Critique Project Zero #1 [2002]
Avis critique rédigé par Bastien L. le lundi 18 juillet 2022 à 09h00
Camera Obscura
Critique de la version PS2
Dans l'ombre des grandes sagas du survival-horror venues du Japon que sont Resident Evil et Silent Hill on trouve quelques outsiders ayant de solides arguments à revendre comme la série des Project Zero.
Le premier Project Zero est à la croisée de deux phénomènes, d'abord celui vidéoludique de la vague des survival-horror, un genre qui connu un âge d'or que l'on pourrait situer entre 1996 et 2005. Entre ces deux dates (qu'encadrent Resident Evil et Resident Evil 4), il y eut une tripotée de classiques dont Project Zero fait indiscutablement partie. Une période où les développeurs japonais dominaient l'art de la flippe vidéoludique dont les deux premières PlayStation furent les écrins de joyaux éternels. C'est aussi dans cette période que les publics occidentaux se familiarisèrent avec la J-horror, courant de films de genre japonais porté par des hommes tels que Hideo Nakata (avec Ring surtout) ou Takashi Shimizu (la saga The Grudge). C'est donc en pleine vague du survival-horror que le développeur/éditeur Tecmo voulu apporter sa pierre à l'édifice via une ambiance typiquement nippone. La firme est alors surtout connue pour ses séries très arcade telles Dead or Alive ou Ninja Gaiden. Mais au Japon, le studio est aussi connu pour sa saga de tacticals-RPG Deception dont l'équipe de développement fournira le noyau dur de la production de Project Zero comme le producteur Keisuke Kikuchi et surtout le réalisateur Makoto Shibata considéré comme le créateur de la saga dont il réalisa par la suite tous les épisodes. L'homme s'inspira beaucoup de ses rêves tandis que ses équipes regardèrent beaucoup de productions horrifiques japonaises. Le projet fut directement pensé pour la PS2 quand Tecmo se vit présenter le hardware de la future console de Sony pour une sortie en 2001 au Japon puis en 2002 chez nous (édité par Wanadoo... ça nous rajeunit pas...) avant qu'un portage sur la première Xbox voit le jour un an plus tard.
Le jeu se déroule en 1986 alors que vous incarnez l'adolescente Miku Hinasaki partant à la recherche de son frère Mafuyu. Les deux sont orphelins tout en ayant la capacité de déceler des événements paranormaux. Mafuyu était parti à la recherche de son bienfaiteur, un écrivain célèbre qui était parti avec ses assistants visiter le manoir Himuro en quête d'inspiration. Un manoir réputé hanté et abandonné depuis longtemps où Mafuyu semble aussi avoir disparu. Miku va devoir explorer seule ce lieu découvrant rapidement qu'il est effectivement hanté par des fantômes belliqueux qu'elle va néanmoins pouvoir capturer. En effet, elle retrouve sur place le vieil appareil photo de sa mère, que son frère avait apporté, ayant le pouvoir de capturer les esprits quand ils sont imprimés sur pellicule. Miku va ainsi parcourir ces lieux sombres pourchassée par des fantômes afin de découvrir si son frère est encore en vie tout en en apprenant plus sur les raisons de la malédiction du manoir comme le funeste destin de ses infortunés visiteurs. Elle devra aussi faire face à une mystérieuse femme spectre semblant être la maîtresse des lieux...
Comme dans beaucoup de survival-horrors et de récits de maisons hantées, le scénario de Project Zero s'articule beaucoup autour de ses mystères. Que cela soit la quête de Mafuyu, l'origine des phénomènes paranormaux ou les mésaventures des précédents explorateurs ; Miku va découvrir beaucoup de choses par petites touches avant de grandes révélations finales. L'histoire est ainsi très plaisante à suivre car elle multiplie avec aisance les personnages offrant différents points de vue sur ce qui se trame de morbide dans le manoir. Via des notes, des cassettes audio ou des cinématiques, on en apprend plus sur chaque habitant ou visiteur qu'on devra à un moment affronter sous sa forme spectrale avant d'enfin découvrir l'origine de la malédiction. Cela nous captive assez bien jusqu'aux révélations finales assez satisfaisantes même si on peut regretter une surcouche d'explications pour bien nous marteler ce qu'on avait pourtant bien compris via une narration certes éclatée mais bien maîtrisée. Project Zero prend même le temps de traiter quelques thématiques intéressantes comme la curiosité pouvant s'avérer fatale pour l'écrivain comme un folkloriste qui vécut un temps dans le manoir. De même que l'idée d'un sens du sacrifice typiquement nippon est développé tout au long du jeu.
