Rencontre avec Pierre Léauté
Plongez vers des Temps assassins !
Ce mois-ci, vous avez pu retrouver tous les lundis matins la critique des romans de la saga Les Temps Assassins. Nous avons rencontré son auteur Pierre Léauté qui nous en dit plus sur cette uchronie originale qui mêle voyage temporel et immortalité.
Bonjour Pierre, pour nos lectrices et lecteurs qui ne te connaissent pas encore, peux-tu te présenter ?
Je suis né en Vendée en 1979, même si mon coeur est montagnard ^^ Je suis romancier et nouvelliste.
Jusqu’à présent, je n’ai jamais écrit de texte contemporain. Peut-être ai-je souvent trouvé plus de lyrisme ou de grandeur dans le passé que dans notre monde actuel. A tort, probablement. J’aime l’idée du voyage, qu’il soit intérieur ou non. J’aime J.R.R. Tolkien et l’idée d’une quête menant vers des paysages si fabuleux que l’esprit peine à se les représenter. J’aime Indiana Jones lorsque son avion parcourt le long d’un trait rouge pays et continents. J’aime Misery de Stephen King et son héros, Paul, qui se débat pour se traîner d’une pièce à l’autre de la maison de sa ravisseuse. Je ne suis pas spécialiste d’une période historique en particulier, et il y a pléthore de doctorants plus savants que moi dans bien des champs d’étude. Loin de moi la prétention d’appartenir à cette caste. Ce qui m’importe, c’est le rapport au temps qu’entretiennent mes personnages. Après, je ne cache pas une certaine excitation que de faire vivre au lecteur la sauvagerie de la bataille d’Hastings ou de le faire côtoyer Alexandre le Grand.
La trilogie des temps Assassins est une saga ambitieuse. Pourquoi as-tu les thèmes de l’uchronie ou de l’immortalité ? Et comment t’es venue l’idée de reprendre le personnage de Milady de Winter ?
A l’origine résidait la volonté ancienne de réaliser une grande fresque jouant avec les temporalités, avec l’histoire et la possibilité de la modifier. Petit, j’avais été frappé par la série Les conquérants de l’Impossible de Philippe Ebly, par Herbert George Wells bien entendu, par l’animation japonaise également qui sera si décriée ensuite au milieu des années 90. Voici dix ans maintenant que j’ai entamé la construction des Temps Assassins, mais il aura fallu de longues années encore auparavant pour réfléchir au sens de ce que je voulais écrire.
La pierre angulaire des Temps Assassins est son premier tome, non pas parce qu’il s’agit du premier au sens chronologique du terme, mais davantage parce que l’histoire de Rouge Vertical était appelée à poser les fondations d’une mythologie. Le danger, à mon sens, de l’uchronie, au-delà de l’exercice de style, est de se perdre dans un complaisance formelle, une étude strictement historicienne des possibles. Je déteste cela. Un livre demeure à mes yeux le parcours d’un personnage, fut-il complexe, mauvais ou aux moeurs contestables.
Dans Rouge Vertical, certains lecteurs se sont étonnés de ma version de Milady de Winter, du fait qu’ils ne retrouvaient pas leur icône maléfique. Mais Milady, avant d’être Milady, fut Charlotte Backson, et on ne peut se départir de son passé, de ses démons. Il me plaisait que ce que Dumas s’était échiné à ériger en parangon du mal ou du dévoiement possédait une part d’humanité qui ne demandait qu’à se réveiller. Quand je suis parvenu au terme de l’écriture du premier volet en 2012, j’avais un plan pour neuf livres. Plan que je réduisis à trois. Ce changement était motivé par une réalisation personnelle : l’histoire de Charlotte, aussi intéressante soit-elle, occultait celle de ses aînés immortels. La difficulté était là : comment continuer de relater son destin tout en approfondissant la mythologie d’Analekta, de l’Horloge ? J’ai choisi de tronquer le narrateur contre un autre, de laisser la parole à Darwen Longville. Et le troisième tome poursuit cette dynamique un peu complexe, à savoir suivre les pas d’Ehren Mason tout en permettant à la saga de s’étendre. De tous mes romans et autres nouvelles, cette trilogie aura été un sommet à gravir ! Et je remercie mon éditeur, Davy Athuil, de m’avoir accompagné tout au long de l’ascension. Il m’a prodigué une confiance rare, et je lui en sais gré.
Y-a-t-il encore des choses à raconter dans l’univers des Temps Assassins ?
Rouge Vertical, Les Uchronautes et Parmi les Vestiges composent un ensemble achevé, dont la structure est bouclée. Plusieurs lecteurs ont exprimé le désir d’en savoir plus sur certains personnages secondaires, notamment Pluton ou Saint-Preux, mais pour l’instant, je suis heureux d’être venu à bout du mastodonte ! Je ne vous cache pas avoir réfléchi à une expansion de cet univers uchronique riche en possibilités, mais j’ai d’autres projets qui me tiennent à coeur.
Quels sont tes nouveaux projets littéraires ?
Deux romans non-SFFF. Le premier, en pause, traite des nouvelles technologies, de notre rapport à la consommation. L’autre sur lequel je travaille en ce moment constitue une suite à un roman rural des années 60.
Sinon avec l’illustrateur Ronald Bousseau et l’appui de Karl Brozek, un ami philosophe, je m’attaque à l’intégrale des aventures d’Augustin Petit. Sortie l’année prochaine ;-)
Y-a-t-il une œuvre (ou plus) de science-fiction, fantasy ou fantastique qui t’a particulièrement marquée ?
La couronne de Golconde de Henri Vernes, le premier livre de Bob Morane dans lequel apparaît l’Ombre Jaune… J’ai été singulièrement marqué par leur affrontement !
Merci beaucoup Pïerre pour tes réponses, en espérant te relire prochainement.
Publié le mercredi 25 septembre 2019 à 09h00
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