Gore et cinéma amateur > Le Gore au cinéma
Les débuts du gore sur grand écran
Les plans gore dans les films ont existés depuis la naissance même du cinéma. En 1898, déjà, Méliès filmait une décapitation. Les années vont donc passer, délivrant de plus en plus souvent des images à caractère choquant. Chaque fois il fallait renchérir sur ce qui avait déjà été montré. Et puis il faut parler aussi du premier plan purement gore. Il est français, date de 1928, et est co-signée Luis Bunuel et Salvador Dali. Peut être aurez vous reconnu cette fantastique scène de l'œil tranché par un rasoir dans le film "Un Chien Andalou". Un gros plan formidable de froideur à vous faire frémir.
Le premier véritable Film Gore (et présenté comme tel), voit le jour en 1963. Son titre: "Blood Feast" de Herschell Gordon Lewis. Ici la suggestion est mise au placard, le sang coule à gros bouillon, les chairs s'ouvrent en gros plan et les organes apparaissent au grand jour. Devant le succès immédiat du film, les producteurs lui commandent immédiatement un second métrage, ce sera "2000 Maniacs". Et dans la foulée s'engouffrent des dizaines de réalisateurs. Les titres des films annoncent la couleur : "The Horror Of Beach Party", "Color Me Red Blood", "A Taste Of Blood", "The Ghastly ones"… Et la foule accoure immédiatement dans les salles, les aficionados ressortent choqués mais heureux.
Difficile d'expliquer pourquoi le genre gore fascine. Chacun aura son opinion personnelle pour expliquer ce qui lui plait dans ce cinéma. Personnellement je me range derrière les mots de Marc Godin dans son fantastique bouquin "Gore - Autopsie d'un cinéma" :
"Lié au cinéma fantastique dans sa thématique et dans sa forme, le gore transgresse les limites (tabou, sexe, mort…) … Cinéma agressif, en colère, nihiliste, le gore, dénonciation de notre viscéralité, donne à voir tout ce que le cinéma traditionnel exècre, refuse, cache, et met en scène les hantises de notre temps…"
Le «Gore moderne»
La fin des années soixante ouvre la porte à une nouvelle race de Films gore. Plus sérieux. Les scènes gore sont toujours aussi évidentes, mais plus clairsemées. On a plus vraiment envie de rire à gorge déployée quand Romero nous offre "La Nuit des Morts-Vivants" en 1968. Les images sont d'ailleurs plus choquantes. Dans cette lignée, le cinéma transalpin entame ses heures de gloire avec les années soixante-dix. Des cinéastes comme Mario Bava, Ruggero Deodato, Joe D'Amato ou Lucio Fulci nous font cracher nos derniers boyaux. Dario Argento dans son style très particulier apporte sa pierre à l'édifice. Et je n'ose même pas parler du cinéma Asiatique ou Sud-Américain.
Des petits génies du cinéma éclatent au grand jour grâce au gore, je pense bien évidemment à Sam Raimi et sa caméra virevoltante dans "Evil Dead", à Wes Craven avec "La Dernière Maison Sur La Gauche", "La Colline A Des Yeux", "La Ferme De La Terreur" ou "Les Griffes De La Nuit". La liste pourrait être formidablement longue : Cameron, Carpenter, Cronenberg, Barker, Dante, Ferrara… pour ne citer que les premières lettres de l'alphabet.
Des années 80 jusqu'à aujourd'hui le cinéma gore va résister à toutes les modes. Que ce soit un film fantastique ou un drame, une comédie ou un policier, que le gore y soit tourné en dérision ou montré terriblement cliniquement, peu importe. Le style surnage et surnagera à jamais sur les écrans.
Le gore est une sorte de rituel, un défouloir collectif face à la violence de la société. Il a ses codes, ses personnages caricaturaux : le bon, le méchant, la nana pulpeuse, le niais... Les amateurs savent toujours à quel moment le sacrifice va commencer, à quel moment le psychopathe caché dans l'ombre va abattre son couperet sur le second rôle. On l'attend, on sent l'adrénaline monter. Les plus anciens d'entre nous (et j'en suis...) qui avons assisté au Festival du Grand Rex initié par le magazine "L'écran Fantastique" ou à celui du cinéma amateur de "Mad Movies", se souviennent du délire total qui régnait dans les salles. Tout le monde hurlait lors des films gore "Vas-y, butte-la ! Salope ! Attention, derrière la porte !".
Vampires, savants fous, psychopathes, cannibales, zombis, spectres ou encore le diable en personne. Le bestiaire gore n'a pas de limites, non plus les armes employées pour faire frissonner : Du simple couteau à la tondeuse à gazon en passant par tout ce qui coupe, tranche, déchire, troue, étouffe ou fait exploser. Les lieux du drame ont toujours la même géographie : Un endroit bien claustrophobique, si possible en intérieur et de nuit. (Quoique les meilleurs réussissent à faire de formidables huis clos en extérieur, malgré l'antinomie.) Les victimes doivent être coupées du monde ou assiégées. Bref leur espoir de survie doit être mince. Et puis de toute façon, les victimes ne sont pas les vrais héros de l'histoire. Le héros, bien souvent, c'est le tueur, même s'il doit perdre à la fin. Freddy Kruegger, Leatherface, Jason Voorhees, Mickael Myers, voici les vrais héros qui font déplacer les foules. Trouvez un méchant bien charismatique et le tour est joué. Ces quelques lignes ne sont que la version la plus simpliste des choses, car le gore c'est quand même beaucoup plus que cela.