Critique Transcendance [2014]

Avis critique rédigé par Vincent L. le samedi 28 juin 2014 à 21h09

Dans un futur proche, mais vingt ans trop tard...


Suffit-il d'être un bon directeur de la photographie pour devenir un bon réalisateur ? La réponse pourrait sembler complexe, mais lorsque l'on observe les expériences passées, force est de constater qu'en dépit du lien étroit qui peut exister entre un metteur en scène et son chef opérateur, l'un ne fait presque jamais l'autre. Ainsi, si l'on met à part la notable exception de Barry Sonnenfeld (qui a notamment photographié les premiers films des Frères Coen avant réaliser avec talent La Famille Addams ou Men in Black), les directeurs photo passés à la réalisation ont presque toujours raté leur(s) essai(s) : Janusz Kaminski (chef op chez Spielberg, dont Les âmes perdues sont tombées dans l'oubli), Jan De Bont (chef op chez Verhoeven ou McTiernan qui, après un Speed très correct, c'est littéralement planté avec Speed 2, Twister, Hantise ou Tomb Raider 2), Andrzej Bartkowiak (chef op chez Lumet ou Friedkin, qui nous a infligé des étrons comme Roméo doit Mourir ou La légende de Chun-Li),..

Dans l'autre sens, les réponses ne sont pas plus convaincantes (Steven Soderbergh n'a jamais été vraiment convaincant en photographiant ses films, Robert Rodriguez livre des travaux en général atroces, à l'instar de son Machete Kills, une douleur visuelle de deux heures). A la vue de ces constats peu glorieux, il est donc étonnant de voir qu'une partie de la promotion de Transcendance a été focalisée sur le fait qu'il s'agissait du premier film de Wally Pfister, le directeur de la photographie attitré de Christopher Nolan. En effet, si Pfister s'est toujours avéré appliqué dans son travail avec le réalisateur (quasiment exclusif d'ailleurs, étant donné qu'il n'a photographié que cinq film hors Nolan ces quinze dernières années), rien n'offrait de garantie sur la qualité du résultat final. Du coup, en dehors de l'opportunité de placer le nom d'un réalisateur bankable dans la promotion du film, il est presque étonnant de voir le public et les critiques surpris de la médiocrité du résultat final.

L'emballage promotionnel Nolanien (ainsi que le présence d'acteurs récurrents chez ce réalisateurs, comme Morgan Freeman - mais qui est un peu partout ces dernières années - ou Cillian Murphy) avait peut-être fait rêver à un thriller high-tech ambitieux et intelligent, une sorte de sous-Christopher Nolan qui serait resté de qualité (car toujours en famille si on peut dire). Mais au final, le verdict est sans appel : Transcendance est un mauvais film, mal réalisé, mal écrit, mal interprété, et, cerise sur le gâteau, médiocrement photographié. Les rumeurs disent que le film aurait du être réalisé par Nolan, avant que ce dernier ne transmette le flambeau à son chef opérateur. Si ces bruits de couloir sont vrais, on comprend parfaitement pourquoi il ne s'est pas embarqué dans cette galère. En effet, au final, il est difficile de vraiment savoir ce qui a pu attirer tant de beau monde (et de producteurs, le budget d'élevant à quelques cent millions de dollars) dans ce projet en tout point daté.

Parce que sorti dans les années 80/90, Transcendance aurait clairement été révolutionnaire. En 2014, il n'est plus qu'un thriller dépassé qui se contente de reprendre une formule déjà vu des dizaines de fois. Si l'on voulait un peu titiller le scénariste (Jack Plagen, dont c'est le premier script), on pourrait presque dire que l'on se trouve devant un remake du Cobaye de Brett Leonard (qui, en 1992, avait au moins le mérite de proposer quelque chose d'un tant soit peu nouveau). On va y retrouver les mêmes thémes et les mêmes schémas scénaristiques (exception faite de l'intelligence de départ des deux personnages principaux), ainsi qu'un traitement en tout point similaire sur les intelligences artificielles et la peur des nouvelles technologies. En vingt ans, on se rend compte que le discours n'a pas évolué d'un pouce, alors même que les évolutions technologiques qui séparent les deux films sont en tout point impressionnantes.

