Critique Dishonored #1 [2012]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 13 juin 2018 à 18h00

Le comte de Dunwall

Testé sur PS3.

Il y a des jeux qu'on apprécie d'abord par le sentiment de liberté qu'ils nous offrent tant dans leur progression que dans la réalisation des objectifs imposés. Si beaucoup ont Deus Ex en tête pour cette catégorie, on peut désormais rajouter Dishonored depuis fin 2012.

A l'origine de ce projet, on retrouve l'équipe lyonnaise de Arkane Studios (fondés en 2009) qui après des débuts très prometteurs (Arx Fatalis puis Dark Messiah of Might and Magic) connu pas mal de déconvenues à cause de nombreux projets annulés. Le studio dû se refaire une santé en sous-traitant son savoir-faire sur des licences comme Call of Duty puis Bioshock avant d'être racheté par ZeniMax en 2010. Le propriétaire de Bethesda permis à un éditeur d'aider Arkane à faire aboutir son projet Dishonored. Le jeu s'internationalise car le studio est divisé entre ses locaux lyonnais et d'autres texans accueillant des créateurs prestigieux ayant travaillé sur des licences telles que Deus Ex, Thief ou Half Life. Un des directeurs créatifs n'est autre que Harvey Smith (Deus Ex, Area 51...) démontrant à lui seul le savoir-faire et l'ambition du projet. Une œuvre qui fit baver les fans d'imaginaire puisque l'ambiance victorienne et donc steampunk du titre était assez rare dans l'industrie.

Si le monde de Dishonored est fictif, on sent bien l'inspiration des cités britanniques victoriennes de l'ère industrielle du XIXème siècle, Londres en tête. Vous incarnez Corvo, le garde du corps de l'Impératrice des Îles qui connaissant un essor industriel sans précédant grâce à l'huile de baleine. Cette ressource naturelle est une source d'énergie sans précédant permettant de faire fonctionner bon nombre de machines et servant de bases aux grandes réalisations des savants de l'époque. Mais cette croissance économique est complètement mise à mal par une étrange peste raveageant la population transmise par des rats sortis dont on sait où. Les plus touchés sont les plus pauvres car l'aristocratie vit dans le luxe et complote comme toute bonne aristocratie. Alors que vous revenez d'un voyage à l'étranger, l'Impératrice est assassinée sous vos yeux et sa fille enlevée. Vous êtes accusé de l’enlèvement par les véritables commanditaires (le chef religieux de l'Empire et le maître espion) et jeté en prison attendant votre exécution. Heureusement, un groupe d’aristocrates moins dupes parvient à vous libérer et vous rejoignez ainsi les Loyalistes. Vous allez pouvoir déchaîner votre justice, ou votre vengeance, sur le nouveau Lord Régent et les siens... Vous serez aussi aider par le très mystérieux Outsider, sorte de divinités vous donnant des pouvoirs paranormaux et ravi de voir l'Empire en pleine tourmente.

Si on doit trouver des défauts à Dishonored, c'est finalement dans son histoire. Cette quête de vengeance est classique et le gros rebondissement au 3/4 du jeu est prévisible. De plus, les missions se suivent selon un schéma un peu trop classique car on enchaîne les briefings à la base et les assassinats/captures sur lesquels on doit intervenir. Corvo est donc le bras armé des Loyalistes et semble s'acquitter de ses missions sans vraiment réagir. D'autant plus que le personnage est muet tout au long de l'intrigue et vous ne pouvez interagir avec le PNG qu'en choisissant des réponses. Le manque d'ambition de l'intrigue est largement compensé par l'univers proposé. Le monde créé par Dishonored est fascinant, de par son aspect victorien/industriel en premier lieu. L'ambiance créée par les équipes d'Arkane Studios est excellente. On a l'impression de vivre une véritable apocalypse entre la crise politique et la présence de la peste. Chaque faction tente de survivre et certains personnages secondaires ont des motivations vraiment intéressantes. Que cela soit les aristocrates dont l'insouciance n'est qu'une façade, les gangs des rues ou d'autres personnes plus isolées, on prend plaisir à se plonger dans cet empire décadent. Mention spéciale aux gardes qui sont loin d'être des bruts décérébrés car surprendre leurs conversations révèle la division politique et la peur de la peste qui existe dans la ville. Il y a beaucoup à écouter, à lire et à découvrir dans les niveaux enrichissant cet univers magistralement mis en place par le jeu.

