Critique Pandorum [2009]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 28 décembre 2009 à 19h07
Pétage de plomb from outer space
Si vous êtes cinéphile et que je vous dis: "un astronaute sorti brusquement de son long sommeil par une intelligence artificielle et qui se retrouve face à une forme de vie agressive et inconnue", vous allez immédiatement penser à Alien, bien sûr. Puis, si j'ajoute: "les passagers d'un vol astral vers les confins de l'univers qui cèdent à la folie meurtrière et aux hallucinations, vous allez répondre, sans vraiment tergiverser, Event Horizon, le vaisseau de l'au-delà. Puis si je vous parle d'un astronef envahi de monstres mutants sanguinaires, pour peu que vous soyez amateur de jeux vidéo, vous aller penser sans hésitation à Dead Space. Donc, si je finis ce petit quizz fantastique en vous annonçant que Pandorum, coproduction américano-allemande réalisée par Christian Alvart et produite par Paul W. S. Anderson (tiens, je ne parlais pas d'Event Horizon, plus haut, comme c'est amusant!), c'est en quelque sorte un mélange de tout cela, auquel on pourrait rajouter des éléments de Ghosts of Mars, Resident evil et... Le bateau de Wolfgang Petersen (il y a même un passage de noyade qui évoque fortement Abyss), vous allez forcément en déduire que ce métrage ne peut être qu'un quelonque produit d'exploitation, une série B dénuée de tout intérêt. Vous auriez tort...
Car s'il est vrai que le scénario de Pandorum ne réserve guère de surprises (hormis son final, très réussi), il présente un bon nombre d'atouts qui en font une oeuvre très intéressante et souvent captivante. Le premier point positif de ce film se situe dans le script, ce qui, au premier abord, pourrait sembler surprenant. Hors, force est d'admettre que ce méli-mélo structurel bénéficie d'une telle qualité d'écriture qu'il en devient délectable. Ainsi, ici, le dicton, qui avance qu'une bonne sauce est capable d'accommoder avec succès même les plats les plus communs, est pleinement vérifié. Bravo donc, au maître saucier Travis Milloy, qui manie aussi bien la plume que Bocuse la cuillère à pot. Ainsi, l'ensemble, extrêmement bien lié, construit à partir de deux points de vue aux particularismes obsessionnels opposés (le huis clos claustrophobe et le survival horror en territoire hostile), est si efficacement mis en place que l'on ne fait même plus cas des quelques incohérences (la biologiste experte en close combat, le route du retour vers le pont nettement plus rapide que l'aller...) qui émaillent le récit.
Le deuxième atout est sa réalisation. En effet, même si Christian Alvart ne nous offre pas la vision d'un travail avant-gardiste ou exceptionnel, il arrive à générer une ambiance horrifique efficace grâce une réalisation très solide et très nerveuse, bien fournie en images dures, et une utilisation habile des cadres et des non-vus (sans toutefois en abuser, ce qui est marque de finesse). Au final l'Elysium (c'est le nom de ce gigantesque vaisseau spatial), bateau fantôme du futur, réunit les dangers, les mystères et les angoisses du Nostromo et de l'Event Horizon, avec ses quelques passagers éveillés errant au cœur d'une épave endormie, tout comme ces milliers de colons occupant les sarcophages entreposés dans des gigantesques salles aux atmosphères morbides. Un silence de tombeau... entrecoupé par les hurlements de créatures inconnues et de leurs victimes. Ainsi, Christian Alvart parvient avec aisance à utiliser décors, effets spéciaux (avec des sortes de goules survitaminées maquillées par les techniciens du Stan Winston Studio) et lumières pour créer un univers glauque, humide, poisseux et létal. Ce bon travail (qui s’appuie sur un raisonnable budget de 40 millions de dollars) aboutit à un récit oppressant, doté de quelques séquences vraiment fortes, comme lorsqu'un des colons se réveille de son hibernation pour réaliser, le regard à la fois hagard et terrorisé, qu'il est en train d'être dévoré par des mutants dans une hideuse orgie anthropophage.
Un bon point aussi à l'interprétation. Si Dennis Quaid est la star du film, celui chargé d'apporter à ce film allemand de la crédibilité auprès des distributeurs américains, et qu'il fournit, comme d'habitude, un travail admirable - cette fois-ci dans le registre schizophrène -, il ne tire pas la couverture à lui. Ce qui nous permet de découvrir à la fois un excellent comédien enfin à son avantage et une nouvelle venue vraiment épatante. Le premier, c'est Ben Foster, un acteur qui depuis 3h10 pour Yuma ne cesse de m'étonner et qui développe un jeu caméléon évoquant un peu celui d'Edward Norton (excusez du peu!). La deuxième se nomme Antje Traue. Je n'en avais jamais entendu parler - je ne sais d'ailleurs même pas comment l'on prononce son nom - et ce fut pour moi une bonne surprise. En effet, malgré un personnage pas vraiment crédible dans sa construction, la comédienne, très charismatique, parvient à nous convaincre de son existence grâce à un jeu tout en puissance, bien loin de la mollesse des jolis models au jeu calculé utilisés dans les films de SF américains (Milla Jovovich, Charlize Theron et consœurs). A noter, même si leurs importances sont moindres, les bonnes prestations des comédiens Cam Gigandet, Cung Le et surtout Eddie Rouse (génial en ordure cannibale).
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Pandorum [2009]
Bon, c'est sûr, Pandorum ne révolutionne pas le genre. Cependant, grâce à un script bien écrit, une réalisation solide et un casting de qualité, il vaut bien mieux que bon nombre de films de SF bien plus friqués qui voient le jour, chaque année, à Hollywood. C'est bien simple, je n'avais plus pris autant de plaisir à visionner une série B de SF horrifique depuis Pitch Black, il y a presque dix ans. C'est dire que cela me manquait.
On a aimé
- Un script bien écrit
- Solide réalisation
- Ambiance de survival horror bien rendue
- Interprétation convaincante
On a moins bien aimé
- Un scénario manquant d'originalité
- Quelques incohérences
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