Évidemment on joue aussi à ce titre pour son ambiance sans pareil qui est sa principale qualité. Il y a vraiment tous les ingrédients pour créer une bonne peur des familles : une frêle héroïne, un manoir lugubre plongé dans le noir rempli de fantômes aussi agressifs que traumatisés sans oublier une malédiction ancienne et de sombres histoires de rituels sanglants à base de cordes... Le tout baigné dans une culture japonaise bien assumée faisant de ce titre un des jeux les plus effrayants qu'il m'ait été donné de parcourir. Le malaise est bien présent et chaque apparition de fantômes donne des sueurs froides. Sur les dignes traces de Alone in the Dark, Resident Evil ou Silent Hill, Project Zero a bien compris qu'en matière de peur, il faut une mise en scène solide. Et les équipes de Tecmo s'en sortent ici haut la main avec notamment des angles de camera savamment placés qui jouent beaucoup avec le hors champ mais aussi sur le sentiment que l'on est constamment observé accentuant efficacement notre malaise. Les scripts sont toujours bien placés avec des apparitions souvent flippantes. Tout a été pensé pour qu'on soit vraiment stressé jusque dans les vibrations de la manette parfaitement gérées. L'ambiance sonore, ainsi que les musiques, est assez très bien faîte. On regrettera juste le doublage anglais très inégal...
Mais pour que tout cela fonctionne, il fallait évidemment une technique solide et c'est encore un succès. Sachant que Project Zero est un jeu du début de la PS2, on est assez bluffé de voir qu'il tient encore bien la route aujourd'hui. Le seul véritable bémol vient de quelques zones en extérieures qui affichent des textures un cran en dessous. Mais pour le reste, c'est vraiment du solide avec des graphismes "sublimes" (dans une ambiance horrifique évidemment) servis par une direction artistique au diapason. Les différents spectres rencontrés ont une identité visuelle forte et réussissent à nous hanter une fois la console éteinte. Mention spéciale à la femme aveugle... Le jeu nous offre aussi des cinématiques de grande qualité avec un travail sur l'image renvoyant aux films d'horreur et une belle qualité en ce qui concerne les animations faciales. Le travail sur la couleur est aussi important avec une constante variation entre le noir et blanc sans oublier des jeux de lumières réussis puisque le titre se base beaucoup sur la lampe torche de Miku. Enfin, les spectres sont techniquement très bien rendus avec leur animation en suspension qui fait toujours son petit effet...
Comme les survival-horrors de la grande époque, Project Zero mise beaucoup sur l'exploration et la résolution d'énigmes afin de progresser. On est donc dans du classique mais très efficace avec de nombreuses salles à débloquer sachant que le titre se divise en 4 chapitres (ayant chacun une durée inégale) avec un léger changement dans les zones accessibles comme la présence d'objets à chaque fois. Le premier chapitre s'avère le plus fascinant avec la découverte du manoir tandis que le début du second abuse un peu trop des allers-retours. Néanmoins le manoir Himuro peut aisément figurer sur une liste des lieux du jeu vidéo qu'on est pas prêt d'oublier. Les énigmes ne sont pas bien compliqués si on prend le temps de bien lire les documents que l'on trouve. Evidemment, le fait de se concentrer sur des énigmes et d'enchaîner les allers-retours permet aux équipes de Tecmo de nous piéger avec des fantômes nous attaquant de manière aléatoire sans oublier ceux que l'on est obligé d'affronter pour avancer dans l'histoire. Mais ce qui fait le sel du titre est évidemment l'appareil photo...
Pour résoudre des énigmes comme combattre les spectres, l'appareil se révèle indispensable. Quand Miku l'utilise, le jeu passe en vue à la première personne avec un code couleur nous indiquant si un indice ou une menace est proche de nous. Il faudra souvent prendre en photo des apparitions non belliqueuses, des éléments du décors ou des esprits prisonniers pour progresser. Mais aussi pour augmenter son appareil afin d'en améliorer l'utilisation ou débloquer des pouvoirs (révéler ou repousser des fantômes). L'appareil permet de combattre les spectres en les visant afin d'accumuler des points puis de les photographier pour faire baisser leur barre de vie jusqu'à les capturer. Cela fonctionne très bien et rajoute une couche à la terreur ambiante. On pourra regretter que certains fantômes trop rapides se prêtent mal à un gameplay assez lent (notamment lors du 3ème chapitre) tandis que le système de collision nous faisant prendre des dégâts n'est pas toujours très clair. Pour progresser vous aurez ainsi besoin d'objets de soin comme de pellicules plus ou moins puissantes pour lutter contre les spectres. La difficulté du jeu est plutôt bien pensée car sans être facile, le titre est assez accessible pour les joueurs prudents qui sauront bien explorer les environs tant il y a assez de soins et de pellicules pour ne pas être à court sachant que les points de sauvegarde sont assez nombreux et qu'ils ne sont pas limités. Enfin la durée de vie oscille entre 5 et 10 heures selon votre sagacité et votre aisance face aux fantômes.
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : Project Zero #1 [2002]
Sans atteindre le niveau de ses glorieux modèle, Project Zero est un très bon survival-horror qui dispose d'une approche nippone originale réussissant à faire peur de nombreuses manières d'abord par son ambiance et son histoire assez réussie. Son gameplay atypique fonctionne bien nous mettant dans la peau d'une chasseresse de fantômes malgré elle que l'on accompagne la peur au ventre dans un titre encore techniquement et graphiquement solide aujourd'hui. De la J-horror vidéoludique indispensable aux amateurs de flippe en tous genres.
On a aimé
- Une ambiance japonaise très flippante à l'histoire réussie et à la mise en scène soignée
- Solide techniquement comme graphiquement
- Le gameplay original
On a moins bien aimé
- Des allers-retour
- Des révélations parfois trop surlignées
- Les combats avec les fantômes rapides
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