Critique Nathanaëlle #1 [2019]

La maison d’édition Glénat a cinquante ans et sort pour l’occasion de nombreux albums en version luxueuse (24x32) pour mettre en avant leurs talentueux artistes. Nathanaëlle bénéficie ainsi d’une jaquette et d’un cahier graphique d’une vingtaine de pages. Nathanaëlle est une bande dessinée de science-fiction scénarisée par Charles Berberian et dessinée par Fred Beltran (Mégalex, Les Technopères).

Un père de famille a dû se séparer de son corps et désormais habite un corps robotique qui fait le café. Le voici dans la rue à proposer des expressos à tout va. Il aime ce nouveau job mais sa vie de couple bat de l’aile. Une existence assez routinière bouleversée par l’arrivée d’une jeune femme furieuse Nathanaëlle. Celle-ci vient de découvrir un terrible secret : elle a vécu toute sa vie sous terre comme des millions d’autres après l’annonce d’un cataclysme par les gouvernements poussant le peuple à descendre dans des abris. Pendant ce temps, une humanité décadente et immortelle règne à la surface. Des circonstances la ramènent violemment au grand jour. La prétendue apocalypse n’a jamais eu lieu, que faire maintenant qu’elle a découvert la vérité ?

Pour le plaisir une planche en noir et blanc, pour la couleur et les douze premières pages en lecture gratuite, c’est par ici.  

Si vous aimez le style des BD des Humanoïdes associés, vous allez être servi. Esthétiquement cette œuvre est un petit bijou à condition d’adhérer au style si particulier en couleur directe de Fred Beltran. Ses personnages sont très expressifs et les couleurs absolument sublimes. L’un des personnages principaux ressemblent à Edgar Allan Poe et les références culturels ne manquent pas dans l’œuvre notamment à Wagner.

Côté scénario, Charles Berberian nous offre un univers  futuriste sombre, cynique et plein de vie. Les personnages sont complexes et surprenants. Personne n’est tout à fait noir ou blanc. Le personnage du père de Nathanaëlle est juste parfait ! Les thématiques sont très actuelles : mensonges des gouvernements, risque crédible d’apocalypse, transhumanisme, développement des robots et misère des plus nombreux.

Un très bel et très bon album pour les fans de SF sombre et rythmée, métaphorique et somptueuse.

Notre bonus : La SF selon...

*CHARLES BERBERIAN EN QUATRE OEUVRES :

UN ROMAN : Substance Mort de Philip Kindred Dick

UNE BD : The Long Tomorrow de Moebius et Dan O’Bannon

UN FILM : Ex Machina de Alex Garland

UNE SÉRIE : Westworld de Jonathan Nolan et Lisa Joy (d’après le roman de Michael Crichton)

* FRED BELTRAN EN CINQ OEUVRES :

UN ROMAN : Fondation d’Isaac Asimov

UNE BD : Major Fatal de Moebius

UN FILM : Blade Runner de Ridley Scott

UNE SÉRIE : Star Trek de Gene Roddenberry

UN JEU VIDÉO : Myst de Robyn et Rand Miller