Critique Les Aristochats [1971]

Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 8 novembre 2020 à 09h00

Tout le monde veut devenir un Cat !

Critique de la version française.

Dans toute sa diversité, le cinéma sait nous offrir des bonheurs simples, des divertissements familiaux sans prétention dans leurs ambitions mais très bien faits dans leur exécution. Des petit bonheurs simples à partager qui ravivent parfois notre âme d'enfants comme Les Aristochats.

Dans la riche histoire des studios Disney, Les Aristochats a le statut du dernier projet validé par le génial Walt Disney avant sa mort fin 1966. Au départ, Disney cherchait des scripts pour une de ses émissions d'anthologies à la TV et deux de ses scénaristes présentèrent l'idée de chat kidnappés pour de l'argent puis perdus dans les rues de Paris. Une idée qui fut développée et finalement recyclée en film d'animation confié à l'animateur et scénariste Ken Anderson, ancien de la maison qui participe aux succès de la firme dès Blanche-Neige et les sept nains. On lui doit aussi les scripts de Cendrillon et du Livre de la jungle. Ce dernier est d'ailleurs réalisé par Wolfgang Reitherman (membre des Neufs Sages, un groupe d'animateurs stars de la firme) qui a participé à quasiment tous les grands films Disney et qui se voit donc confier la réalisation du nouveau projet. Si la mort de Walt Disney a évidemment eut des conséquences importantes pour la firme, on peut néanmoins voir une certaine continuité dans les équipes techniques des productions animées dont Les Aristochats qui sortit sur les écrans américains en 1970 et un an plus tard chez nous. Cette continuité se ressent dans ce métrange qui s'inscrit dans la lignée d'oeuvres comme Dumbo, Bambi ou Cendrillon soit une éloge de la simplicité comme de l'efficacité made by Disney.

Le film se déroule à Paris en 1910 où Mme de Bonnefamille, une chanteuse d'opéra à la retraite, ne vit que pour ses chats dans sa grande demeure. Sa chatte Duchesse est mère de trois chatons (Toulouse, Berlioz et Marie) et sont pour elle des membres de sa famille. Elle est aussi servie par le dévoué Edgar qui pense être le seul bénéficiaire de l'important héritage de la vieille dame. Malheureusement pour lui, il surprend une conversation de son employeur avec son notaire expliquant que les chats seront les bénéficiaires testamentaires. C'en est trop pour cet homme cupide qui décide de droguer et capturer les chats afin de s'en débarrasser dans la campagne. Alors qu'il met son plan à exécution, il perd les quatre chats dans la campagne qui se réveillent complètement perdus avant de rencontrer le chat de gouttière Thomas O'Malley qui promet de les ramener chez eux. A Paris, Mme de Bonnefamille est désemparée tandis que la jument Frou Frou et la souris Roquefort tentent d'éclaircir la disparition de leurs amis...

Le scénario des Aristochats est tellement simple qu'on pourrait le décrire comme simpliste. Cela vient aussi du fait que le métrage est court (75 minutes) et qu'il reprend le modèle de production de Dumbo ou Cendrillon à savoir des productions moins coûteuses via des développement moins longs pour que Disney puisse rapidement rentabiliser ses nombreux films. L'intrigue est ainsi assez linéaire avec des personnages bien définis qui évoluent peu et un seul antagoniste. Les chats vont connaître diverses péripéties et rencontres faisant du voyage en lui-même l'intérêt principal du film. On peut aussi noter que les différentes rencontres que font les héros et le méchant font le sel de l'intrigue donnant ainsi des moments savoureux (les chiens Napoléon et Lafayette, les deux oies et évidemment la bande de Scat Cat). Quand bien même les personnages rencontrés sont assez secondaires pour l'intrigue globale. L'histoire ne prend quasiment pas le temps de développer quelques thèmes qu'elle se contente donc d'aborder comme la différence de classe (entre Aristochats et chats de gouttière), la découverte d'une contre-culture (le jazz de Scat Cat comme la vie d'O'Malley), la difficulté de la monoparentalité (Duchesse voit O'Malley comme un père pour ses chatons) ainsi que l'attachement entre hommes et chats (O'Malley ne comprend pas l'amour de Duchesse pour sa maîtresse). Et si on veut analyser plus que de raison on peut voir que la fin est assez conservatrice dans la manière de conclure ces différents thèmes...

