Critique La Famille Addams [1992]
Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 23 décembre 2018 à 09h00
Notre Belle Famille
Véritable phénomène de la pop culture américaine depuis les années 1950, La Famille Addams attendit patiemment de conquérir la planète à l'aube des années 1990 grâce à deux films salués par la critique comme par le public. Des films qui ont pour beaucoup le statut d'œuvres cultes maintes et maintes fois visionnées sur VHS puis DVD, notamment ce premier opus qui nous plonge avec délice dans l'univers macabre de Gomez, Morticia, Mercredi, Fétide et Pugsley Addams.
Née dans les années 1930 de l'imagination fertile du dessinateur Charles Addams, cette famille si particulière devint rapidement populaire aux États-Unis grâce à des courtes bandes-dessinés publiées dans le New Yorker pendant près de cinquante ans. Cette popularité se déclina en différentes séries télévisées (en prises de vue réelles - dont la plus populaire au milieu des années 1960 - et animées) ainsi que quelques téléfilms, jusqu'à que la société de production Orion Pictures rachète les droits d'adaptation dans les années 1980. L'ambition est alors de créer au moins un film à partir de la franchise. Cela ne se fit pas sans heurts puisque la société connut des déboire financiers et eut du mal à finaliser le projet, devant faire appel à la Paramount pour terminer et distribuer le long-métrage. C'est le jeune producteur ambitieux Scott Rudin qui est chargé de mener à terme cette aventure familiale et dérangeante. Pour offrir une véritable touche macabre au film, le scénario est confié à Caroline Thompson (qui vient de terminer celui d'Edward aux mains d'argent) et Larry Wilson (ayant œuvré sur Beetlejuice). On fait appel à Barry Sonnenfeld pour réaliser ce qui est alors son premier film (après avoir travaillé comme directeur de la photographie sur des œuvres comme Big et Misery). Au casting, on retrouve des acteurs confirmés comme Anjelica Huston, Raul Julia et Christopher Lloyd pour jouer les adultes tandis que la débutante Christina Ricci incarne la fille aîné de cette famille si particulière...
L'histoire présente la famille Addams comme étant vraiment en décalage avec le reste de la société américaine. Il s'agit d'une famille très portée sur le macabre, l'étrange, le glauque et la noirceur. Une famille vêtue de noire habitant un sombre manoir, fascinée par la mort et tout ce qui ferait peur à n'importe qui de normalement constitué. Cette famille se complet dans sa noirceur, à l'exception du père, Gomez (le regretté Raul Julia) qui s'apprête à "célébre" les 25 ans de la disparition de son frère adoré après une grosse dispute. Malgré le soutien de sa femme aimée Morticia (Anjelica Huston) et deux enfants faisant sa fierté, sa fille cynique et dépressive Mercredi (Christina Ricci) et son fils dévoué Pugsley (Jimmy Workman), Gomez sent comme un manque dans sa vie. Malgré son originalité, la famille Addams n'en est pas moins une famille très riche attirant les convoitises de leur avocat Tully Alford (Dan Hedaya), lequel doit énormément d'argent à la créancière Abigail Craven dont le fils, Gordon (Christopher Lloyd)k ressemble à s'y méprendre à Fétide Addams, le frère disparu dans les triangles des Bermudes. Convoitant le trésor familial, Abigail et Tully décident d'infiltrer Gordon dans le manoir afin qu'il découvre ses secrets. Mais si la famille le reconnaît comme un des siens, sa mission s'avère tout de même périlleuse.
Sans faire injure à qui que ce soit, on ne peut pas dire que la qualité première de La Famille Addams soit son histoire. Le tout est assez convenu, ce qui permet juste assez de rebondissements et de personnages différents pour faire le job quand on pense à un film familial. L'intérêt est ailleurs car c'est bien plus l'univers présenté, ce sont surtout les personnages attachants, les dialogues bien écrits et de l'humour noir, trois ingrédient qui font mouche. Les réflexions désabusées de Mercredi, les combines de Gordon/Fétide, les jeux de Pugsley ou les réactions des personnes gravitant autour de la famille sont autant de moments drôles. Mais la palme revient à l'alchimie entre Gomez et Morticia dont l'amour pervers les rend autant attachant tout en nous faisant rire avec les sous-entendus qu'on décèle. Ce qu'on apprécie, c'est que cette famille reste tout au long du film un groupe de marginaux, d'antihéros qui ne se compromettent jamais. Ils sont finalement bien plus sympathiques que les gens "normaux" qui gravitent autour d'eux, qui sont soit cupides, soit intolérant et qui ne font jamais l'effort de sortir de leur zone de confort. Un thème cher au cinéma de Tim Burton qui est très bien exploité ici.
