Rencontre avec... Chuck Cirino
Compositeur de musiques de films, mais pas que cela...

 

 

Chuck Cirino est un personnage hors du commun, qui présente un impressionnant éclectisme. Compositeur de formation, il est aussi à l’occasion réalisateur, directeur photo, monteur, créateur d’effets visuels, et il n’hésite pas, quand c’est nécessaire, à pousser la chansonnette.


Durant sa carrière, il a beaucoup œuvré dans la série B et a régulièrement collaboré avec Fred Olen Ray et Jim Wynorski.     Ses dernières compositions dans le registre de la science-fiction sont Bone Eater, l'esprit des morts, FIRE SERPENT et Shockwave.
J’ai eu l’opportunité – et la chance – de pouvoir m’entretenir avec cette dynamique et sympathique figure de la série B. Et il était donc bien naturel que j’en fasse profiter les lecteurs de scifi-universe.


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SFU: Bien, monsieur Cirino, dites-nous tout, comment en êtes-vous arrivé à devenir un compositeur de musiques de film ? Comment avez-vous découvert cet univers ?


C. CIRINO: Mon père était un musicien de jazz accompli dans les années 40 et il a joué dans des Big Bands avec Tommy et Jimmy Dorsey. Ma mère était professeur de musique dans une école élémentaire. Aussi, j’ai grandit au sein d’un univers très musical. J’ai découvert la musique de film en 1966 quand j’ai été voir VIVRE LIBRE (ndj : BORN FREE, de James Hill). La bande originale de John Barry m’a semblé venir d’un autre monde. J’écoutais déjà de la musique classique, de la musique jazz et de la musique de variété mais je n’avais jamais encore vécu cette expérience qu’est d’écouter ce que Mr Barry a composé pour ce film.  J’ai donc acheté la bande originale de ce film qui comprenait des extraits des BO de deux autres films, GRAND PRIX et DR. ZHIVAGO. Je l’ai fait tourné sur mon phonographe encore et encore, et commencé à me constituer une collection de musiques de films. J’ai aussi capturé des génériques de fictions télévisées en les enregistrant à partir d’un petit enregistreur à bande. Puis les enregistreurs à cassettes ont été inventés et c’est alors qu’un univers de média s’est réellement ouvert à moi.

SFU: Vous avez composé un nombre impressionnant de musiques de film. Y en a-t-il une dont vous êtes plus particulièrement fier ?


C.R.: Je suis surtout satisfait de mes scores les plus récents. Maintenant, lequel est mon préféré est assez difficile à dire. Car chaque musique que j’écoute évoque des souvenirs de la période de ma vie durant laquelle je l’ai composée. Par exemple, je venais de rompre avec ma petite amie quand j’ai composé la BO du NOT OF THE EARTH (LE VAMPIRE DE L’ESPACE, de Jim Wynorski, le premier film « normal » de la pornstar Traci Lords).  Ce travail me prit douze jours et à chaque fois que j’écoute cette musique, je pense à cette période difficile de ma vie – mais est-ce que les fans ont envie d’entendre citer mes malheurs ? Probablement pas. Par contre, un bon nombre de personnes apprécient la bande originale de Deathstalker II – et j’ai une précision à y apporter ; j’aime beaucoup cette musique et j’aimerai vraiment entendre un jour un véritable orchestre la jouer !

SFU: Votre style musique musical est vraiment très varié. Quelles sont vos influences ?

C.R.: Je t’ai déjà parlé de John Barry… mais mon principal « pote » est Ennio Morricone. Depuis que j’écoute sa musique, ma vie a pris une nouvelle direction. Il y a la « musique » et la « musique d’Ennio ». Ce sont deux choses bien distinctes dans mon esprit. L’une est du son et l’autre de la magie.

SFU: Quel est votre processus de création? Vous regardez toujours le film avant d’en composer la bande originale ?

C.R.: Excepté pour Deathstalker II, je commence toujours par m’asseoir à coté du réalisateur et par regarder le film avec lui. Pour DEATHSTALKER II, Jim Wynorski m’a appelé et m’a dit, « j’ai besoin d’une musique pour ce film et je n’ai que 15 cents… et tu dois la composer avant que je ne le réalise. »  J’ai toujours écrit des tonnes de compositions juste pour l’amusement et il n’était pas vraiment inquiet. Je venais d’ailleurs justement de finir d’ébaucher quelque chose et je pensais qu’il pourrait l’utiliser. Deux semaines plus tard, je lui ai remis les deux track master et il a sauté dans un avion pour le Chili. Quand il est revenu quelques mois plus tard, il avait sous le bras un film complètement terminé.

Chuck Cirino et Billy Dee Williams sur le tournage de Ewok Gospel

SFU: Fred Olen Ray et Jim Wynorski semblent être de bons amis. Sont-ils toujours en accord avec vos choix musicaux ?


