Critique Fallout 3 [2008]

Critique de la version PS3 dans sa « Game of the Year Edition ». Contrairement aux images présentes dans cette critique, le jeu est entièrement traduit en français.

Ha... Les deux premiers Fallout... Des jeux absolument cultes et des souvenirs incroyables... Enfin il paraît parce que moi je n'y ai jamais touché et j'ai donc découvert cette saga avec Fallout 3 comme de nombreux joueurs consoles.

Sortis en 1997 et 1998, Fallout et sa suite sont des monuments du jeu de rôle occidental sur PC grâce notamment à leur écriture, leur univers post-apocalyptique magnifié par une 3D isométrique comme le sentiment de liberté qu'ils procurent. Des productions développées et éditeés par Interplay, et surtout Black Isle Studio pour Fallout 2. Le studio américain plancha évidemment rapidement sur un troisième opus, ayant pour nom de code Van Buren, mais la belle histoire prit cruellement fin. En effet, l'éditeur Interplay connut la banqueroute et dû autant lâcher ses studios que ses licences. Fallout fut ainsi dépossédé de Black Isle Studio et fut vendu à Bethesda. L'éditeur américain est alors surtout connu pour sa série de jeux de rôle The Elder Scrolls et décida de confier le développement du troisième opus de Fallout à son studio interne. Notamment à Todd Howard (producteur exécutif sur Oblivion et ses extensions) qui se voit confier le rôle de réalisateur d'un jeu dont le développement repartit à zéro ne gardant quasiment rien de Van Buren. Pour Bethesda il s'agissait donc de se lancer dans le périlleux équilibre du changement dans la continuité à savoir un monde ouvert en 3D se parcourant à la première personne façon The Elder Scrolls dans un univers et une écriture qui voulaient coller au plus près de la licence Fallout. Une approche qui ne pourrait jamais satisfaire tout le monde, notamment les puristes, mais qui se devait d'attirer le plus grand monde vu les moyens déployés. L'écriture et la partie conception furent confiés à Emil Pagliarulo, lui aussi un ancien de la maison qui a collaboré à plusieurs The Elder Scrolls. D'où l'idée d'une sorte de Fallout à la sauce Oblivion dont fut affublé ce nouveau titre (voir nos critiques de l'époque) à sa sortie en 2008 (soit 10 ans après Fallout 2) d'abord sur PC mais aussi pour la première fois sur consoles. Pour un résultat extrêmement satisfaisant puisque le jeu fut une réussite autant critique que publique.

Situé en 2277 (soit une trentaine d'année après Fallout 2), Fallout 3 prend place dans les Terres Désolées autour de l'ancienne capitale américains Washington D.C. alors qu'on est un membre de l'Abri 101. Ces lieux sont des sortes de grands bunkers abritant des êtres humains afin qu'ils puissent survivre après qu'une guerre nucléaire ait ravagé la planète il y a deux siècles. Sur place, vous y êtes surtout connu pour être le fils du médecin respecté James qui décide pourtant de quitter aussi subitement que illégalement l'abri alors que vous êtes à peine majeur. Cet événement vous met en fâcheuse posture vous poussant vous aussi à fuir afin de suivre les traces de votre père. Vous découvrez donc un monde qui vous est totalement inconnu puisque vous avez toujours vécu dans le cocon que représente l'abri face à un monde extérieur des plus dangereux. Vous arrivez bientôt dans la ville de Megaton aux allures de bidonvilles où vous apprenez non seulement que votre père y est passé mais aussi qu'il s'agit d'un ancien grand scientifique qui avait fuit vers l'Abri 101 après le décès de votre mère. C'est donc en poursuivant votre père dans la région que vous allez non seulement en apprendre plus sur ses travaux qui pourraient avoir un impact sur la destinée du monde comme sur vous et votre famille... Vous allez aussi devoir vadrouiller dans des lieux inhospitaliers entre des vastes étendues remplis de ruines où rien ne pousse comme ce qui reste de l'ancienne grande métropole de Washington... Tout en devant interagir de manières plus ou moins pacifiques ou violentes avec des survivants, des goules, les raiders, des Super Mutants, des esclavagistes, la Confrérie de l'Acier ou encore l'Enclave...