Quel plaisir de voir les aventures de cette famille d'antihéros à une époque où Hollywood avait le courage de mettre en avant de tels personnages pour une comédie familiale. Malheureusement, le film souffre quand même d'un défaut majeur : son histoire a le cul entre deux chaises, d'un côté on créé un film familial ne doit pas trop heurter les âmes sensible et de l'autre on met e vedette une famille glauque, noire et portée sur le macabre comme la violence. Ce dernier aspect s'avère donc plus souvent suggéré que véritablement montré, ce qui fait qu'on reste parfois sur notre faim tant les scénaristes (et les producteurs ?) n'ont pas osé aller plus loin que ce que les dialogues pouvait laisser présager. On retiendra quand même une des meilleures scènes du film : une pièce de théâtre de fête d'école incarnée par les deux enfants Addams se terminant littéralement dans un bain de faux sang pour tout le public. Il reste quand même difficile de trop blâmer le film sur ce point car au final, enfants comme les adultes peuvent l'apprécier. On apprécie surtout la qualité d'un casting habité par leurs personnages, l'alchimie entre Raul Julia (Résurrection de Frankenstein) et Anjelica Huston (Les Sorcières) est palpable, créant immédiatement un couple de cinéma magnifique. Christopher Lloyd (Retour vers le futur) est toujours aussi excellent et les enfants s'en sortent bien, Christina Ricci en tête. Sans oublier des second rôles efficaces pour un casting rendant justice à l'univers tissé autour du film.
Le monde lugubre, étrange voire glauque de La Famille Addams doit également beaucoup à ses décors, à commencer par ce magnifique manoir inquiétant où chaque pièce semble renfermer un sombre secret. La famille possède d'ailleurs des serviteurs inquiétant comme un majordome muet rappelant fortement la créature de Frankenstein et surtout la Chose, qui est juste une main... Les accoutrements des personnages rappellent les meilleurs enterrements et les décors réussissent vraiment à retranscrire cette ambiance sombre sans jamais tomber dans l'horreur trop violente, film familial oblige. La chambre de Fétide en est le meilleur exemple. Loin de se contenter d'une esthétique burtonienne, le film recèle de nombreuses surprises et trouvailles comme des livres qui semblent se comporter comme le titre de leur couverture où les salles secrètes de la famille sous le manoir. Ces passages apportent un peu d'absurde rafraîchissant au film. Mais ce que les fantasticophiles préfèrent c'est évidemment toute la galerie de freaks rencontrés tout au long du métrage notamment dans la scène de bal où toute la grande famille Addams se réjouit du retour de Fétide, cousin Machin en tête... Seule ombre au tableau d'un film artistiquement réussit, le cimetière est trop grotesque et pas assez inquiétant. C'est tout de même bête pour un tel film ! De même la musique est loin d'être marquante, si ce n'est le thème très connu de La Famille Addams qui est repris de la première série télévisée.
Pour ce qui est de la réalisation, Barry Sonnenfeld s'avère très appliqué. Même s'il reste assez académique, il sait agréablement accélérer le rythme de sa comédie. On alterne de longues phases de dialogues avec des moments plus rythmés qui illustrent parfaitement la découverte d'un univers fou pour Gordon. Le réalisateur parvient parfaitement à se hisser au niveau de Tim Burton pour dépeindre avec bienveillance ces freaks et pour pointer du doigt une société américaine bien-pensante. A ce titre, les passages où la famille se réfugie dans un motel caractéristique américain montre bien le décalage entre les Addams et le reste du monde grâce à une bonne réalisation. Après, il est difficile de voir transparaître quelconque personnalité dans cette réalisation trop proche de Burton qui cartonnait alors au box-office. Les effets spéciaux sont plutôt bons tout au long du film, notamment cette main qui déambule partout dans le manoir et qui interagit bien avec les comédiens. Malheureusement les fonds verts ont mal vieilli sur nos TV HD et avec la copie du film sur blu-ray. Mais cela fait aussi partie du charme des anciens films... Les maquillages sont aussi très réussis pour rendre les personnages inquiétants bien aidés par des costumes. Les effets de plateaux s'en tirent aussi plutôt bien rendant encore une fois justice au magnifique univers créé devant nos yeux.
La conclusion de Bastien L. à propos du Film : La Famille Addams [1992]
La Famille Addams est une indéniable réussite, une œuvre culte pour beaucoup. Ce constat vient d'abord d'un univers passionnant grâce à une galerie de personnages atypiques dont l'attirance pour le macabre les rendent si originaux. L'imagination des scénaristes, les acteurs, les décors comme la réalisation permettent d'entrer avec un délice un peu pervers dans ce manoir où l'on rencontre avec plaisir une main baladeuse, la mine déconfite de Mercredi, où l'on doit affronter Gomez au sabre et servir de déjeuner aux plantes de Morticia. Mais on y vient surtout pour danser la Mamouchka...
On a aimé
- Chacun des membres de cette famille déjantée
- La direction artistique
- Un humour très efficace
On a moins bien aimé
- Le scénario convenu
- Le cimetière décevant
- Parfois trop sage
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