Critique L'Homme de la quatrième Dimension [2019]

Rod Serling est bien connu des amateurs de science-fiction, il est l’homme qui a créé l’émission de télévision culte : La Quatrieme Dimension. On y contait des histoires étranges et fantastiques, parfois effrayantes, des récits qui sous couvert d’imaginaire, critiquaient la société américaine de l’époque. Rappelez-vous le générique écrit par Bernard Herrmann ! La boite à bulles propose en bande dessinée une biographie de cet homme, une vie bien remplie pour un parcours atypique. Les dessins et le texte sont de Koren Shadmi.

Rod Serling est dans un avion de la Pan Am quand sa charmante voisine l’aborde. Na sachant résister à une jolie femme, le voici à conter sa vie en sirotant un whisky… Fondu et passage en noir et blanc.

Rod est un petit homme juif américain qui rêve d’être parachutiste. Sa taille ne lui permet pas d’intégrer ce corps d’armée prestigieux mais sa persévérance aura raison d’un gradé qui l’inclut dans la formation. Courageux, le jeune homme subit un entrainement intensif et le voici parti à la guerre. Il rêve de transpercer la tête d’Hitler avec sa baïonnette. Mais il passera des années dans le Pacifique face aux horreurs d’un conflit sans précédent. Le retour  à la vie civile sera dur. A l’époque on ne parlait pas de traumatisme post traumatique…

Rod se reprend et écrit pour évacuer le stress. Des études, des amours, une expérience à la radio, média qu’il affectionne. Des scénarios par dizaine puis la notoriété et l’arrivée à la télévision. Il quitte New York pour Hollywood, the new place to be.

Koren Shadmi admire Rod Serling, c’est indéniable. Pourtant, il crée un récit juste, touchant et sans concession pour cet écrivain engagé et bourreau de travail qui n’en fut pas moins un homme avec ses défauts, ses moments de grâce et ses failles. Il aborde le syndrome post-traumatique et la dépression avec  finesse. Une bande dessinée sur la vie d’un artiste et sur un monde dur, celui de la télévision avec les trahisons, les gloires éphémères et l’impact sur la vie de famille.

Koren Shadmi nous offre une biographie bien rythmée, le découpage efficace, le propos dense. Il nous plonge à l’époque des débuts de la télévision, dans les années 50. Les anecdotes pullulent et rendent l’époque bien vivante. La bichromie noir et blanc évoque l’ambiance esthétique de l’émission. D’ailleurs une illustration à chaque entrée de chapitre fait référence à un épisode de la quatrième dimension, les fans les reconnaitront sans doute. Il évoque aussi la rencontre avec Ray Bradbury, la collaboration avec Richard Matheson ainsi que son scénario pour la Planète des Singes. Les fans de l’émission ne seront pas les seuls à apprécier ce récit passionnant sur l’un des pionniers de la télévision américaine. Et sa fin digne de la quatrième dimension.