L'intrigue principale n'est clairement pas ce que Fallout 3 a de mieux à proposer. Elle n'est néanmoins pas désagréable mais semble surtout exister pour pousser le joueur à se déplacer. Du moins sa première partie où le père du héros est utilisé comme une sorte de McGuffin que l'on poursuit en étant toujours en retard par rapport à lui. La seconde partie est un peu plus surprenante notamment son dernier acte quand bien même l'ensemble manque clairement d'originalité et de folie. De plus, le nombre important de quêtes annexes et l'aspect monde-ouvert font qu'on a parfois l'impression que l'intrigue principale accélère d'un coup pour se remettre sur ses rails. Elle propose néanmoins quelques bons passages dont l'introduction dans l'Abri 101 ou les  événements dans l'Abri 112 alors que certains passages sont moins convaincants comme quelques twists un peu forcés ou les allers-retours au Jefferson Memorial. Une histoire qui a néanmoins le mérite de nous faire découvrir un univers assez fascinant et de nous parler de la destinée d'une humanité qui ne se sait plus condamnée après une fin du monde nucléaire. Un monde où des visions concernant la survie s'opposent et où faire preuve d'humanité est une valeur pas forcément partagée par tous. Cela met le joueur en plein cœur d’événements où il devra choisir, ou pas, s'il peut faire confiance en son prochain et si ce qui reste de l'humanité peut être sauvé... Des thématiques assez classiques plutôt bien traitées mais quelques peu diluées. Du moins si on ne s'en tient qu'à l'intrigue principale.

Heureusement, Fallout 3 propose pléthore de quêtes annexes plus ou moins longues qui permettent de proposer un univers post-apocalyptique très bien développé. On apprécie grandement découvrir toutes les factions en présence comme les différentes communautés qui existent et qui ont chacune leur manière de survivre. Que cela soit des communautés à la solidarité de façade comme Megaton, d'une sorte d'ordre de templiers aux armures robotiques comme la Confrérie de l'Acier ou encore les différents Abris existant encore. Chaque lieu habité permet une nouvelle découverte démontrant le soin apporté à l'univers comme par exemple le lien très particulier qui relie la communauté souterraine de Lamplight et la ville désertique de Big Town... Sans oublier les créatures ennemies qui vous donneront du fil à retordre notamment dans une Washington envahie par les Super Mutants en surface tandis que les goules pullulent dans les souterrains. Le sentiment d'être balancé dans un univers qui existait très bien sans nous fonctionne à merveille grâce à cette géographie bien établie mais aussi grâce à la qualité des dialogues. On sera souvent amené à converser avec de nombreux personnages aux personnalités bien tranchées qui permettront toujours d'en savoir plus et que l'on peut nous même orienter selon la manière dont on répond via des dialogues multiples. Notre héros paramétrable (sexe, apparence mais aussi attitude...) va pouvoir se créer sa propre destinée et cela aura forcément un impact sur les différentes factions qui nous font face. On peut par exemple très bien travailler pour les esclavagistes comme décider de les exterminer pour le bien de tous...

Fallout 3 réussit donc à constamment rendre plaisante la découverte de son univers grâce notamment à sa direction artistique qui réussit l'exploit de cohérence d'une région en ruine d'une tristesse absolue tout en rendant chaque lieu assez unique. Un monde visuellement inhospitalier aux couleurs froides qui pourtant agrippe notre rétine et offre de superbes panoramas dignes des grands récits post-apocalyptique que cela soit des landes désolées surmontées par des ponts en ruine, les découvertes de l'improbable Rivet City ou des monuments iconiques de Washington ayant connu des jours meilleurs... Viennent ensuite les intérieurs qui sont souvent à l'image des communautés ou factions qui les occupent leur donnant à chaque fois un vrai cachet. Où encore des lieux en ruines assez sombres que l'on croirait abandonné avant qu'un centaure vous attaque et qu'on se rende compte que l'on est dans un nid de Super Mutants et leurs fameux sacs à gore au bruit si distinctif... A ce niveau, le son a bénéficié d'un soin particulier et tout le sound design fonctionne à merveille. Les musiques d'Inon Zur sont dans l'ensemble très efficaces même si un peu discrètes tandis que le doublage français est de qualité quand bien même parfois inégal ou se reposant trop sur les mêmes voix. Enfin, le jeu est techniquement assez solide malgré quelques bugs propres aux productions Bethesda et des textures qu'il faut surtout apprécier de loin... Mais pour un monde ouvert de 2008 sur PS3, il tient clairement bien la route avec des graphismes très satisfaisants malgré de nombreux temps de chargement et des animations quelques peu figés sur de nombreux PNJ.

