Critique The Operative : No One Lives Forever #1 [2000]

Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 16 mars 2022 à 09h00

Cate Archer contre le CRIME

Critique de la version PS2

Au tournant des années 2000, quelques FPS permirent au genre de démontrer qu'il pouvait proposer autre chose que des shooters frénétiques à l'image de Half Life, Deus Ex mais aussi No One Lives Forever.

Le titre nous vient des Etats-Unis et du studio Monolith Productions qui s'était fait un nom dans les années 1990 grâce à des titres comme Blood ou Shogo : Mobile Armor Division dont les responsables voulurent créer un FPS basé dans l'univers de l'espionnage. Un développement commencé en 1998 et qui connu de nombreuses péripéties mettant en péril la santé financière du studio notamment la recherche compliquée d'un éditeur qui s'avéra être l'éphémère Fox Interactive après plusieurs refus chez d'autres. Au départ le titre devait même mettre en scène un homme avant qu'un personnage féminin soit choisi pour éviter l'inévitable comparaison avec James Bond. Le projet permit à une vingtaine de développeurs de proposer un jeu d'action teinté d'infiltration dans une ambiance espionnage épicée d'une légère touche SF où l'humour prend une bonne place. Un titre avant tout divertissant qui arrive sur PC à la fin de l'année 2000 et qui fut ensuite porté sur PS2 début 2002 en changeant d'éditeur (Sierra Entertainment) au passage. Une version PS2 légèrement différente puisqu'elle fut amputée du mode multijoueur mais gagna néanmoins trois niveaux inédits racontant le passée de l'espionne Cate Archer.

Situé à la fin des années 1960, The Operative : No One Lives Forever met en scène l'agente Cate Archer (dont le physique est basé sur l'actrice Mitzi Martin) travaillant en Angleterre pour l'agence UNITY alors attaquée par l'organisation criminelle internationale CRIME qui a éliminé plusieurs de ses agents. Cate Archer, a du mal à trouver sa place au sein de l'agence du fait de son inexpérience, de son passé de voleuse comme de la misogynie ambiante. Elle est néanmoins envoyée au Maroc avec son mentor Bruno Lowrie dans une mission qui tourne mal puisque ce dernier est assassiné par l'impitoyable Volkov. Cate Archer accuse difficilement le coup alors qu'elle devient quasiment la dernière espionne dont dispose son agence qui l'envoie en Allemagne de l'Est exfiltrer un scientifique dont les travaux intéressent le CRIME. Des travaux qui pourraient s'avérer dangereux pour la planète s'ils tombent en de mauvaises mains. Cate Archer semble donc le dernier rempart face à une menace mondiale qui va la mener aux quatres coins du globe...

Pris en tant que tel, le scénario du jeu est dans la moyenne des productions vidéoludiques de l'époque, rien de bien original et profond mais suffisamment travaillé pour que l'on accroche. Tout l'intérêt est de jouer une espionne durant les années 1960 ce qui permet d'apporter un peu de féminisme à l'histoire car Cate Archer va souvent devoir se battre verbalement avec ses supérieurs pour montrer qu'elle est aussi digne que n'importe quel homme. On a aussi tout ce qui fait le sel d'un récit d'espionnage avec des méchants assez charismatiques, une hiérarchie à laquelle on ne peut pas toujours se fier, des retournements de situation, diverses armes comme des environnements aussi exotiques que variés. On apprécie donc de suivre les aventures de Cate Archer qui passe de poissarde à héroïne charismatique au fil d'une histoire qui développe correctement les thèmes du féminisme de l'époque, comme évoqué précédemment, mais aussi ceux de l'idéalisme face à la cupidité, de l'idée de confiance dans un monde où cette qualité est très dangereuse ou encore le déterminisme qui aiguille les individus, ou pas, vers le bien comme le mal... Du classique mais suffisamment bien traité pour qu'on accroche à un scénario autrement que pour son déroulement efficace.

Mais ce qui fait la patte de No One Lives Forever c'est son ambiance 60's et son ton humoristique flirtant souvent avec la parodie du récit d'espionnage. On a l'impression de se retrouver dans un mixe entre James Bond et Austin Powers même si les références, de l'aveu des développeurs, sont plus à trouver dans des œuvres telles que Notre homme Flint ou Danger, Diabolik ! Quoiqu’il en soit, on apprécie le ton assez pince-sans-rire du scénario qui n'hésite pas à se moquer du genre comme des contacts se confondant d'excuses quand ils doivent débiter des phrases codées aux lourds sous-entendus sexuels, ou bien des larbins qui devisent sur l'incohérence de leurs chef à toujours emprisonner l'héroïne capturée au lieu de l'éliminer... Sans oublier cette fin volontairement absurde où les révélations et retournements de situations pleuvent à la pelle. Bref, que cela soit via le personnage principal aux saillies parfois savoureuses comme lors de dialogues de PNJ qu'il faut surprendre, sans oublier les chefs assez ridicules du CRIME, on sourit souvent devant ce jeu et c'est aussi ce qui fait sa force.

