Gore et cinéma amateur > Du côté des amateurs

Gore et cinéma amateur

Revenons donc à notre toute première question : Pourquoi cinéma gore et cinéma amateur font si bon ménage ?
La meilleure réponse est certainement de dire : à cause de la manière de filmer. Filmer du gore est un exercice de style le plus excitant qui soit. Répandre des hectolitres de sang c'est une chose, le filmer s'en est une autre. Fini le hors champs, fini l'ellipse bien commode (et souvent bien efficace il faut l'avouer malgré tout). Sans exclure le jeu des ombres, ici, tout doit apparaître en pleine lumière. Car lorsqu'il s'agit de montrer et non plus de cacher, il faut savoir être sacrément inventif. Et c'est bien là un des buts du cinéaste amateur : montrer de quoi il est capable.
Choisir de filmer un film gore implique de savoir régler des problèmes généraux à toutes formes de films, et d'autres problèmes particuliers au genre.

THE ENVOY OF GODS (1995) film amateur français de J. Steib et A. Walter

Trouver le meilleur angle de vision, l'éclairage approprié, l'importance primordiale du montage, du découpage, la musique adéquate, rendre invisibles les maquillages par des plans et une mise en scène efficace (filmer des effets spéciaux et une des choses les plus difficiles qui soit). Et tout cela en respectant la structure, le rythme, le ton et une certaine dramaturgie propre a toute œuvre cinématographique. Car l'effet spécial ne doit pas être une fin en soi, mais un effet scénaristique.
Evidemment, beaucoup de réalisateurs amateurs le font "d'instinct", car nous sommes d'une génération nourrie par les vidéos et donc capable de savoir, sans y réfléchir trop longtemps, si un plan marche ou non. Mais le but du jeu n'est pas simplement de livrer une œuvre sans faux raccords, il faut que, au-delà du genre, l'histoire "fonctionne" à tous les niveaux (techniques et artistiques). Et cela, ce n'est pas donné à tout le monde. Comme je le disais plus haut, le gore n'est pas un cinéma facile ou simpliste qui pourrait se limiter à une certaine esthétique du gros plan. C'est bien plus que cela.
ZOMBI KILLER (1998) film amateur français de Joe Blood Benson

Le gore fait partie de ce fourre-tout bien pratique que certains nomment le "Film de genre", dont une des caractéristiques est de remâcher sans cesse la même histoire mais replacée dans un nouveau contexte (Exemple : Mise à mort par un tueur psychopathe de victimes stéréotypée du style bande de d’jeuns en goguette…) Le cinéaste doit jongler avec les codes particuliers et les références cinéphiliques de l'observateur accroc au genre. Et la chose n'est pas si simple, la moindre disgression involontaire serait immédiatement sanctionnée par le spectateur.
Je pourrais clore ce dossier en vous donnant une liste interminable de réalisateurs ou de films à découvrir ou redécouvrir. Mais je préfère vous laisser fureter dans les vidéothèques à la recherche des innombrables perles rares du gore, qu'il soit amateur ou professionnel. Je le disais un peu plus haut, le cinéma gore est un cinéma de passionnés, et les réalisateurs amateurs en sont de sacrés… passionnés.

Références

Gore - Autopsie d'un cinéma de Marc Godin (Edition du Collectionneur - 1994)
Le cinéma gore de Philippe Rouyer (Edition du Cerf - 1997)
Havelock

Gore et cinéma amateur : Sommaire

  1. Les premiers pas
  2. Le Gore au cinéma
  3. Du côté des amateurs