Critique Continuum [2012]
Avis critique rédigé par Andre C. le lundi 15 février 2016 à 11h24
Saison 2 : plus convaincante, mais toujours brouillonne
Comme toute bonne série de science-fiction qui se respecte, la première cuvée de Continuum s'appliquait à poser les bases de son postulat. Au premier abord, on pouvait donc être tenté de ne voir dans cette série de Simon Barry qu'un simple décalque d'une saga initiée par James Cameron, The Terminator pour ne pas la nommer. Cependant, en raison des spécificités de leur support respectif, il demeure plusieurs différences entre les deux productions permettant à chacune de toucher un public bien distinct.
On ne va pas se le cacher, les débuts de Continuum laissent un arrière-goût mitigé. Une fois que l'on a assimilé le concept du show (un agent spécial traque des terroristes, jusqu'à remonter le temps par accident), difficile de ne pas y voir toutes les ficelles : les difficultés de notre agent, Kiera Cameron, à s'adapter à l'époque contemporaine – alors qu'elle a l'air implacable, d'où le faux-air à la Terminator, elle doit s'intégrer au corps de police - et chaque affaire dont elle se charge semble n'avoir que des répercussions mineures, vu que le groupe qu'elle a dans son collimateur, Libet8, s'évertue à rester discret (son existence n'étant pas encore connue) et ses actions restent du domaine du braquage anonyme ou d'une implication possible dans quelques manifestations publiques. Autrement dit, on sentait là les tentatives (ou plutôt les trucs et astuces) des auteurs pour étirer le show afin de remplir tranquillement la commande de la douzaine d'épisodes.
C'est bien là le problème de cette série de Simon Barry, créateur et showrunner. Lors de ses premiers épisodes, Continuum pouvait souffrir de la comparaison avec la saga cinématographique de Cameron : il faut dire que le pitch a tout de même quelques similitudes, entre une agent à l'équipement High-Tech lui donnant des faux airs d'androïde (c'est-à-dire que, visuellement, Kiera Cameron ressemble à la Terminatrix de T3) et l'appréhension des effets néfastes d'une technologie encore à l'état embryonnaire. Sur le papier, on sent un air de déjà-vu dans les thématiques mais, à l'image, les nouveaux standards de Sy Fy Channel (qui a bien du mal à se remettre de BattleStar Galactica) donne à la série une patte qui lui est propre au risque de la desservir : même si les effets spéciaux sont soignés, les couleurs ternes et le montage hasardeux tendent à souligner le maigre budget de la production.
Ainsi, alors que la première saison s'évertuait déjà à trouver sa propre voie (le caractère malveillant de la société futuriste s'avérant plus complexe que prévue, Kiera Cameron réalisant qu'elle faisait partie d'une caste privilégiée, etc), la seconde poursuit dans cette direction permettant autant aux auteurs qu'aux acteurs d'être plus efficace. De cette manière, ce qui servait de simple ficelle pour relancer superficiellement les intrigues (la forme du cop show à la sauce buddy movie est bien pratique pour passer d'une affaire à une autre) apporte maintenant une nouvelle dynamique à l'ensemble : un attentat causé par Libet8 entraîne une enquête des services internes remettant en question le statut de Kiera au sein de la police. Il faut bien se rappeler que notre agent du futur ne doit son poste dans les forces de l'ordre qu'en raison de divers abus de confiance vis-à-vis de ses collègues (en particulier son partenaire Carlos, Victor Webster qui a pris de la bouteille depuis Mutant X), se faisant passer pour une agent du gouvernement en mission secrète.
En cela, les auteurs parviennent enfin à faire ce qu'il n'avait pas réussi à effectuer lors de la saison précédente : Kiera Cameron et son comparse, Alec, deviennent attachants, chacun ayant son propre fil rouge. Pour la première, cela nous conduit même à un traitement intéressant de son état psychologique (via un bug de son IA personnel, Kiera est presque diagnostiquée comme atteinte d'un stress post-thraumatique) et, pour le second, en le voyant faire ses premiers pas dans le monde professionnel. Même si plusieurs rebondissements sont parfois poussives (il y a quelques twists que l'on voit arriver gros comme une maison), il n'en demeure pas moins que les intrigues et sous-intrigues parviennent à s'entremêler sans trop de heurts.
L'univers de la série prend aussi davantage d'ampleur en mêlant théories du complot et paradoxe temporel. Certes, on peut considérer que ce dernier point est l'aspect le moins bien géré de la série (en soi, la thématique des voyages dans le temps est la plus casse-gueule de la science-fiction), mais cela a au moins le mérite de donner un vrai fond au postulat : qu'importe si certaines scènes sont remplies de clichés ou ratent leur effet, plusieurs personnages gagnent en charisme. Le principal souci est cette difficulté des auteurs à réussir à nouer les différents arcs narratifs entre eux. Résultat, si quelques intrigues sont bien menées (on sent un travail en amont pour le troisième acte), d'autres arrivent comme un cheveu sur la soupe laissant à penser qu'elles ont été improvisées.
Il n'en demeure pas moins que, dorénavant, Continuum a trouvé sa propre identité et l'influence de Terminator est réduite à de simple clins d'œil. D'ailleurs, il faut bien souligner que le casting lui-même est rempli de visages familiers (Victor Webster donc, mais aussi William B. Davis, Lexa Doig, Tony Amendola, Roger Cross et Nicholas Lea), ce qui rend la série attractive pour les sérievores branchés science-fiction. Il est dommage que la série ne parvienne toujours pas à transcender ses références et reste à l'état de sympathique melting-pot.
La conclusion de Andre C. à propos de la Série Télé : Continuum [2012]
Les auteurs trouvent leurs marques et la série son rythme de croisière. Si le postulat peine encore à passionner et que les scénaristes ont du mal à gérer harmonieusement leurs fils rouges, il n'en demeure pas moins que, désormais, les personnages sont suffisamment attachants pour passer outre une narration brouillonne. Continuum parvient à atteindre un certain niveau de capital sympathique, mais reste loin d'en devenir incontournable pour autant.
On a aimé
- Une narration plus à l'aise avec ses personnages ;
- Un univers qui devient intéressant ;
On a moins bien aimé
- Un visuel bien terne ;
- Un manque d'humour qui alourdit l'ensemble ;
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