Vous l'aurez compris, Fallout 3 est un RPG en monde ouvert qui s'apprécie à la première personne (la troisième personne existe mais elle est injouable...) tout en mettant beaucoup l'accent sur l'action et l'exploration. Cette dernière est une base essentielle de l'expérience Fallout 3 que l'on comprend dès le début une fois qu'on quitte l'Abri 101. Il va falloir voyager dans les Terres Désolées pour poursuivre l'intrigue principale mais aussi débloquer les différentes quêtes annexes. Heureusement par ailleurs que le voyage rapide pour les lieux déjà découverts existe... Si de nombreuses quêtes annexes se débloquent dans les passages obligatoires de l'histoire principale, d'autres demandent vraiment de pousser notre exploration sur toute la carte tant et si bien qu'on peut jouer plus de 30 heures en passant à côté de beaucoup de choses. On considère généralement que l'histoire principale plus toutes les quêtes annexes vous prendront près de 50 heures de votre temps et près du double si vous voulez vraiment tout faire et tout voir. Il est parfois très gratifiant de suivre un chemin pour réaliser une quête puis de tomber par hasard sur une autre qui vous emmène dans une direction inattendue. J'étais par exemple tranquillement en train de me diriger pour la première fois vers Washington avant de me retrouver embarquer dans une lutte contre des fourmis géantes cracheuses de feu... L'exploration se poursuit aussi au sein des bâtiments puisque vous allez en ramasser du loot afin d'équiper votre héros en vêtements/armures, armes, munitions et autres objets vous soignant comme vous apportant des bonus. Ou bien n'importe quoi que vous pourrez revendre pour réparer vos équipement ou acheter ce qui vient d'être nommé...

Fallout 3 est un RPG via deux mécaniques principales qui sont la liberté de forger son personnage comme de paramétrer ses aventures tout en tournant autour de statistiques qui influencent grandement l'expérience. Les deux étant évidemment combinés. Votre personnage dispose ainsi de compétences dans différents domaines (maîtrise de certaines armes, la santé, le crochetage, le dialogue, le troc, la discrétion...) que l'on peut améliorer à chaque niveau avec des points à répartir. Sachant que l'on a déjà au préalable créé un personnage à partir d'attributs de base (force, endurance, charisme, agilité, chance...) constituant le fameux S.P.E.C.I.A.L. qui est une des marques de fabrique de Fallout au même titre que les abris, les mutants, les stimpacks ou le Nuka Cola... Chaque niveau permet aussi de débloquer ou d'améliorer une aptitude qui sont très variées pouvant vous permettre notamment d'être plus sociable avec les enfants, plus létale envers les PNJ du sexe opposé, plus résistant aux radiations ou aux dégâts comme des bonus selon les types d'arme... Et cela fonctionne parfaitement permettant de rendre son personnage plus apte à la discrétion ou bien plus bourrin tout en pouvant le spécialiser dans certains types d'arme ayant un réel impact lors des combats. On peut aussi paramétrer notre comportement lors des dialogues comme les décisions que l'on prend nous permettant d'avoir un mauvais ou un bon karma ce qui aura des conséquences sur notre rapport aux habitants comme aux différentes factions sans que cela soit non plus complètement décisif. Il faut néanmoins avouer qu'aussi complet qu'il soit, Fallout 3 repose beaucoup sur l'action que cela soit dans son gameplay mais aussi dans de très nombreuses résolutions de quêtes... Vous avez beau vouloir être le plus pacifiste et discret possible, il va falloir souvent endosser le rôle du bourrin de service.

L'action est par ailleurs le plus gros point noir du titre faisant que celui-ci a quand même pris son coup de vieux autre que technique (ou encore dans sa narration). Fallout 3 veut se jouer comme un FPS avec des fusillades nombreuses mais à ce niveau l'ensemble est bien trop mou et pauvrement mis en scène pour que l'on soit convaincu. Les ennemis se contentent généralement de se tenir à moyenne distance et de nous arroser à découvert. Sauf s'ils se battent au corps à corps et là il nous fonce dessus. Les premières heures sur le jeu sont assez déstabilisantes tant tout essaye de nous faire la peau avant qu'on gagne assez de niveau et qu'on débloque un nombre d'armes impressionnant pour devenir la principale menace... Fallout 3 s'éloigne ainsi du tour par tour des premiers opus même s'il en garde un ersatz. En effet, on dispose de points d'actions (que chaque arme vide plus ou moins rapidement) permettant de figer l'action afin de viser une partie du corps de l'ennemi avec des pourcentage de chances d'atteindre sa cible. Cela rend l'ensemble un peu plus tactique et entraîne aussi des ralentis du plus bel effet (apparemment inspirés de la licence de jeux de courses Burnout...) qui proposent aussi un gore s'avérant assez jouissif. Cela fonctionne bien lors des combats un peu plus sérieux que le menu-fretin que l'on croise dans les Terres Désolés. Au final, rien de vaut les affrontements avec les Super Mutants... A noter que le jeu vous permet aussi d'avoir des alliés (différents selon vos actions et vos comportements) qui sont un soutien très intéressant malgré leur manie de se mettre devant votre ligne de tir...