Pour achever cette prouesse, il fallait des graphismes et une direction artistique qui tiennent la route. C'est chose faîte grâce à une approche refusant le photo-réalisme et lorgnant plus du côté des comics/romans graphiques. Les couleurs sont plus saturées, les silhouettes un peu tassées et les visages burinés offrant au titre une véritable identité graphique. Techniquement, si le titre tourne correctement, il est en revanche loin de ce qu'on fait de mieux en 2012 en terme d'animations ou quand on observe certaines textures. Néanmoins, on prend énormément de plaisir à parcourir l'ensemble des niveaux et décors du jeu. L'ambiance sombre et oppressante se ressent dans l'empire où le Lord Régent met en place son régime dictatorial pour ne pas dire totalitaire où le gris fait sa loi. Que cela soit des quartiers détruits, engloutis, des bas-fonds miséreux, des égouts sordides, un bordel glauque ou des palais aussi froids que grandiloquents, l'exploration nous plonge littéralement dans le jeu. D'autant plus que la musique de Daniel Licht colle parfaitement à l'ambiance du titre car elle souligne ce sentiment de malaise et d'oppression qui envahit l'Empire comme le joueur pendant qu'il prépare ses basses besognes. Les bruitages et les doublages achèvent de donner ses lettres de noblesse à cette aventure vraiment originale.

Si l'aventure se vit pleinement c'est aussi grâce aux partis pris concernant le gameplay du jeu. Comme Deus Ex (le premier et Human Revolution), Dishonored offre aux joueurs des choix différents pour compléter leurs missions sans jamais les prendre pour des idiots. Ainsi les nombreuses quêtes annexes et secrets doivent être découverts et on peut passer à côté de beaucoup lors de sa première partie. La différence principale, en terme de gameplay, est que Dishonored est un jeu d'aventure/infiltration seulement à la première personne où les éléments de RPG sont très discrets. Si l'infiltration est la plus intéressante et gratifiante à pratiquer, l'action peut aussi être une solution même si cela ne veut pas dire foncer tête baissée sans préparation au préalable. Il appartient au joueur de maîtriser Corvo et adapter l'aventure au gameplay qui lui convient. Vous avez toujours de très nombreuses manières pour effectuer vos basses œuvres qui ne se terminent pas toujours pas un assassinat. En effet, votre mission peut s'exécuter de différentes manières pour un résultat équivalent si vous prenez le temps d'explorer les zones et de faire les quêtes annexes. C'est ainsi un véritable plaisir de voir les différentes approches possibles grâce à un level-design vraiment ingénieux où la verticalité prend tout son sens. Si les zones des missions sont relativement ouvertes, elles restent quand même cloisonnées, nous ne sommes pas dans un open-world. Mais on en a pas vraiment besoin puisque les solutions sont multiples et on prend un malin plaisir à explorer plusieurs pistes. On s'amuse même parfois à être proche de réussir une mission avant de faire machine arrière pour voir s'il n'y a pas un moyen plus intéressant de la réussir.

