Critique L'Empire des Ombres [2011]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mardi 16 juillet 2019 à 09h00

L'Ombre d'un doute

Elle est appelée achluophobie, nyctaphobie ou scotophobie, la peur du noir et de l'obscurité est une des plus communes chez les êtres humains. Cette peur est surtout celle de ce que l'obscurité renferme, de ce qu'elle cache et de quelconque croquemitaine attendant l'arrivée des ténèbres pour s'en prendre à nous... Une peur dont le cinéma d'épouvante s'est bien sûr emparé à de nombreuses reprises et L'Empire des Ombres propose une idée simple : dans l'obscurité, le plus dangereux c'est l'obscurité elle-même...

Ayant commencé sa carrière avec des comédies dramatiques dans les années 1990, le réalisateur américain Brad Anderson enchaîne ensuite avec des thrillers en commençant par Session 9 (2001) que flirte avec l'horreur, le plébiscité Le Machiniste (2004)  plus psychologique et le très hitchcockien Transsibérien (2008).  Des réussites beaucoup plus critiques que publiques qui firent de lui un réalisateur à suivre pour les cinéphiles dont le prochain projet, L'Empire des Ombres allait le voir plonger dans l'épouvante tendance fantastique et post-apocalyptique. Sur un script d'Anthony Jaswinski, le film propose ainsi un huis-clos sur un petit groupe de personnages chassés par les ténèbres. Comme à son habitude, Brad Anderson dirige un film au budget assez restreint (10 millions de dollars ici) en partie produit par Mandalay Pictures qui a eu quelques expériences sur des films horrifiques après Souviens-toi... l'été dernier et sa première suite ou Sleepy Hollow. Malheureusement pour Brad Anderson, L'Empire des Ombres connut une sortie restreinte et fut un cuisant échec commercial (1 million de bénéfice...) n'ayant le droit qu'à une sortie direct-to-video chez nous grâce à Seven Sept.

Se déroulant de nos jours, L'Empire des Ombres commence quand le projectionniste Paul (John Leguizamo) assiste à une coupure générale du centre commercial de Détroit dans lequel il travaille. Cette coupure a pour effet de faire disparaître tout le monde en ayant pour seul rappel de leur présence, leurs vêtements. Il va tenter de comprendre ce qui se passe avant de se faire lui-même attaquer par des ombres... Le lendemain, le reporter Luke Ryder (Hayden Christensen) se réveille et se rend compte de la coupure de courant générale comme de la disparation d'une bonne partie de la la population de Détroit. On le retrouve trois jours après, il a compris que les ombres n'attaquent qu'en cas d'absence totale de lumière ainsi que plus les jours passent, moins les sources d'énergie semblent efficaces et moins le soleil est présent dans la journée. Il va trouver un abris dans un bar complètement éclairé grâce à un générateur alimenté par essence dans lequel se trouve l'adolescent James (Jacob Latimore) attendant le retour de sa mère avant qu'ils ne soient rejoints par Rosemary (Thandie Newton) à la recherche de son bébé disparu. Nos héros vont ainsi évoluer dans ce bar en ne sachant pas s'ils doivent rester ou partir car des questions restent en suspend : les personnes ont-elles réellement disparu ? La mère de Jacob va-t-elle revenir ? Pourquoi ont-ils survécu ? Et surtout, ont-ils assez de réserves pour garder le bar allumé ?

Le plus gros point faible du film est clairement son scénario. S'inspirant vaguement de l'affaire non résolue de la disparition des habitants de la Colonie de Roanoke au XVIème siècle, le film a du mal à garder éveillé l'intérêt du spectateur tout au long de ses 90 minutes. On sent clairement que le scénario repose surtout sur le concept des ombres comme ennemis et de la peur, ici légitime, du noir. Le choix du huis-clos pendant 80% du film est évidemment motivé par le budget pourtant les premières scènes montrant des décors vides et la fuite de Luke pouvait laisser présager un aspect post-apocalyptique plus développé mais il n'en est rien. De fait, on se concentre donc sur un groupe de quatre survivants qui vont avoir du mal à se coordonner pour survivre entre ceux qui n'ont plus aucun espoir et ceux refusant de laisser derrière eux un être aimé. Les motivations de chacun sont certes bien mises en avant mais le métrage a du mal à insuffler un véritable rythme dramatique sur la longueur et on tourne rapidement en rond. Le scénario ne fait qu'effleurer des thèmes intéressant comme le fatalisme religieux ou alors la peur de disparaître face à une menace invisible plutôt que de mourir de manière bien plus claire. Le film est par ailleurs totalement imprégné d'un symbolisme religieux qui pourra en dérouter plus d'un.

