L'Etrange Festival 2012 - Jour 9
Histoires bizarres...
-A Fantastic Fear of Everything
À force de vouloir changer de spécialité en se dirigeant vers la littérature criminelle, un écrivain de livres pour enfants nourrit une obsession maladive pour les serial-killers Victoriens sur lesquels il effectue des recherches. Sombrant dans la paranoïa, il doit faire face à son psy, à son agent et à un producteur hollywoodien...
L'avis de Richard B : À peine le générique de A Fantastic Fear of Everything commence qu'on se dit que le film attire l'attention (une certaine aura illustratrice, du lettrage et du design d'arrière-plan faisant écho à la Hammer), puis on finit par arriver dans le film lui-même, un monde plus contemporain, celui de Jack, écrivain dépressif et désaxé. Dans un premier temps le film de Crispian Mills et Chris Hopewell peine quelque peu, Jack (Pegg) n'a rien de très sympathique et, surtout, Simon Pegg donne l'impression d'être en roue libre. Il faut dire que l'acteur occupe l'écran en quasi solitaire durant presque la moitié du film. On peut donc être autant fasciné que parfois énervé par ce qui semble être des artifices conçus pour prolonger la durée du film. Il y a pourtant de ces instants de petites fulgurances avec une recherche de mise en scène voulant faire quasi-perpétuellement écho au cinéma de Stanley Kubrick. D'autres passages feront résonance à l'art du stop-motion ce qui peut que me ravir. Puis, arrivé dans la deuxième partie (ou l'action se déroule dans une laverie), le film commence à s'étoffer en personnages et fluidité et surtout l'humour devient plus palpable, moins forcé. Sur la finalité, même si des passages ont pu laisser perplexes, même agacer, le charme général triomphe.
L'avis de Jonathan C : Le chanteur Crispian Mills, du groupe de rock psychédélique Kula Shaker, s’associe avec le réalisateur de clips de Radiohead, Franz Ferdinand, The Killers et Scissor Sisters pour réaliser une comédie psycho-horrifique forcément atypique, loufoque, décalée, mystérieuse, fantaisiste et très référentielle, Simon Pegg oblige (qui plus est producteur exécutif). Ca pourrait d’ailleurs être du Edgar Wright revisitant le cinéma d'épouvante. Avec ce pitch d’un écrivain qui sombre dans la paranoïa totale et doit affronter ses démons et ses peurs (en particulier sa phobie des lavomatics !), les réalisateurs font allusion au cinéma d’épouvante à l’ancienne, les productions gothiques de la Hammer (cf. le magnifique générique de début), les giallos, les slashers, Le Voyeur de Michael Powell, les films de Stanley Kubrick, etc. Il y a plusieurs films dans le film (la première partie en huis-clos psychologique dans l’appartement évoquant autant du Conan Doyle que du Roman Polanski, la seconde partie hilarante au lavomatic et la dernière partie tendue dans le sous-sol), autant que le héros n’a de peurs. Ce héros est un type qui, en plus de sa passion pour les serial-killers Victoriens, a probablement lu et vu trop d’histoires. Pourtant, ce qu’il imagine (et ce qu’il craint) finit par devenir réalité, le film étant une ode au pouvoir de l’imagination et des récits (Simon Pegg sauve sa vie en racontant avec force et conviction une simple histoire pour enfants).
Bourré d’inventions visuelles (rien que le générique de début est un petit bijou) et de digressions poétiques (le sketch animé en stop-motion avec les hérissons) ou très drôles (les interludes musicaux), ce bien nommé A Fantastic Fear of Everything est une surprenante comédie, screwball ou slapstick, centrée sur un Simon Pegg fiévreux, inquiétant et pourtant amusant (avec ses looks déglingués, un différent par partie). Avec aussi Paul Freeman (le bélliqueux Belloq dans Les Aventuriers de l'Arche Perdue, l'espion dans Double Team...il avait déjà cotoyé Simon Pegg dans Hot Fuzz) en psy, Clare Higgins (l’héroïne de Hellraiser) et la ravissante Amara Karan (la révélation indienne de A Bord du Darjeeling Limited). Les dialogues sont jouissifs (même quand Simon Pegg se parle à lui-même), la musique savoureuse (par le compositeur de la série Sherlock, qui avait aussi travaillé sur Hot Fuzz et Paul avec le même Simon Pegg), la photo superbe et certains moments franchement désopilants (la mission du lavomatic, l’entrée en scène du serial-killer sur le The Final Countdown de Europe, Simon Pegg rappeur…). C’est emballant, charmant (quoique très torturé), plein d’énergie et d’imagination malgré quelques lourdeurs. Potentiellement culte ?
Comme à leur habitude, les deux réalisateurs Justin Benson et Aaron Moorhead, très motivés pour assurer la promo de leur bébé, ont fait une présentation amusante, et en français :
Michael est choqué lorsqu’il découvre dans sa boîte e-mail une étrange vidéo de son meilleur ami Chris, planant sous méthadone dans la forêt. Inquiet, il se promet de le remettre dans le droit chemin et élabore un plan d’isolement pour le convaincre d’aller en cure de désintoxication. Seulement, l’enfer est pavé de bonnes intentions...
Résolution est tellement bizarre qu’il en devient irracontable, il est d’ailleurs difficile de « faire le pitch » ou même d’expliquer ce qui arrive aux deux personnages. Les deux sympathiques réalisateurs, Justin Benson et Aaron Moorhead, déposent une multitude de pistes jusqu’aux plus surréalistes, mais sans jamais se perdre dans de quelconques explications poussives. Il y a des airs de La Quatrième Dimension dans ce Résolution qui, en même temps, ne ressemble à rien d’autres (au mieux, on peut penser furtivement à La Cabane dans les bois, Le projet Blair Witch ou Kill List). Inclassable, le film se moque d’ailleurs des genres (les « films-d’horreur-dans-les-cabanes-au-fond-des-bois », les found-footage, les films de rituels/malédiction…), bien aidé par un décor aussi simple que sordide et une populace peu rassurante. Résolution est si intriguant qu’il captive de bout en bout alors qu’il ne s’y passe pas grand-chose (pas de sang, pas de sexe, pas d’action, pas de torture…). L’humour est ravageur (les délires de Chris complètement défoncé, les indices déposés de plus en plus absurdes…) et les dialogues particulièrement savoureux rendent le tandem très juste et attachant (c'est avant tout une belle histoire d'amitié). Tout ça se termine sur un « what the fuck ?? » en forme de gag ; on en sort perplexe et ravi. C'est un film qui pourra se revoir plusieurs fois, un film qu'il faut apprendre à dompter. A bien y réfléchir avec du recul, ce n’est pas qu’un film de petits malins : c’est aussi une réflexion bien sentie sur le récit cinématographique (les personnages ne peuvent s’en sortir qu’en « terminant l’histoire », en trouvant « la bonne fin »). (avis de Jonathan C)
Retrouvez la critique complète de Richard B ici
Publié le samedi 15 septembre 2012 à 11h27
Fiches de l'encyclopédie de la SF en rapport avec l'article
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Résolution
1 fiche
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Simon Pegg
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