Pour ce faire, vous disposez d'assez de pouvoirs et d'armes pour diversifier les approches. Les pouvoirs qui vous seront le plus utile sont la vue permettant de voir les objets et les personnes à travers les murs ainsi que la direction vers laquelle les gardes regarde. Un cône de vision qui rappelle de bons souvenirs aux fans de Metal Gear. L'autre pouvoir est le Clignement qui est une sorte de téléportation (qui ne vous permet pas de passer à travers les objets ou les murs toutefois) sur de courtes distance permettant de se déplacer rapidement sur des corniches ou derrière des gardes. Vous pouvez débloquer ensuite des pouvoirs comme la possession d'animaux ou d'humains afin de se déplacer grâce à leur corps, des tornades qui détruisent portes et envoient balader les ennemis ou encore un ralentissement du temps. Ces pouvoirs peuvent être améliorés à fond comme le ralentissement devenant un arrêt total du temps. Pour améliorer ses pouvoirs et ses capacités, il faut explorer les zones et ramasser des runes. La direction des runes est toujours indiquée mais pour y accéder, il va falloir fouiller... Corvo est aussi armé notamment d'une lame dont l'utilisation est intéressante grâce à un système de parade et de contre attaque bien pensé. Un pistolet et une arbalète (fléchettes simples, anesthésiantes ou explosives) achèvent la panoplie de notre héros comme des grenades ou des pièges...

Pour comprendre la liberté du jeu, prenons l'exemple de la première mission vous demandant d'éliminer le Grand Superviseur (chef religieux de l'Empire) dans le bâtiment imposant qu'il domine. Pour y accéder vous pouvez d'abord y aller par la porte principale en se déjouant les rondes des gardes (soit en se faufilant, en les endormant ou en les éliminant silencieusement). Vous pouvez aussi les éliminer sans vous cacher en ayant préalablement défait les alarmes et retourner contre eux les portails électriques en les sabotant. Mais vous pouvez aussi rentrer par une fenêtre ouverte en grimpant sur les toits voisins voire rendre service à des PNJ lors de quêtes annexes qui vous montrent un passage par les égouts... Une fois sur place, vous pouvez éliminer votre cible en fonçant sur lui et ses gardes, en les éliminant silencieusement. Ou alors vous pouvez fouiller et découvrir comment l'empoisonner voire trouver de quoi le discréditer et le faire disparaître sans le tuer ni vous salir les mains... Le choix vous appartient.

Toutes ces possibilités peuvent se faire encore une fois de différentes manières selon les approches choisies et les pouvoirs utilisés. Chaque joueur aura donc sa propre partie. Votre manière de jouer a un impact autant sur le gameplay que sur l'histoire globale du jeu. Les joueurs qui explorent pourront trouver de quoi améliorer les capacités de Corvo et d'autres pourront choisir de limiter la puissance du héros afin de rendre la tâche plus ardue. A ce titre le jeu est un modèle d'accessibilité. Cela ne veut pas dire qu'il est trop simple mais les nombreux niveaux de difficulté permettent à tous les types de joueur de s'amuser. Le jeu prend aussi en compte vos actions. Plus vous êtes violent et meurtrier, plus l'Empire aura du mal à se relever de ces temps troubles et trois fins distinctes sont ainsi proposées. Sachant qu'il est possibe de terminer le titre sans tuer personne... La durée de vie est plutôt solide puisque selon votre implication, la première partie pourra facilement atteindre les dix heures de jeu sachant que vingt heures sont nécessaires pour explorer toutes les facettes du titre. Sans compter les différents niveaux de difficulté et les différentes approches possibles pour chaque mission. La rejouabilité fait ici vraiment sens.

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : Dishonored #1 [2012]

Auteur Bastien L.
88

Dishonored entre par la grande porte dans le panthéon des jeux d'infiltration et d'aventure. On peut lui reprocher son histoire peu ambitieuse et une technique loin d'être impressionnante. Mais tout le reste vaut le détour. Un univers cohérent et fascinant, une direction artistique originale et une liberté servie par un gameplay réellement bien pensé. Une œuvre grandiose qui nous permet vraiment de vivre à fond notre passion pour le jeu vidéo.

On a aimé

  • Un univers et une ambiance uniques
  • Un gamelay riche en liberté
  • Une rejouabilité incroyable

On a moins bien aimé

  • Un scénario global passe-partout
  • Pas toujours propre techniquement
  • Le héros muet

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