Mais le principal reproche que l'on pourrait faire au film est qu'il ne fait pas peur. L'idée que seules l’obscurité et les ombres à formes humaine représentent la menace pouvait apparaître comme originale. Dans les faits, passée la première attaque des ombres, il faut avouer que voir des humains chassés par l'obscurité et simplement disparaître n’impressionne guère faisant retomber toute tension que le réalisateur essaye de créer. D'autant que cette menace des ombres manque vraiment de cohérence et on ne sait pas vraiment comment elle fonctionne. De plus, la volonté de ne pas vraiment expliquer l'origine et la raison de la présence de ces ombres plonge encore plus le spectateur dans le flou. Parfois cela fonctionne bien, ici cela renforce encore le sentiment de perplexité que l'on a face à un film qui essaye de nous faire peur avec des ombres. Alors certes l'ambiance peut s'avérer angoissante par moments et le début du film est assez efficace mais bon... Si on a passé la pré-adolescence on ne sera jamais impressionné à moins d'être très sensible aux jump-scares ici utilisés avec parcimonie. Il est vrai qu'il est parfois bon de s'éloigner du gore à outrance et de plus jouer sur l'imagination du spectateur que de montrer des monstres à tout bout de champ. Mais là, le propos du film ne va jamais plus loin que l'épouvante car les thèmes abordés ne sont pas assez intéressants. Et comme le film ne fait pas peur...

Le vrai point fort du film reste finalement sa mise en scène, ses effets spéciaux et sa direction artistique de manière générale. A aucun moment on ne ressent la, relative, faiblesse de son budget notamment dans les scènes présentant le centre commercial ou les rues de Detroit pendant et après l'apocalypse. Brad Anderson montre qu'il est un réalisateur de talent sachant réellement construire une ambiance angoissante tout en tirant bien parti de ses décors. Les effets spéciaux sont très corrects et mettent bien en scène les différentes ombres que cela soit celles humanoïdes ou les grands aplats de noir qui avancent dans les décors. De manière générale, le film reste toujours très lisible avec des images bien compréhensibles ce qui n'est pas toujours le cas sur des film insistant autant sur l'obscurité. Pour finir, le casting s'avère assez correct sans pour autant réussir à faire oublier la mollesse générale du métrage. Hayden Christensen (L'Attaque des Clones, La Revanche des Sith....) n'arrivera pas à faire taire ses détracteurs sur ce métrage incarnant une nouvelle fois un personnage assez bipolaire... La belle Thandie Newton (MI2, 2012...) s'en sort mieux en femme désespérée puis courageuse tandis que John Leguizamo (Romeo + Juliette, Moulin Rouge...) incarne plutôt bien un personnage habité d'une grande souffrance. C'est surtout Jacob Latimore, dont c'est le premier film, qui s'avère très convaincant en adolescent coincé entre des responsabilités d'adulte dans une situation extraordinaire et l'enfant terrifié venant de perdre sa mère...

La conclusion de à propos du Film : L'Empire des Ombres [2011]

Auteur Bastien L.
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L'Empire des Ombres est un échec sur de nombreux points. Son scénario pas assez travaillé et son incapacité à faire peur en font un mauvais film d'horreur même pas drôle à regarder tant l'idée de faire peur avec seulement des ombres ne fonctionne jamais. Brad Anderson a beau tenter de sauver le navire avec une mise en scène solide et un casting correct, le spectateur s'ennuie profondément.

On a aimé

  • Le talent de Brad Anderson transparaît malgré tout
  • Un casting correct
  • Artistiquement et techniquement solide

On a moins bien aimé

  • Scénario bâclé
  • Ca ne fait jamais peur
  • Même pas un nanar...

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