On apprécie aussi cette plongée dans les années 1960 pour son atmosphère de guerre froide et l'ambiance assez groovy allant des vêtements de Archer aux night-clubs que l'on visite. Le jeu offre une bonne variété de décors comme le Maroc, Berlin Est, les Caraïbes, une tour hight-tech et même une station spatiale... Ce qui permet de mettre en avant l'aspect SF du jeu qui, outre des décors futuristes, repose surtout sur les gadgets d'Archer mais aussi sur la super-arme du CRIME basée sur une sorte d'arme biologique... Malgré toutes ces qualités, No One Lives Forever dispose de nombreux défauts dont un doublage français très inégal mais surtout des graphismes trop cubiques même pour un jeu PS2 de l'époque. Par ailleurs, le jeu était déjà considéré comme daté lors de sa sortie sur la console de Sony en 2002... C'est dommage car la direction artistique est solide et bien dans le ton 60's comme parodique. Bref, il ne faut pas avoir peur de faire un vrai bon dans le passé d'autant plus que la technique n'est pas toujours exempte de reproches avec de gros ralentissements lorsque les ennemis et effets sont nombreux. Enfin, la mise en scène est aussi très datée avec des pauses dans les dialogues ou des cadrages pas toujours heureux lors des cinématiques. Quant à la musique de Guy Whitmore, elle oscille entre le sympathique et l'anecdotique.

No One Lives Forever est un FPS qui ne mise pas tout sur l'action puisque l'infiltration y jour une part importante. Il y a bien quelques niveaux qui vous oblige à utiliser l'un des deux mais sinon on est assez libre de se la jouer rentre-dedans ou plus discrète. Que cela soit l'une ou l'autre approche, le titre se montre plutôt complet notamment via les armes et les gadgets. Ces derniers dérivés d'accessoires féminins permettent de crocheter des serrures, d'endormir ou de paralyser les ennemis comme de créer des diversions. On a aussi le choix entre des armes silencieuses et d'autres plus meurtrières, éliminer les ennemis de prêt ou de bien plus loin. Cela fonctionne assez bien avec des niveaux proposant plusieurs chemins nous permettant d'expérimenter plusieurs approches. Le principal problème vient finalement de l'IA des ennemis qui est troublante tant elle peut se montrer efficace comme ridicule. Il y a des moments où l'on passe de manière assez absurde et d'autres où ils réagissent plutôt bien au bruit et à vos mouvements. On regrette surtout les snipers capables de vous aligner de très très loin et d'enchaîner les headshots en se déplaçant. De même, les niveaux obligeant à être discret s'apparentent parfois à du die & retry tant la moindre erreur se sanctionne par un game over.

Il faut aussi avouer que la vue FPS et l'infiltration font rarement bon ménage entraînant pas mal de frustration sur ces niveaux spécifiques qui demandent un enchaînement parfait de votre progression. Tout cela pour pointer une nouvelle fois que le jeu a vieilli et qu'il ne peut rivaliser avec la nervosité comme l'intensité des FPS avec lesquels on est actuellement habitué notamment via des scripts datés et un level-design qui prête parfois à sourire quand le jeu se veut plus linéaire. Néanmoins, le titre propose un maniement utilisant les deux sticks et la touche R1 pour tirer comme dans les FPS modernes. Enfin, le système de checkpoints est quand même assez perturbant car il y a en beaucoup mis à des endroits assez aléatoires et qui peuvent vous plomber s'ils interviennent alors que vous n'avez plus de vie puisque vous ne pouvez pas en reprendre en cours de mission, heureusement qu'il y a les armures... Le jeu offre une durée de vie vraiment solide dépassant allégrement les 10-15 heures ce qui est plus qu'honnête pour un FPS de cette époque.

La conclusion de à propos du Jeu Vidéo : The Operative : No One Lives Forever #1 [2000]

Auteur Bastien L.
70

No One Lives Forever est un jeu qui vaut surtout pour son ambiance film d'espionnage humoristique et son héroïne charismatique. Le genre de jeu très divertissant qui offre un bon condensé d'action, d'environnements différents comme de possibilités de gameplay assez différentes. Néanmoins le titre a quand même pris un sacré coup de vieux du point de vue technique et surtout dans son intensité qui fait pâle figure avec les canons actuels.

On a aimé

  • Une ambiance sans pareil mélangeant 60's, espionnage et humour
  • Très divertissant
  • Son héroïne, Cate Archer

On a moins bien aimé

  • Ca a pris son coup de vieux...
  • L'IA trop déroutante
  • Les cinématiques entre mise en scène plate et doublages français pas toujours inspirés

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