En ce qui concerne son univers, Les Aristochats offre une approche réalise dans lequel apparaît un zoo-anthropomorphisme assez léger où es animaux ont des formes réalistes mais s'expriment entre eux avec notre langue tout en pouvant réaliser des actions impossibles pour de réels animaux. Il y a bien plusieurs scènes qui donnent un côté assez exagéré et cartoon au métrage, notamment les confrontations entre Edgar et les deux chiens. Ce qui n'empêche absolument pas de se réjouir face à une direction artistique sublime montrant un vieux Paris assez pittoresque et une campagne française plutôt charmante. Les animaux et humains sont traités de manière assez réaliste même si le travail sur les couleurs leur donne un aspect dessin-animé assumé. Le parti pris de mettre en avant des traits assez fins mais visibles fonctionne car cela donne un petit aspect BD eurpéenne à l'ensemble. Sans être folle ou originale, la direction artistique est efficace et nous plonge avec délice dans une France de 1910 un peu idéalisée mais tellement belle. Pour rajouter au côté un peu passéiste, on apprécie grandement les dialogues avec des expressions surannées qui donne tout son charme à l'ensemble. A ce titre les doublages sont bons (surtout l'immense Roger Carel qui double Roquefort et Lafayette) même si les doubleurs des chatons sont moins convaincants. Enfin, on peut mettre un bémol sur la musique qui est assez anecdotique.

Sauf quand il s'agit des musiques accompagnant les chansons du film ! Là dessus, Disney fait encore très fort et nous plonge directement dans le film avec la chanson de Maurice Chevalier déclamé avec son accent de titi parisien. Le reste des chansons est au diapason avec évidemment le morceau de bravoure que constitue le cultissime « Tout le monde veut devenir un cat » nous entraînant dans un jazz endiablé. Cette séquence est une transition parfaite pour parler de l'autre grande force de Disney à savoir l'animation. A cette époque, Les Aristochats semble être le Disney où les dessins sont les plus bruts puisqu'on ressent vraiment à l'image les coups de crayon entraînant des « faux raccords » (traits qui disparaissent ou apparaissent) forcément voulus dans la succession des images. Loin d'être gênant, ce aspect donne du caractère à l'ensemble et démontre encore une fois l'incroyable humanité qui se dégage de l'animation 2D. D'autant plus que l'animation touche à la perfection dans ce métrage qui rend justice aux chats et à leurs mimiques particulières tout en rendant plausible les interactions impossibles avec des objets des animaux. On est donc vraiment émerveillé par le savoir-faire de la firme aux grandes oreilles qui régnait sans rival à cette époque. Enfin, la mise en scène globale du film est assez classique se contentant de rendre justice au travail d'animation et à donner un rythme agréable à ce film qui sait enchaîner les péripéties avec de beaux moments calmes. On voit que Wolfgang Reitherman est plus un faiseur/directeur ayant compris comment compilé un grand travail d'animation qu'un grand réalisateur/cinéaste.

La conclusion de à propos du Film d'animation : Les Aristochats [1971]

Auteur Bastien L.
72

Les Aristochats est une petite merveille de l'animation Disney qui démontre en 1970 tout le savoir-faire accumulé pendant des décennies, même après la mort du grand Walt. On est émerveillé par ce film qui offre une efficacité redoutable faisant souvent oublier un scénario assez simpliste sur de nombreux points. Un Disney solide mais qui souffre quand même de la comparaison avec ce qui a été fait avant par le même studio depuis les années 1930.

On a aimé

  • Un divertissement familial parfaitement maîtrisé
  • Un grand travail d'animation et une belle direction artistique
  • Les musiques

On a moins bien aimé

  • Un scénario simpliste
  • Une mise en scène impersonnelle
  • Juste un divertissement

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