Rencontre @vec les auteurs Jèrôme Sorre et Stéphane Mouret
les créateurs du Club Diogène...
Scifi-Universe voudrait tout d'abord remercier les deux auteurs, Jérôme Sorre et Stéphane Mouret, d'avoir eu la gentillesse de répondre à cette série de questions portant sur la série des "mini" romans le Club Diogène ainsi que leur éditeur La Clef d’Argent. Mais voici plutôt dans quelle condition ils ont répondu à cette interview…
"Les deux amis se sont réunis dans la mansarde ensoleillée de Stéphane Mouret pour se souffler mutuellement les réponses à nos questions (mais qu’est-ce que ces deux-là ne font pas ensemble ?!…)"
(les propros de Jèrôme Sorre sont reportés en bleu et ceux de Stéphane Mouret en vert. Quand ils parlent d'une même voix ils resteront de noir...)
-Tout d’abord pourriez-vous vous présenter quelque peu aux internautes de scifi-universe ?
"Nous avons trente ans. Nous vivons en Franche-Comté, et nous allons encore à l’école…
Enfin, écrire des horreurs ne nous empêche pas d’avoir une vie de famille."
-Comment vous êtes-vous rencontrés ?
"Nous nous sommes rencontrés dès la 6e au collège. Nos deux maisons étaient à trente minutes l’une de l’autre en vélo. Jusqu’à la Terminale, nous avons toujours été dans la même classe."
-Quand et comment a commencé l’aventure du Club Diogène ?
JS : "Depuis le collège nous écrivons tous les deux des nouvelles que nous sommes les seuls à lire. Notre genre de prédilection est le fantastique, et nous adorons la littérature du 19ème. Stéphane a donc eu l’envie et l’idée, en fac, de proposer une écriture commune : le club Diogène. En un soir, dans mon petit appartement d’étudiant, sont nés les noms et les principales caractéristiques de tous les personnages, ainsi que le synopsis de Chef d’œuvre (la vraie première nouvelle du Club). Tout ça remonte à 1996."
-Comment a débuté votre collaboration avec les éditions La Clef d’Argent et comment s’effectue-t-elle ?
SM : "A la fac de lettres de Besançon, je me rappelle avoir aperçu, placardé sous un porche, une affichette vantant un certain Codex Atlanticus. La lenteur étant horriblement consubstantielle à ma nature, j’ai mis cette info dans un coin de ma tête avant de me faire offrir par celle qui allait devenir la future femme de Jérôme le-dit Codex plusieurs années plus tard. Combien de mois ont passé ? J’envoie finalement deux nouvelles de Diogène à Philippe. Et là je découvre, ravi, que je ne suis pas le seul à être lent : Philippe, un an plus tard, me réécrit : « Chouette votre truc. Une petite édition à la Clef d’Argent, ça vous dit ? »"
-Etes-vous satisfaits ou contents de l’édition de La Clef d’Argent qui est tout à fait sublime d’ailleurs ? Qualité du papier, rendu des illustrations à l’intérieur ? Vous avez eu votre mot à dire sur cette publication ?
"On travaille en collaboration permanente avec la Clef d’argent. Pour ce qui est de la fabrication de « l’objet-livre », là nous avons fait toute confiance à Philippe, et comme vous l’avez remarqué, on peut difficilement le regretter. Il cherche vraiment à faire des livres originaux et de qualité : à un moment donné du projet, il envisageait de travailler avec un imprimeur espagnol, sur je ne sais quel papier de riz… Il aurait voulu aussi, pour la crédiblité chronologique, que le livre ne soit pas massicoté et que n’apparaisse pas en 4e de couverture le N°ISBN… Mais là, impossible."
-Cette collaboration littéraire s’effectue de quelle manière ? Qui écrit quoi ? Qui fait quoi ? Qui imagine quoi ?
"Les idées fusent (ou infusent, c’est selon) et viennent de l’un ou de l’autre. Mais les synopsis sont élaborés en commun. Pour les longues nouvelles, nous partageons en plusieurs morceaux la rédaction du texte, puis nous reprenons l’ensemble, chacun faisant des suggestions… Et c’est là qu’il vaut mieux que l’amitié soit indéfectible, car il n’est jamais agréable de se faire reprendre. Nous avons établi une fois pour toutes le principe que le premier rédacteur aurait le dernier mot. Cependant, la plupart du temps, nous tenons compte des remarques, corrections et ajouts de l’autre. Car le côté créatif continue même à cette phase, une phrase de l’un donnant des idées de paragraphe à l’autre."
