Critique She-Demons of the Black Sun [2006]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le lundi 6 janvier 2014 à 19h58
Pénis satanique
Quand Isabelle, une jeune étudiante de passage en ville, se rend au Black Sun, une boîte branchée où elle espère faire de sympathiques rencontres, elle ne sait pas encore qu’elle va vivre la pire nuit de sa vie. Droguée puis violée par une bande de salopards, Isabelle se réveille le lendemain avec son équilibre psychologique sérieusement éprouvé. Après avoir été refoulée sans ménagement du Black Sun, où elle s’était rendue pour se plaindre de son sort, la jeune femme ne pense plus qu’à une seule chose : la vengeance. Hors, héritière d’une vieille tradition familiale, Isabelle est versée dans l’art des arcanes. Elle va alors utiliser ses compétences en magie noire pour demander l’assistance des démon(e)s. Elle sait bien entendu qu’il y aura un prix à payer…
Peintre-sculpteur assez réputé dans le milieu underground américain, Sv Bell s’est essayé durant une petite dizaine d’années à la réalisation de courts et de longs métrages, après s’être fait la main sur la conception de quelques clips video pour ses potes black métalleux. Ici, il reprend le bon vieux concept du rape and revenge, arrangé à la sauce satanique, pour coucher sa coquine fantasmagorie goth sur pellicule. Ainsi, pour obtenir vengeance, Isabelle ne se la joue pas solo dans le style Oeil pour Oeil mais demande l’assistance d’un tiers qui sent le soufre, comme l’a fait dans les années 80 le Stanley Coppersmith de Evilspeak - Messe noire. Evidemment, le profil du personnage principal étant bien différent, tout comme les intentions du réalisateur, le récit s’aventure sur des terrains très éloignés du campus qui servait de cadre à la sympathique série B d’Eric Weston. Ici, on évolue dans l’univers de Sv Bell, un gothisme racoleur, fait de séquences mettant en scène un érotisme lesbien très prude, à l’imagerie extrêmement laide (une photographie faite de couleurs flashy et baveuses) et d’autant plus ridicule qu’il affiche de manière criante son misérabilisme, à l’instar de ce club où une poignée de figurants se trémoussent sur une musique techno, et une narration non linéaire d’une vulgarité affligeante.
Il faut le dire : la première demi-heure, consacrée à nous narrer la première visite d’Isabelle au Black Sun, est totalement exécrable. Chiante comme pas possible. Une torture. Le film alterne des scènes de discussion d’une platitude assommante, délivrées par des comédiens amateurs (les futures victimes) au charisme d’huitre appuyés sur un piano, et d’autres, se voulant érotiques, composées de passages de léchouilles entre filles moches dans des chiottes et de démonstrations minables de pole dance et de lap dance, où l’on a même du mal à discerner un sein - flasque. L’on se dit alors que l’on va endurer un spectacle des plus pénibles. Pire, quand le réalisateur nous expose la séquence de viol, à grands renforts de filtres et d’effets artistiques rudimentaires (histoire de donner un cachet arty à l’œuvre) et use d’une surprenante pudeur, on doit faire un gros effort de volonté pour ne pas appuyer sur le bouton Eject de la télécommande du lecteur DVD. Un effort qui va être récompensé. Si, si.
Car, à partir du moment où Isabelle invoque les démones (oui, elles sont plusieurs, car The Dark One, la première invoquée et sorte de femme-chèvre au teint d’acteur kabuki, appelle Belial, Azazel et Astaroth, qui, apparemment, ont toutes des problèmes avec leurs chirurgiens plastiques infernaux), le film, s’il est loin de s’arranger pour ce qui est du niveau technique (on retient surtout des maquillages de démons faits à la pelle à tarte et des images de synthèses si pourris que l’on croirait visionner une démo Super NES), étonne en se donnant soudain des allures de shocker bien craspec. En effet, pour matérialiser les actes d’Isabelle et sa démoniaque compagnie (les amateurs de cinéma indépendant reconnaitront l’attachante Suzi Lorraine dans le rôle de Belial), Sv Bell nous offre deux ou trois démonstrations gore dont la perfectibilité est compensée par leurs aspects foutraques et subversifs, avec notamment une symbolique phallique plus que suggérée (messieurs-dames de la censure, la diapo illustrant cet article, ce n’est pas une teub mais le bras d’Isabelle, hein ?). Bon, dans des scènes intermédiaires inutiles, le cinéaste succombe encore une fois ou deux à ses gentils penchants érotomanes avec des scènes de papouilles saphiques totalement gratuites (on y devine d’ailleurs qu’Isabelle Stephen est une usagère du métropolitain) mais force est d’admettre que l’amateur de séries Z trouvera les déchainements meurtriers d’Isabelle and Co. plutôt divertissants. Le film replonge un peu cependant dans le dernier quart d’heure, quand vient le moment de l’addition. A la limite, l’on peut s’amuser de cette imagerie infernale qui évoque un vieux clip video de black metal mais force est d’admettre que le traitement premier degré extrêmement pompeux ne prête guère à rire.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : She-Demons of the Black Sun [2006]
Après une première demi-heure abominable, Sv Bell parvient à éveiller notre attention avec quelques séquences gore assez divertissantes. Le film, faussement arty, n’est que la matérialisation des fantasmes d’un réalisateur goth érotomane, mais il a le mérite d’afficher quelques passages craspecs au milieu d’un métrage qui ne présente aucun autre intérêt que son niveau de perfectibilité.
On a aimé
- Quelques séquences gore amusantes
On a moins bien aimé
Une grosse bouse, quand même
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