perd presque toute sa famille au cours de ce récit) s’acharnant à attraper une pieuvre de taille variable filant dans les flots à la manière d’un hors-bord. Après de multiples échecs, il va finalement réussir à avoir les ventouses de la bestiole grâce à ses deux potes épaulards, apparemment très amateurs de salade de poulpe.
En attendant le festin, l’on a donc droit à un étalonnage de tous les poncifs et les clichés du genre, de l’agression de nuit sur un yacht à l’attaque d’une régate de voiliers, en passant par les sempiternels enjeux économiques qui mettent le maire dans l’embarras – et en conflit avec les autorités et la presse locale. Cela aurait pu en fait être assez sympa à défaut d’original mais le problème est que le cinéaste s’y prend comme un pied pour nous présenter tout ça. Le pire est probablement dans les séquences d’actions, avec ses plans entrecoupées au montage par des images arrêtées ridicules qui ne servent qu’à casser le rythme. De plus, en cette occasion, la musique, horriblement datée, ressemblant à celle d’un vieil épisode de série télé des années 70, achève de rendre le spectacle horriblement kitch.
Le métrage accumule également les incohérences (un équipage d’hélicoptère qui ne voit même pas un monstre d’une telle taille filant dans une eau limpide, par exemple) et les problèmes de raccord. La situation la plus catastrophique se situant probablement à la fin lorsque le héros, sur son bateau au milieu d’une mer déchaînée et sous la pluie et les embruns, s’adresse à ses deux orques filmés en contre-champ. Des orques qui évoluent, quand à eux, dans une eau aussi plate qu’une piscine (ce qui était d’ailleurs sûrement le cas). Ridicule mais désopilant.
En réalité, je pense que la plus grosse partie du budget a dû échoir au paiement des stars cachetonnant dans ce navet taille XXL. Car dans Tentacules (qui rime avec Ridicule, vous avez remarqué ?), il y a du beau monde. Le plus connu d’entre eux est certainement John Huston, qui interprète un journaliste têtu et perspicace et qui sera le premier a douter de la nature du monstre (ah, l’inoubliable scène où il sort sur sa terrasse revêtu d’une magnifique chemise de nuit… quel dommage qu’ils n’aient pas pensé à lui mettre aussi un bonnet). C’est d’ailleurs son personnage qui va aller quérir le dompteur d’épaulards, incarné par Bo Hopkins. A coté de ses deux là, on peut également reconnaître Shelley Winters (l’ex-pin up joue le rôle de la sœur de John Huston), Henry Fonda (l’industriel peu scrupuleux) et Claude Akins (le shérif, comme d’habitude).
Pour finir, parlons un peu du monstre. Comme je vous l’ai déjà dit plus haut, on va assister aux malveillances d’une pieuvre de taille variable. De plus, au grès des plans et des séquences, son origine varie. Il s’agit la plupart du temps d’un véritable mollusque filmé de très près pour nous faire croire à une taille anormale (sauf qu’un œil attentif remarquera que les petits poissons qui évoluent en arrière plan bénéficient du même artifice). Cependant, pour simuler les attaques, il a fallu trouver autre chose. Le cinéaste utilise alors la technique des très gros plans (un œil torve, un tentacule en plastique) ou il noie la scène dans une obscurité composée d'une encre crachée par la bestiole et/ou d’un flou artistique d’origine douteuse. Il faut toutefois noté que, à une ou deux occasions, l’on a droit à des plans larges avec des maquettes, et là, pour le coup, le monstre prend alors une taille impressionnante qui n’est pas sans nous rappeler un kraken.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Tentacules [1977]
Nanar de luxe, Tentacules est un véritable régal pour l’amateur de vieilleries kitchs et désopilantes de nullité, d’autant plus que peu de films de ce style peuvent se vanter d’avoir réussi à ridiculiser un casting aussi prestigieux. Pour autant que l’on arrive à supporter une bande originale de Stelvio Cripiani affreusement crispante, je suis sur que le film du tâcheron Ovidio G. Assonitis peut passer aux yeux du spectateur non avisé pour une parodie un peu ratée. Un Mel Brooks des mauvais jours, quoi.
On a aimé
- Deux jolis épaulards qui font des galipettes
- Un casting de stars pris en plein délit de « cachetonnage »
On a moins bien aimé
- Scénario linéaire, script rempli d’incohérences
- Des effets spéciaux poussifs
- Une musique affreuse
- Aucune tension, aucun suspense
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