Critique Machete Kills [2013]
Avis critique rédigé par Jonathan C. le mardi 24 septembre 2013 à 01h15
Le roi de la machette
Dans son exécution grindhouse, le premier Machete était plutôt fun, quoique très limité (c'est l'adaptation en long-métrage de ce qui était au départ une fausse bande-annonce). Un casting improbable allant de Robert De Niro à Steven Seagal cabotinait dans cette fausse série Z mettant en vedette le héros mexicain Machete et le second couteau Danny Trejo, personnage/acteur récurrent dans l'univers de Robert Rodriguez. Comme annoncé à la fin de ce premier opus, l'Oncle Machete revient donc pour tuer dans Machete Kills. Et en effet, Machete tue encore pas mal de monde dans cette première suite, qui s'ouvre sur une nouvelle vraie/fausse bande-annonce franchement très drôle du prochain épisode : Machete Kills Again...In Space! (un gros bourrin armé d’une machette dans l’espace : voilà qui peut rappeler un certain Jason X).
Cette fois-ci, Machete est engagé par le gouvernement (« Comme dans Rambo II : la Mission », précise Rodriguez) pour accomplir une mission suicidaire : récupérer une arme de destruction massive des mains d’un révolutionnaire fou qui est aussi le chef d’un cartel mexicain. Peu importe l’histoire sans queue ni tête aux rebondissements très typés serial, le spectateur de Machete Kills n’est pas dans la salle pour la subtilité du scénario.
Si le délire est de temps en temps jouissif et possède ses moments de folie, Machete Kills montre tout de même les limites de la méthode Robert Rodriguez. Enthousiaste et impatient, le réalisateur torche son produit à l'arrache et ne sait plus s'arrêter, d'où un film foutraque, franchement mal foutu et beaucoup trop long (presque 1h50) pour ce type de « trip ». Ça pourrait être volontairement mal foutu compte-tenu des intentions Z du projet, mais c'est surtout assez moche, peu inspiré dans sa mise en scène, l'esthétique fait très DTV (c'est même pas du scope) là ou le premier Machete sonnait encore 35mm, les décors sont cheap (surtout les intérieurs en studio), les quelques effets spéciaux numériques sont dégueulasses (on ne voit plus que du fond vert) et il n'y a aucun travail live sur la photo (étalonnée jusqu'au jaunâtre), toujours assurée par Rodriguez lui-même, comme pour la musique. Sur le premier Machete, il y avait un coréalisateur (Ethan Maniquis), un chef opérateur (Jimmy Lindsey), un groupe pour la musique (Chingon, le groupe de Rodriguez)...Dans Machete Kills, Robert Rodriguez fait tout lui-même, mais à force d'être sur tous les fronts il en vient à bâcler des étapes importantes et ça se voit à l'écran.
Tout cela participe certes à l'aspect bis de l'entreprise, mais il manque ici la folie formelle et le côté bricolage génial qui faisaient le charme de certains précédents films du cinéaste. Rodriguez pouvait autrefois faire des merveilles avec une poignée de pesos (El Mariachi a fait sa réputation), mais désormais il tente de faire du « fauché » avec un budget plus important et c'est nettement moins convaincant. Dans le même genre d'exercice, Planète Terreur avait au moins le mérite d'être sacrément bien confectionné. Machete Kills souffre de la fameuse fainéantise du cinéaste, qui avoue fièrement avoir filmé ses acteurs pendant les répétitions pour gagner du temps, pour ne pas qu’ils aient l’air trop sérieux à l’écran et pour « pas que le résultat final ait un coté trop formel ». Voilà qui en dit long sur la méthode Rodriguez. Rien ici n'est prit au sérieux, d'ou une absence totale d'émotions (même quand un personnage important meurt). Au moins, c'est assumé.
Malgré son rythme inégal, Machete Kills contient son lot de séquences délirantes, notamment grâce à sa distribution absurde mêlant has been cultes, pop-stars, stars déchues, acteurs intellos, action-stars, seconds couteaux, starlettes, etc. Machete Kills vire carrément à la science-fiction (d’où cette critique sur notre site) via le personnage de Mel Gibson, qui s'éclate en grand méchant excentrique tout droit sorti d’un James Bond, petit avant-goût de sa prestation sans doute plus sérieuse et musclée de bad guy dans Expendables 3. Avec une telle légende au générique, Rodriguez y va forcément de son petit clin d’œil à Mad Max (cf. le plan de Mel Gibson au volant du véhicule blindé) et ne peut pas passer à côté d'un affrontement (un brin déçevant) entre Machete et Mad Max/Martin Riggs. Après Steven Seagal, Robert De Niro et Mel Gibson, le cinéaste devra frapper fort pour trouver le grand méchant du prochain Machete.