C.R.: Mes relations de travail avec Fred et Jim diffèrent en fait très peu. Les deux me font totalement confiance et me laissent seul dans le studio. Quand il procède au montage de l’un de ses films, Jim a déjà à l’esprit un type de musique de film, et il va me dire « donne-moi un score de type NAVAJO JOE (ndj : un western  de Corbucci datant de 1966, avec un score de Ennio Morricone) pour ce film ». C’est ce qui s’est passé quand j’ai entamé la bande originale de BONE EATER. J’espère que la bande originale va sortir sur un CD car je pense que les fans de western spaghetti l’apprécieront, même s’il ne sonne pas tout à fait comme NAVAJO JOE.


Avec Fred, c’est un peu différent. Il vient dans mon studio et allume un gros cigare. Nous discutons un peu – en général sur les nouvelles technologies digitales avec lesquels travaillent désormais les réalisateurs… puis nous jetons un œil au film et discutons de la musique.


Ce qui est vraiment pratique, avec Fred et Jim, c’est que la mise en place de la musique s’inscrit dans le cahier de travail. Certains compositeurs détestent cette manière de faire mais elle m’évite de perdre des heures dans des inutiles conversations téléphoniques.

SFU: Baberellas est pour le moment votre unique long métrage. Pourquoi passer à la réalisation? Cela fut-il une agréable expérience ?


C.R.: J’ai toujours été un compositeur ET un réalisateur de films. Je viens juste de passer ces trois dernières années à travailler pour HBO avec quelques jeunes comédiens sur un site nommé runawaybox.com . J’ai produit et dirigé des sketches de comédie pour eux – mais j’ai aussi figuré dans quelques clips musicaux humoristiques. Ce sont des choses dont je suis très fier.

Voici quelques liens :

http://www.youtube.com/watch?v=721w4uS3jD0
http://www.youtube.com/watch?v=Xdd0edT-BeE
http://www.youtube.com/watch?v=Vc8tPTVBRSc

J’ai aussi réalisé la musique de cette vidéo HBO

http://www.youtube.com/watch?v=Clwhm1dRu6c

J’ai également travaillé sur le montage de nombreux vidéo-clips.

Bon, maintenant, je vais répondre à ta question au sujet de BABERELLAS. C’est effectivement un grand souvenir. Nous avons tourné le film en cinq jours et passe ensuite neuf mois en post-production dans mon garage pour créer les effets spéciaux. La dernière fois que je m’y suis intéressé, nous étions encore dans le top 100 des ventes Amazon pour les films de science-fiction. Je suis cependant le premier à admettre que c’est un film assez stupide (rire).


SFUJulie K. Smith, Shauna O'Brien, Regina Russell, Julie Strain, il pas trop délicat de diriger toutes ces superbes femmes ?

C.R.: Il n’y a rien de difficile dans tout ce qui concerne ces superbes femmes. Elles ont toutes été géniales -  et elles sont TOUJOURS géniales. Il n’y avait pas vraiment de script – elles ont dû construire leur dialogue au fur et à mesure, en fonction de la situation de chaque scène. C’est une folie de faire un film comme ça. La prochaine fois, je viserai un peu plus haut.

 

Chuck Cirino et son ami Bear McCreary, compositeur du score de Battlestar Galactica


SFU: Aujourd’hui, tu es à la fois un compositeur et un directeur de la photographie, est-ce une passion ou une nécessité?

C.R.: Je fais aujourd’hui tout cela parce que j’aime tout faire. Cependant, je préfère la composition musicale car j’aime travailler totalement seul. J’en ai discuté il y a quelques jours avec les compositeurs Mark Snow et Alan Howarth. Il se crée en nous une sorte d’espace spirituel quand nous travaillons seul sur la composition. Nous sommes en quelque sorte des fous, dans le bon sens du terme. C’est comme une sensation « fantôme de l’opéra” – mais sans le coté meurtrier.

J’aime aussi mon travail de directeur photo. Je possède mes propres moyens de tournage et de montage HD et ils sont toujours prêt à fonctionner. J’ai aussi quatre canaux Youtube! 1) Mes travaux 2) Un site politique 3) Un site spirituel 4) mon site de séries TV.

Vous pouvez voir cela sur  www.weirdamerica.com, un blog qui résume bien mes passions. Et je m’occupe aussi d’un site d’ufologie:  www.ufonews.tv. Je ne m’arrête jamais.


SFU: Votre préférence va toujours à la musique ?


C.R.: Toujours. Composer est ce qui m’apporte le plus de satisfactions.

SFU: Quels sont vos projets?

C.R.: J’en ai plusieurs. J’ai récemment terminé le script d’un pilote de série TV avec deux producteurs partenaires. Cela s’appelle FINDING OZ et cela colle un peu au concept de X-Files. Nous allons commencer les repérages en ville cette année. Je travaille aussi sur de très étranges chansons avec mes deux fils, Eli et Zachary. Ils ont 8 et 13 ans et la musique coule dans leurs veines. Eli joue du piano, de l’alto et de la clarinette. Zachary joue du violon et du piano. Je suis au paradis !

 

Le casting de choc de Baberellas, un film de Chuck Cirino

Auteur : Nicolas L.
Publié le dimanche 22 février 2009 à 17h25

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