Critique Hannibal [2013]

Avis critique rédigé par Andre C. le lundi 28 décembre 2015 à 11h22

Saison 1 : Avant Manhunter

Hasard du calendrier ou effet symptomatique de l'époque ? Durant la même saison télévisuelle, et à quelques semaines d'intervalle, nous nous sommes retrouvés avec deux productions télévisuelles au projet similaire : présenter un tueur en série, intronisé par le cinéma, à une période de sa vie où il n'était qu'un anonyme. Dans l'un des cas, cela se résume à décrire l'adolescence du futur serial killer (Bates Motel) faisant passer le projet pour une origin story, dans l'autre, l'entreprise prend très vite des allures de préquelle à un des long-métrages ayant mis ce personnage en scène.


En effet, pour le grand public, Hannibal Lecter est avant tout cet être machiavélique, auparavant psychiatre, qui met à mal l'agent du FBI Clarice Sterling, incarnée par Jodie Foster, dans Le Silence des Agneaux, de Jonathan Demme. Anthony Hopkins a même obtenu un Oscar pour sa performance. Or, les prouesses de ce personnage ne s'arrêtent pas à ce seul métrage : le film de Demme était, au départ, une adaptation d'un best-seller de Thomas Harris qui a fait de Lecter la figure centrale de ses romans suivants, Hannibal et Hannibal Lecter : les origines du mal, et cet ex-psychiatre devenu psychopathe était même déjà présent dans Dragon Rouge où il occupait une fonction secondaire, certes, mais capital.

Le roman en question a été porté à l'écran par Michael Mann avec Le Sixième Sens (The Manhunter en VO) où Lecter est interprété par Brian Cox et s'en prend, non pas à une jeune Clarice Sterling, mais un autre agent, Will Graham, que joue William Petersen, le futur Grissom de Les Experts. Celui-ci se montrait déjà traumatisé par une précédente rencontre avec le docteur : Graham étant un profiler du FBI qui consultait Lecter en tant que patient, inquiet pour sa santé mentale, autant vous dire que ses entrevues ne l'ont pas vraiment aidé. Bon, le film a été l'objet d'un remake par Brett Ratner, quinze ans après, afin de compléter un semblant de trilogie avec Anthony Hopkins, qui reprenait son rôle, mais ce qui nous occupe là, réside dans les parti-pris choisis par Brian Fuller, le créateur de la présente série : alors que les long-métrages avec Hopkins ont établi certaines attentes (péripéties rocambolesques, meurtres gores, etc), Fuller choisit de s'aligner sur les standards établis par le métrage de Mann, pourtant peu connu du grand public, mais devenu un classique pour les cinéphiles.


Ainsi, si le choix de Madd Mikkelsen en Hannibal Lecter peut déconcerter tant le physique svelte de l'acteur est en total opposition à la bonhomie d'Anthony Hopkins, Hugh Dancy s'avère être un sosie troublant au William Petersen jeune. Avec sa barbe de trois jours et son allure dégingandée, son Will Graham est en concordance parfaite avec celui du long-métrage de Mann ce qui permet de  saisir d'office l'enjeu de la série de Fuller : exposer les faits qui ont construit la relation entre ce conseiller du FBI et ce psychiatre devenu serial killer. Et ils ne sont pas les seuls issus des romans de Thomas Harris, car nous retrouvons aussi le Directeur Jack Crawford (un autre personnage pilier qui a pourtant été incarné par trois acteurs différents, ce qui la fout mal pour cette fameuse cohérence au sein de la trilogie Lecter), ici incarné par Laurence Fishburne, alias Morpheus dans Matrix, et la femme de Graham, déjà visible dans le film de Mann.

Mais c'est surtout au point de vue stylistique que la série va établir des passerelles avec le long-métrage de Mann. En effet, il y a un travail sur le cadrage et le rythme qui nous ramène à une ambiance langoureuse et anxiogène propre à Manhunter. À une différence près toutefois, si Mann, dans les années 80 avait une prédilection pour les couleurs pastels (il suffit de voir les codes visuels de Deux Flics à Miami, car oui, Michael Mann est aussi le créateur et producteur de cette série culte), la production design dans la série de Fuller porte, elle, son dévolu pour les couleurs chaudes. Il n'en demeure pas moins que l'atmosphère générale des deux productions sont comparables tant elles respirent un climat angoissant et clinique : même si les meurtres remplissent leur rôle (gore et craspec comme il faut), la série est surtout éprouvante pour l'axe psychologique choisi par les auteurs. Au regard de la production actuelle de la chaîne, cela peut étonner (pour NBC, il est loin le temps des Urgences et Homicide – Life on the Street), mais qui est peu surprenant vu le passif du créateur de l'actuelle série : Bryan Fuller, ce n'est ni plus ni moins que le créateur de Dead Like Me et Pushing Daisies, des petites perles annulées trop tôt.


Le seul bémol de cette première cuvée réside dans le manque d'originalité des scénarios. Une fois passée la présentation de son postulat (Graham est donc manipulé par Lector depuis le début), chaque rebondissement est prévisible (en fait, la série ne joue pas sur le suspense, puisqu'il est dévoilé très tôt le statut de Lecter) ou n'a que peu d'impact, vu que l'on se doute que les éléments n'auront rien de déterminant sur les péripéties à venir. En effet, les personnages ont une manie agaçante de tourner la page très (trop?) facilement. Il faut dire que le best-seller de Thomas Harris et le film de Jonathan Demme ont lancé une mode des serial-killers movie dans les années 90, au point qu'il paraît difficile maintenant de tirer son épingle du jeu dans ce créneau surexploité.

​Néanmoins, la série a pour elle d'offrir la part belle à ses personnages et, surtout, d'avoir trouvé un remplaçant digne de ce nom à Anthony Hopkins. Même si Madd Mikkelsen (révélé par la trilogie Pusher de Nicolas Winding Refn il y a quinze ans et en imposait grave en Le Chiffre face à Daniel Craig dans Casino Royale) n'a aucune ressemblance avec Hopkins, l'acteur a tout de même un charisme magnétique, un jeu sobre et méticuleux qui lui permet de donner vie à un Hannibal Lector plus vrai que nature, au point de se montrer plus convaincant que celui qui a été oscarisé. Rien que pour lui, Hannibal mérite le détour.

La conclusion de à propos de la Série Télé : Hannibal [2013]

Auteur Andre C.
70

On craignait le pire, surtout en raison des standards de la chaîne, et pourtant, cette production de Bryan Fuller a tout pour convaincre les plus réticents. Si les scénarios ont du mal à éviter un sentiment de déjà-vu, il n'en demeure pas moins que cette version d'Hannibal réussit à se montrer digne de ses influences et de son matériau de base. Il y a bien quelques défauts dans son rythme, mais dans l'ensemble, elle mérite d'être rangée dans le top 10 des meilleures séries actuelles.

On a aimé

  • Le charisme de son acteur-vedette ;
  • Son ambiance clinique et feutré ;
  • Un traitement psychologique très éprouvant.

On a moins bien aimé

  • Des scénarios peu innovants ;
  • Un rythme inégal qui oscille entre l'ennui et la fascination.

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