Critique Le miroir aux éperluettes [2007]
Avis critique rédigé par Nicolas W. le lundi 11 janvier 2010 à 04h59
D'étranges rencontres...
"Quand viendra l'automne, peut-être, quand ils retourneront frileusement s'enfermer à l'abri de leurs murs, quand il ne viendra plus goûter mes cerises, quand viendra l'automne, peut-être, je repartirai."
Prix Rosny Aîné 2003 pour Un signe de Setty
Les éditions actuSF ont permis au gré de leurs publications de voir apparaître de bons petits romans ou recueils pour une somme modeste. On se souviendra de l'excellent Cendres et de This is not America notamment. Aujourd'hui nous nous intéresserons à une auteur française, Sylvie Laîné, dont les Trois Souhaits a rassemblé l'intégrale des nouvelles qu'elle a publié sous une série de 3 recueils : Marouflages, Espaces Insécables et le livre présent, Le miroir aux éperluettes. Contenant 6 nouvelles dont l'une est lauréate du Prix Rosny Aîné 2003 sous la très belle couverture de Gilles Franscescano, nous voici parti vers des horizons science-fictifs et fantastiques.
La première nouvelle s'intitule La Bulle d'Euze et narre l'histoire de la rencontre entre un homme et une femme étrange qui vient rituellement prendre un cocktail tout aussi énigmatique, La Nébuleuse... Histoire fantastique qui mêle sensibilité et une belle touche de poésie, cette nouvelle d'ouverture se pose comme le récit d'une rencontre aux conséquences étonnantes. Cela malgré les quelques tentatives d'explications scientifiques qui auraient sûrement méritées d'être passées sous silence pour préserver la magie. Une bonne ouverture.
La Mirotte est le second récit de ce miroir aux éperluettes. Il nous emmène dans une aventure scientifique qui ambitionne de redonner la vue aux aveugles par le biais d'une machine nommé Mirotte. Bien sûr, l'expérience va ouvrir bien plus de perspectives au patient qu'elle n'était sensée le faire. Cette-fois nous sommes dans un passionnant récit science-fictif qui se permet de belles images sur les représentations notamment du cerveau et de l'environnement. Ecrit avec maîtrise et sans en faire trop cette fois, c'est une excellente histoire qui nous est offerte, à la chute pour la moins singulière.
Nous entrons ensuite dans 3 très courtes nouvelles avec Thérapie Douce qui est encore une histoire de rencontre à ceci près que celle-ci tient plus de l'expérience pour cette femme qui se retrouve à devoir évaluer son galant. Malheureusement, cette fois la sauce ne prend pas et on ne comprend pas du tout le but de la nouvelle qui nous apparaît vraiment vaine, beaucoup trop courte pour que l'on s'attache aux personnes de surcroît.
La seconde, Question de mode, voit Malia changer radicalement de look pour plaire à Laurent et ses amis à l'aspect incongru. Joliment menée et bien trouvée, cette nouvelle est une demi-réussite car c'est encore une fois l'émotion et une certaine petite musique qui manque ici malgré une fin vraiment réussie.
Enfin, Rêve d'herbe nous conte la métamorphose d'une femme entrainée au fin fond de l'énigmatique jardin de son don juan. Poétique et agréable, à la petite musique mélancolique bien présente, son seul défaut sera encore une fois d'être si courte.
Pour terminer le recueil, nous entrons dans le ptimonde de Léa. Univers virtuel qui permet à ses utilisateurs de créer un monde nouveau à découvrir et redécouvrir, celui-ci est pourtant devenu ennuyeux pour Léa. C'est alors que son ami Franck va lui suggérer d'introduire une dose d'inconnue dans sa vie de pixels en y transférant une copie de l'intelligence artificielle xénos construite avec les signaux captés par SETI...
C'est donc à nouveau une rencontre qui va refermer ce court recueil, celle d'une femme et d'une entité venue d'un autre monde au cœur d'un programme informatique. Jouant sur le doute et la méfiance du lecteur vis-à-vis de l'étrange création numérique tout en oubliant pas la poésie et la beauté de la rencontre, Un signe de Setty est sûrement la plus belle nouvelle du livre, dont la fin laisse libre cours à votre interprétation.
Ajoutons à ceci deux choses : la première étant l'excellente petite préface de Jean-Claude Dunyach sur le "Complexe de Wendy" et la seconde étant que les nouvelles les plus faibles du recueil s'avèrent aussi être les premières écrites par Sylvie Laîné. Ceci laisse présager du meilleur pour la suite.
" Tout ça est trop statique. Mon monde n'arrive pas à me surprendre, et les mondes préfabriqués, ceux qui sont prêts à être téléchargés, m'ennuient. Il faut tellement de temps et de travail pour fabriquer des rencontres, ou des séquences un peu imprévisibles. C'est bien trop long d'inventer qui puisse vous étonner."
La conclusion de Nicolas W. à propos du Recueil de nouvelles : Le miroir aux éperluettes [2007]
En attendant, Le miroir aux éperluettes reste un recueil en demi-teinte, avec une excellente nouvelle, deux bons textes et 3 récits faibles. Cependant, au vu de l'amélioration dans le temps de Sylvie Laîné au gré de ces nouvelles, on peut franchement recommander sa lecture et affirmer qu'il jouit d'un excellent rapport qualité/prix. Amis de la poésie, de l'écriture fine et des rencontres improbables, ce recueil est fait pour vous. Espérons juste que le suivant, Espaces Insécables, sera encore un niveau au-dessus.
On a aimé
- - Le style
- - Un signe de Setty
- - La poésie de certains textes
On a moins bien aimé
- - 3 textes anecdotiques
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