Critique Le monstre aux yeux verts [1962]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 4 août 2010 à 18h13

Les aliens aux mains chaudes sont parmi nous

Les extra-terrestres sont parmi nous ! Les italiens les ont vus ! Ils marchent raides comme des d’jeuns dansant la tecktonik, posent des questions débiles sur la nature des castors, ressemblent tous à l’acteur  Michel Lemoine et apparaissent partout où la science fait des découvertes et des expériences ! De leurs objectifs – à part draguer les jolies transalpines -, personne n’en a la moindre idée. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. La preuve, les Nations Unies ont délégué leurs meilleurs enquêteurs sur le coup, dirigés par des as de l’investigation et du contre-espionnage. Mais arriveront-ils à arrêter le (les) monstres aux Yeux Verts avant que… euh, avant que quoi, au fait ?

 

« Toutes les puissances mondiales doivent faire la paix et se rapprocher pour lutter contre toutes ces créatures qui nous observent, cachées dans les étoiles, attendant le bon moment pour nous détruire. Il y en a déjà même ici, sur Terre, dissimulés parmi nous ! » Cette réplique pré-générique de fin, débité par un agent de contre-espionnage tendant son index vers la caméra, pourrait sembler sortir d’un épisode des Envahisseurs. Et bien, non ! Il s’agit d’un extrait de la dernière séquence du Monstre aux yeux verts, film de SF italien de 1961 réalisé en noir et blanc par Romano Ferrara.

Obscur cinéaste de Cinecittà, spécialiste des films d’espionnage, Romano Ferrara s’attaque ici au thriller de SF en y amenant, bien entendu, des éléments empruntés à OSS 117, Coplan et autres productions franco-italiennes du genre. Le scénario, adapté d’un roman de Massimo Rendina, s’attache donc à suivre l’infiltration d’un espion galactique, Bronco, venu sur Terre en mission de sabotage. Cet alien, intelligence supérieure au squelette de métal et au fonctionnement radioactif, va découvrir au cours de ses pérégrinations les subtilités de l’âme des terriens et, plus particulièrement, la frivolité de sa gente féminine.  C’est alors que, contre toute attente, l’un des exemplaires (ils sont en effet plusieurs à œuvrer sur terre, tous dans l’enveloppe d’un savant décédé),  séduit par le charme de ces dames (remarquez, on le comprend, il a la chance de tomber nez à nez avec Maria Pia Luzi),  va progressivement s’humaniser. En même temps, les polices du monde d’entier tentent de l’interpeller.

Plutôt amusant par son concept, Le monstre aux yeux verts l’est nettement moins par la forme. Ce n’est pas tant par son aspect vintage que par sa réalisation qui hésite de trop entre le pur film d’espionnage, avec son macho entouré de femmes en pamoison, l’humour au second degré (l’alien est totalement ignorant des faits de la vie courante, se rapprochant ainsi un peu de l’ET de Starman, il fait donc des gaffes et posent des questions idiotes) et le film d’horreur SF dans le style Le Monstre. On se retrouve finalement face un discours bancal, plombé par moult séquences mettant en scène des meetings de grosses huiles réunis dans des décors ultra-cheap (les intérieurs de station-radars sont réduits à une vieille radio et deux chaises de salle de classe et le local de la police ressemble à ce qu’il est réellement : un plateau de cinéma entouré de quatre murs d’agglo, décoré d’un bureau accueillant deux téléphones).

Pour ce qui est de ces envahisseurs extra-terrestres, l’intrigue s’attarde plus sur Bronco que sur ses congénères. Normal, puisque c’est celui qui, par ses actions et son développement psychologique, se révèle le plus intéressant.  En effet, progressivement, Bronco va s’imprégner de sensations terrestres et ressentir le désir, le besoin de toucher. Malheureusement pour lui, sa nature radioactive transforme tout organisme vivant avec lequel il entre en contact en un tas de cendre. Gênant pour faire des papouilles. C’est d’ailleurs par l’utilisation de ce pouvoir que les aliens se débarrassent des gêneurs. Un simple touché et voilà la misérable victime qui brule jusqu’à se retrouver à l’état de squelette, lui-même réduit en poussière quelques instants après. A noter que les envahisseurs ont également un autre pouvoir : l’hypnose. Grâce à leur regard d’un vert vif et pénétrant (le cinéaste a-t-il oublié que le film est tourné en noir et blanc ?), Bronco et ses amis peuvent soumettre les humains à leur volonté. Pratique quand l’on désire éviter de payer son taxi et trousser sans conséquence de jeunes italiennes.

Mais les désintégrations de pauvres humains et les gros plans sur des yeux écarquillés ne sont pas les seuls « trucages » du Monstre aux Yeux Verts, il y a aussi la soucoupe volante des extra-terrestres, qui, à vingt minutes du dénouement, vient récupérer les espions galactiques. Et là, chers amis, quand on réalise que ce film a été tourné seulement sept ans avant 2001, l'odyssée de l'espace, impossible de retenir son fou rire. Non seulement il est évident que l’on a affaire à un modèle réduit dans un décor de carton-pâte, mais, de plus, à la vue de ce design totalement ridicule, il est évident que le technicien responsable l’a réalisé sous l’influence de la grappa.  Une bouteille qu’il a d’ailleurs dû piquer au réalisateur tant certaines séquences sont mal mises en scènes et souffrent de faux raccords dans leur montage cut.

Pour ce qui est de l’interprétation, force est de reconnaître que l'érotomane Michel Lemoine est un comédien qui peut générer une impression étrange. D’ailleurs, de cette faculté, il use et en abuse dans le film, prenant fréquemment des poses mettant en avant un aspect inquiétant. Cela fonctionne plutôt bien mais, malheureusement, le script vient tout gâcher cinq minutes après en le transformant en un gamin candide posant des questions stupides.  A ses cotés, on trouve deux jolies starlettes de la période, dans des rôles hélas un peu godiches, Maria Pia Luzi, que l’on pourra voir quelques années plus tard accompagner Anita Strindberg dans La vie sexuelle dans une prison de femmes, et la nordiste Jany Clair, une habituée des peplums (Les légions de Cléopatre, Les derniers jours d’Herculanum, Maciste contre les Hommes de Pierre, Hercule contre Moloch).

La conclusion de à propos du Film : Le monstre aux yeux verts [1962]

Auteur Nicolas L.
35

S’il est évident que Le monstre aux yeux verts ne manquera pas d’intéresser les cinéphiles, les amateurs de SF italienne qui recherchent un peu de qualité se rabattront surement vers La planète des vampires, de Mario Bava, ou Le danger vient de l’espace, de Paolo Heusch, pour ne citer que deux films se montrant nettement plus divertissants que ce film péchant par son manque de rythme et son hétérogénéité dans le mélange de genres. A noter la présence d’un comédien au magnétisme étrange : Michel Lemoine.

On a aimé

  • La performance de Michel Lemoine
  • Des FX rigolos
  • Une curiosité pour cinéphiles

On a moins bien aimé

  • Un scénario très banal
  • Une réalisation sans rythme et guère appliquée
  • Très perfectible techniquement
  • Des personnages inintéressants

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