Transcendance sonne donc creux, très creux, et n'a finalement pas grand chose à apporter. La seule vraie bonne idée du film (l'intelligence artificielle n'est pas néfaste à l'homme, mais ses capacités sont tellement énormes que l'humanité en a peur et veut la détruire) est négligemment traitée par dessus la jambe, un peu comme si le réalisateur et le scénariste n'en avaient rien à faire du message que pouvait faire passer le film. Au lieu de cela, ils se contentent d'un banal thriller qui reprend toutes les figures récurrente du genre (à bien y regarder, il ne doit pas en manquer une seule), multiplies les facilités de scénarios (que fait-on quand on a créé une I.A. auto-évolutive que l'on ne contrôle pas ? On la branche directement à Internet bien sur !), ne développe jamais ses personnages (tous unidimensionnels) et ne prend pas la peine de doter l'histoire de pistes de reflexions qui auraient pu lui donner un minimum de profondeur (ce qui, vu le sujet à la mode, n'était pas en soit très compliqué).

Là-dessus, Wally Pfister livre une mise en scène extrêmement plate. Très inspirée de celles de Christopher Nolan, elle ne parvient jamais à n'être ne serait-ce qu'un thriller correct. Le rythme n'y est pas (y compris dans le dernier acte, alors même que le film part plus dans l'action), l'ambiance n'est jamais travaillée et le tout manque sérieusement de personnalité. Sans le budget conséquent et le casting trois étoiles, on aurait presque pu se croire devant un Direct To Video. Ainsi, le film ne parvient jamais à être efficace en terme de suspens et d'enjeux (qui, de toute façon, sont flingués par les premières minutes du long-métrage, qui montrent la fin de l'histoire), et s'avère au final ennuyeux à regarder. Techniquement, si les effets spéciaux sont très corrects (mais avec cent millions de budget, l'inverse aurait été étonnant), la photographie (signée Jess Hall) est quant à elle digne d'un produit télévisé (chose étonnante pour un directeur photo devenu réalisateur de ne pas être plus regardant sur ce point).

Le casting est quant à lui aussi prestigieux que mal utilisé : Johnny Depp est monolithique (au moins, il met l'exubérance de côté, ce qui pourra en rassurer quelques-uns), Rebecca Hall ne quiite pas le mode lacrymal, Morgan Freeman se la joue vieux sage (étonnant non ?), Cillian Murphy est juste un second rôle de luxe et le trop rare Paul Bettany n'a le droit qu'au rôle de faire valoir. Finalement, tous ces acteurs ne sont qu'un produit d'appel destiné à attirer le spectateur, mais à qui on a oublié de donner quelque chose à jouer. Alors sans scénario, sans mise en scène, avec des acteurs branchés sur le mode "minimum syndical", on finit par se demander comment à bien pu naître ce projet. Parce que sincèrement, dès la lecture du script, ils devaient bien se rendre compte que quelque chose clochait. La question est : qui a lu le scénario ?

La conclusion de à propos du Film : Transcendance [2014]

Auteur Vincent L.
20

Sorti il y a vingt ans, Transcendance aurait été un film révolutionnaire. Aujourd'hui, le filon a été trop souvent exploité pour que l'on puisse vraiment se satisfaire de ce long-métrage dépassé et terriblement ennuyeux. Entre son histoire creuse et convenue, sa mise en scène neurasthénique, ses acteurs en service minimum et sa technique tout juste correcte, on finit même par se demander comment un tel long-métrage peut encore sortir en salle à une époque où nombre de bons films n'ont le droit qu'à une sortie Direct To Video.

On a aimé

  • Des acteurs sous-exploités, mais qui font le taf.

On a moins bien aimé

  • Un film creux, complètement dépassé,
  • Une mise en scène sans personnalité,
  • De gros soucis de rythme,
  • Un scénario assez mal écrit.

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