Critique The Binding of Isaac : Rebirth [2014]
Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 28 octobre 2018 à 09h00
The Legend of Isaac
Testé sur Playstation Vita.
La scène indépendante du jeu vidéo a véritablement acquis ses lettres de noblesse à partir du milieu des années 2000. Les consoles de salon, puis portables, étant devenues des plates-formes de téléchargement, ces productions ont eu une plus grande visibilité. Des créateurs ont pu ainsi émerger et devenir de véritables forces vives pour une industrie souvent vue comme sclérosée en étant enfermée dans ses licences. On pense au roi du level-design Jonathan Blow pour Braid, au visionnaire Markus "Notch" Persson pour Minecraft, le controversé Phil Fish pour FEZ ou encore le torturé Edmund McMillen qui a créé Super Meat Boy et surtout The Binding of Isaac : Rebirth qui nous intéresse ici.
Le Californien Edmund McMillen commence sa carrière au début des années 2000 surtout avec des jeux flash où il installe son univers bizarre et organique montrant sa fascination pour les monstres comme les situations un peu glauques. Néanmoins ses premières œuvres les plus connues sont un peu plus sages que se soit Gish et surtout Super Meat Boy en 2010. Ce jeu génial a complètement révolutionné et remis au goût du jour le jeu de plates-formes, preuve du goût de McMillen pour ces jeux à l'ancienne. C'est ensuite le rogue-like qu'il sublime ensuite avec le jeu flash The Binding of Isaac qui connaît un grand succès au point que McMillen rejoint le développeur et éditeur indépendant Nicalis pour en proposer un remake qui sort entre 2014 et 2015 sur une multitude de consoles. Ce remake permet de créer un tout nouveau moteur de jeu mais aussi de changer un peu le titre, le rendant plus accessible et mieux fait avec pléthores de salles, personnages et autres surprises bonus dont un mode co-op en local inévitablement absent de la version Vita. Le titre remet en avant le Rogue-like qui est un type de jeu proposant une progression par génération procédurale ou « au hasard » : à chaque nouvelle partie, les salles, ennemis, boss et objets ne sont jamais les mêmes... Un concept terriblement addictif.
The Binding of Isaac (le sacrifice d'Isaac en français) fait évidemment référence à l'épisode de l'Ancien Testament considéré comme une profession de foi. Sauf que notre cher Isaac n'a pas autant de chance que celui de la Bible. Sa mère est une sorte de chrétienne extrémiste qui se gave d'émissions religieuses et qui commence à entendre des voix. Celle de dieu précisément qui lui demande de détourner son fils de toute tentation et il se retrouve enfermé sans objet dans sa chambre. Mais la voix n'en a pas terminé et demande à la Mère de tuer son fils pour vraiment démontrer sa foi. Par chance, Isaac réussit à s'échapper par une trappe et tombe dans la cave, il devra s'enfoncer de plus en plus sous le sol pour tenter d'échapper à sa mère. Si le postulat de base affiche une certaine dimension religieuse, ce n'est pas vraiment le propos du jeu qui s'intéresse plus à la descente aux enfers d'Isaac pour tenter d'échapper à un infanticide. Dans la plus grande tradition des grands titres indés actuels, le jeu propose une histoire volontairement peu expliquée laissant à chacun son interprétation. Enfers, monde maléfique, conscience ou cauchemar, on ne sait pas ce qu'Isaac explore et ce n'est pas le but du jeu.
L'intérêt du titre, outre son gameplay et ses mécaniques propres au rogue-like, réside aussi dans son ambiance aussi particulière qu'originale. Évacuons le possible défaut : elle est tellement spéciale qu'elle ne plaira pas à tout le monde. On semble plonger dans un monde de cauchemar d'un enfant d'une dizaine d'année entre peur des insectes (mouches et araignées), références scatologiques et monstres aussi inquiétants que grotesques. L'ensemble n'est pas toujours de bon goût mais l'univers reste cohérent de bout en bout mélangeant le glauque et le crade avec une vision très enfantine de ces éléments. Le design des ennemis et des boss démontrent une véritable cohérence et les talents d'artistes de Edmund McMillen. Les graphismes ont par ailleurs un certain attrait avec un rendu 16-bits voulu même si la technique est bien contemporaine. Encore une fois, l'univers peut rebuter mais on ne peut qu'être admiratif devant sa cohérence et son parti pris assumé. Les bruitages et la musiques sont aussi de qualité participant beaucoup à retranscrire cette ambiance qui sera le cocon de quelques souffrances...