Walton Goggins, Cuba Gooding Jr., Lady Gaga et Antonio Banderas (un autre nouveau-venu de Expendables 3) se partagent le même rôle (oui oui, c’est possible). Toujours parfait dans le registre comique, Charlie Sheen alias Carlos Estevez (son vrai nom) fait un savoureux président des Etats-Unis, un peu à la Robert De Niro dans le premier Machete, du genre politicien républicain véreux et réac. Prodige martial de Kiltro, Mirage Man et Undisputed III, Marko Zaror est assez impressionnant avec ce personnage cartoonesque que Robert Rodriguez avait d’abord proposé à Tony Jaa ; et Marko Zaror VS Danny Trejo, ça c’est du duel de bourrins ! Acteur mexicain croisé dans un paquet de productions locales mais aussi dans Le guerrier d'acier, les Che de Steven Soderbergh, The Runway, Savages ou Les Flingueuses, Demian Bichir se lâche totalement dans ce rôle de chef de cartel révolutionnaire schizophrène. Au rayon bimbos, Sofía Vergara et ses nibards-mitraillettes font plaisir à voir, tandis que Michelle Rodriguez (qui intervient très tardivement) et la toujours aussi affolante Amber Heard (Mandy Lane forever) se payent une catfight jubilatoire, d’autant plus fantasmatique que les deux actrices sont bi/lesbiennes. A part ça, Tom Savini vient faire coucou dans un rôle amusant mais trop bref, William Sadler joue encore les salauds (depuis l'éternel Colonel Stuart de 58 minutes pour vivre), la gamine des Spy Kids (Alexa Vega) a bien grandie et est devenue une bombe, et Jessica Alba et Vanessa Hudgens ne font hélas pas long feu.
Bref, comme dans le premier Machete, le casting invraisemblable aussi sexy que primitif (des jolies pépés et des gros bourrins : que demander de plus ?) participe grandement au délire et à la bonne humeur, même si certains de ces acteurs connus ne font que des apparitions (le personnage du Caméléon est à ce titre plutôt frustrant). Quand à Danny Trejo, qui a eu depuis Machete plusieurs rôles principaux dans des petites productions (il ne s'arrête plus de tourner et apparait dans plus de 25 films produits en 2013 !), il est toujours aussi fun, avec sa vieille carcasse burinée et ses 10 répliques au compteur.
En dépit de ses quelques excès, Machete Kills ne va pas aussi loin qu'on l'aurait voulu et ne tient pas toutes ses promesses. Une poignée de passages gores rigolos (Machete fait encore joujou avec les intestins de ses ennemis), des gags bien vus (« Mettez vos lunettes 3D »), une touche de SM (on aimerait presque se faire fouetter par Sofía Vergara) et des moments « WTF » fendards (le véhicule Star Wars, Danny Trejo sur le missile…), mais pas une goutte de sexe (à l'inverse du premier Machete, plus généreux en nudité) et des scènes d'action miteuses tournées à l'arrache, même si c’est toujours rigolo de voir Machete trucider les méchants de diverses façons, d'ou quelques mises à mort jouissives. Le film s'arrête là où ça commençait vraiment à devenir n'importe quoi, et par conséquent il y a de quoi attendre impatiemment le troisième épisode malgré la déception de cette première suite qui, le comble, fait moins « grindhouse » que des pépites comme Bitch Slap ou Hobo With a Shotgun. Malgré ses bons moments et sa désinvolture électrique, Machete Kills marque un essoufflement dans le revival du film d‘exploitation old school, tendance justement lancée par le diptyque Boulevard de la mort / Planète terreur.
La conclusion de Jonathan C. à propos du Film : Machete Kills [2013]
Sans aucune prétention autre que celle de s’amuser, Robert Rodriguez torche un bis (parfois Z) à la fois friqué et fauché, mal foutu au point de ressembler à du DTV mais partiellement fun et fou, surtout grâce à sa distribution improbable (c’était déjà le cas du premier Machete) et à ses quelques idées délirantes (notamment dans son dernier tiers orienté SF) qui viennent relever un rythme en dents de scie (1h45, c’est beaucoup trop long pour ce genre d’exercice). Bâclé mais réjouissant, Machete Kills démontre à la fois les limites et les qualités du système Rodriguez. Bricoleur, impatient, passionné et généreux, Robert Rodriguez n’est pas du tout carré et c’est donc toujours autant le bordel dans son Machete Kills (par ailleurs moins drôle que le premier épisode), mais on y dégote de bonnes choses et cette désinvolture immature ne manque pas de charme. Et pour Mel Gibson, royal.
On a aimé
- Des idées délirantes
- Un casting à la fois cocasse, bourrin et sexy
- Une incursion étonnante dans la SF
- Le trailer du prochain épisode
On a moins bien aimé
- Un visuel laid
- Une réalisation bâclée
- Un rythme inégal (c'est trop long)
- Un manque de folie
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