-De même quelles sont vos sources d’inspiration ? Lecture, Cinéma, etc. ? Prenez-vous appui sur des personnes rencontrées pour l’élaboration de vos personnages ?
"Nous ne prenons jamais appui (consciemment en tous cas) sur la réalité. Normalement personne ne devrait se reconnaître dans nos livres. Si l’on veut bien, même le Paris fréquenté par nos personnages n’est pas réel. Il est mythique.
Nos sources d’inspiration sont, forcément, la littérature fin 19ème et le fantastique en général. Dostoïevski pour la fièvre, Huysmans pour la décadence, Edgar Poe bien sûr… Nous n’avons découvert Jean Ray qu’après la création du club, mais les affinités sont évidentes. Précision importante et amusante : bien que nos personnages soient, comme l’on dit volontiers aujourd’hui, « des enquêteurs de l’étrange » et que le nom de notre Club peut rappeler celui créé par Mycroft Holmes, nous sommes de tout petits lecteurs de Conan Doyle."
-Quels sont vos personnages favoris du Club Diogène ? A part Vayec et Franklin ? ;p
"Désolé, mais nous les aimons tous."
-Certains d’entre eux seraient-ils les émanations d’un quelconque désir d’aventure inassouvi ? Et également une nostalgie du 19 siècle ?
"Disons juste que le club Diogène est pour nous comme une soupape, qui nous permet d’entretenir un cynisme de bon aloi, ce qui est fichtrement nécessaire dans ce monde où la vie n’a peut-être jamais été aussi déglinguée mais les discours si aseptisés."
-Etes-vous satisfaits de l’interprétation graphique de vos personnages réalisée par Fernando Goncalvès-Félix? Comment avez-vous collaboré avec celui-ci ?
"Bien que nous ne le connaissions pas au départ (notre première rencontre a eu lieu après la sortie de Chef d’œuvre), il est maintenant un membre à part entière du club Diogène. Ses dessins sont extraordinaires."
-Comment voyez-vous le futur pour cette série de romans ? Avez-vous envie qu’elle continue au-delà des sept tomes prévus ?
"Une précision : merci pour le mot roman, mais nous n’écrivons que des nouvelles, simplement elles sont matérialisées sous la forme de petits livres. Nous espérons sortir dans un délai un peu moins long un prochain ouvrage avec la Clef d’argent. Toutefois, les volumes publiés ne correspondent pas à ce que nous, nous appelons les sept tomes du club Diogène. Ainsi, Chef d’œuvre et Vilaines Romances forment deux livres à la Clef d’argent, mais trois histoires… qui font partie des onze qui pour nous constituent ce qui est véritablement le premier tomes du club Diogène. Et actuellement, nous écrivons les récits du deuxième. Bref, nous avons quelques belles années de boulot devant nous…"
-Des projets futurs ? A part bien sûr la suite des aventures surnaturelles du club Diogène ?
"Pas de chance pour nous, ni l’un ni l’autre nous n’écrivons des romans, c’est à dire le seul genre commercialement viable dans le monde des éditeurs. Nous disséminons donc quelques nouvelles en revue."
Pourriez-vous vous prêter au jeu du portrait chinois ?
Si vous étiez :
-Un Livre :
JS : Démons et merveilles, de Lovecraft
SM : Le loup des steppes, de Hermann Hesse
-Un Mot :
JS : lune, et tous ses dérivés.
-Une Phrase :
?
-Un Film :
JS : Dune
SM : Le Bon, la Brute et le Truand
-Une Chanson:
SM : Hurt, de Nine inch nails
JS : Fell on black days, de Soundgarden
-Un Objet :
(en chœur) : la guitare à double manche de Jimmy Page sur Stairway to Heaven.
-Un Animal :
(en chœur :) Un chien, bien sûr ! Cynisme oblige.
-Une Couleur :
SM : le vert
JS : le bleu
-Un Sentiment :
?
-Une Fin :
JS : la fin de Lost Highway.
SM : le dernier plan de Reservoir dogs
Publié le mercredi 19 avril 2006 à 17h20
Source : SFU
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Le Club Diogène
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Commentaires sur l'article
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Je les ai connus tous deux en leur temps... J'ai même joué un personnage ténébreux d'une des toutes première pièces de Stéphane, c'est pour dire... Puis le tourbillon de la vie, on s'est perdu de vue, etc... Bref, du déjà vu, du déjà chanté ! Quoi qu'il en soit, je suis content de découvrir que nous partageons les 3 la même maison, les 3 la même passion de l'écriture, et qu'ils restent tous deux dans des discussions de vieux habergiens ! Valete les 2 !
Syldemon, le 29 décembre 2010 00h00