Comme il a été dit, The Binding of Isaac : Rebirth met l'aléatoire ou le « hasard » au cœur de ses mécaniques de jeu comme tout bon Rogue-like. Chaque partie est ainsi différente même si tout se déroule dans le même univers. Ainsi chaque partie, ou « run », est quelque peu inédite puisque la configuration des différents niveaux changent en ce qui concerne le nombre de salles, leur taille et les ennemis qu'on y trouve. Même chose pour les boss qui ne sont pas toujours les mêmes. Enfin, et c'est parfois le plus important, les objets à ramasser diffèrent aussi. Chaque niveau comporte une porte dorée renfermant un objet qui aura une influence sur les capacités du héros. Lors du premier niveau, cette porte dorée ne nécessite pas de clé et ce qu'on y trouve pourra conditionner toute notre run. Par exemple on peut obtenir un laser, des larmes (l'arme de base) plus grosses et efficaces ou des capacités défensives comme une grosse mouche qui absorbe les tirs ennemis. Et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Isaac peut aussi compter sur des compétences passives ou des pilules au effets insoupçonnés pouvant être autant bénéfiques que négatives. Cette chasse aux objets devient un des moteurs du plaisir de jeu car le génie de cette idée est qu'un objet peut complètement réinventer le gameplay. On ne joue pas de la même manière selon si l'on possède l'arme de base ou qu'on envoie des bombes. Et c'est là le cœur de The Binding of Isaac.
La force des développeurs est d'avoir rendu le jeu terriblement addictif. On enchaîne les parties à une vitesse folle car on veut d'abord progresser, puis tout débloquer ou simplement voir ce qu'une nouvelle partie va changer, va nous apporter. Concrètement le jeu se joue sur différents tableaux (les salles) en 2D où l'on déplace Isaac qui se défend en projetant ses larmes sur les ennemis qui répliquent soit en nous fonçant dessus soit en nous jetant eux aussi des projectiles. Sachant que chaque ennemi a ses particularités comme les différents boss avec leurs phases. A nous de les connaître, d'apprendre leur fonctionnement pour triompher. Isaac peut aussi utiliser des bombes qu'il doit trouver dans les niveaux. Cela donne au jeu un côté action, et un petit aspect shoot'em up très agréable. On pense aussi beaucoup aux donjons des premiers Zelda 2D. Les développeurs donnent envie au joueur de refaire des parties car le plaisir de la découverte se renouvelle sans-cesse comme la montée en puissance de notre personnage. Isaac peut trouver des clés et de l'argent qui lui permettront d'ouvrir des salles renfermant des objets ou un marchand. De même chaque boss, une fois éliminé, drop un objet puissant. On prend plaisir à voir notre héros devenir de plus en plus fort avec des combinaisons d'objets toujours inédits. D'autant plus que ces objets ont un impact physique sur notre personnage qui change d'apparence. C'est typiquement le genre de jeu où l'on se dit « allez, une dernière partie ! » pour se rendre compte qu'on a continué à jouer bien plus longtemps...
Le titre s'adapte parfaitement à la Vita, devenant un incontournable sur ce support, car la nomade de Sony est évidemment faîte pour de courtes parties mais de toute manière on peut sauvegarder et reprendre notre run à tout moment. Concernant la difficulté, elle est parfaitement dosée (et un mode difficile existe) car le jeu est accessible dans le sens où il est juste et nous pousse à continuer et à nous améliorer sans jamais être une promenade de santé pour autant, sachant que chaque mort est définitive nous renvoyant à l'écran titre pour entamer une nouvelle partie. Les cœurs valent chers et les boss sont souvent impitoyables. Mais c'est surtout la richesse du jeu qui achève de nous convaincre. Il y a un bon nombre de personnages à débloquer, de secret à découvrir, de challenges à terminer et de fins à fin à débloquer. Les personnages et challenges sont intéressants car ils ont un impact sur le gameplay comme un personnage pouvant voler ou un challenge demander de jouer avec moins de luminosité... Le nombre d'heures de jeu qui est nécessaire à faire le tour du titre est impressionnant. Surtout pour les 15 euros que coûte le jeu. Finalement, finir une première fois le titre n'est qu'un tutoriel nous emmenant vers de nouveaux niveaux et des heures de plaisirs vidéoludiques.
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : The Binding of Isaac : Rebirth [2014]
The Binding of Isaac Rebirth est une réussite totale, un exemple parfait de ce que le jeu vidéo indépendant apporte à l'industrie. En transcendant les mécaniques du Rogue-like, le jeu est terriblement addictif et bien pensé. Il est en plus doté d'une durée de vie des plus incroyable. L'univers du jeu est aussi original qu'extrêmement travaillé même s'il ne plaira pas à tous...
On a aimé
- Le gameplay arcade qui se renouvelle constamment
- Terriblement addictif
- Une énorme durée de vie née d'une richesse incroyable
On a moins bien aimé
- Une direction artistique très particulière pouvant déplaire
- Les premières parties sont déroutantes
- Dire que des gens ne vont jamais y jouer...
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