Critique Assassin's Creed : Revelations #2 [2011]
Avis critique rédigé par Bastien L. le mercredi 31 octobre 2012 à 09h05
La fin d'Ezio
Testé sur PS3
A l'image de ses petits camarades éditeurs, Ubisoft a compris qu'il était dans son intérêt d'occuper le marché toutes les fins d'année avec une grosse licence dont le succès est aisé. Et quoi de mieux que la franchise Assassin's Creed pour faire briller la grande maison vidéoludique française ? Ce Revelations débarque ainsi tout juste un an après Brotherhood, et un an avant le très attendu Assassin's Creed III ; on ne peut donc s'empêcher de constater qu'il n'est là que pour combler un vide en attendant le troisième épisode. Cela se vérifie d'ailleurs au regard de deux aspects : une officialisation retardée (le projet changea de forme en cour de route) et un staff différent (quelques employés importants des premiers épisodes s'attelaient déjà à Assassin's Creed III).
Alors le jeu n'est pas bâclé, loin de là (il est même plutôt bon), mais il poursuit consciencieusement la route tracée par Brotherhood, n'améliorant que quelques points finalement pas si indispensables, continuant à étoffer son mode multijoueur, mais sans proposer de nouveautés incontournables. C'est donc bien le terme Revelations du titre qui, au final, intrigue, et ce dans la mesure où on s'attendait à quelque chose de bien plus ambitieux en terme d'histoire. La saga est en effet d'ordinaire riche en mystères dévoilés au compte-goutte. Sans spoiler, Brotherhood se terminait par un sacré cliffhanger dont on ne comprenait alors pas tout le sens et dont on attendait les réponses. Quelle déception de voir que le tout est trop rapidement évacué dans cet opus !
Au début de la partie, Desmond Miles est dans une sorte de coma, branché à l'Animus. Il y rencontre l'avatar de l'énigmatique Sujet 16, qui lui explique qu'il peut revivre le passé d'Altaïr comme d'Ezio, mais également quelques séquences de sa propre vie ; compléter ces séquences lui permettrait de pouvoir se réveiller. Par ailleurs, l'histoire se concentre surtout sur notre flamboyant latin assassin, Ezio Auditore da Firenze (Assassin's Creed II), désormais âgé d'une cinquantaine d'année et cherchant un sens à sa destiné, il voyage désormais au Moyen-Orient sur les traces d'Altaïr (Assassin's Creed). Après une courte escale à Masyaf, il va se diriger vers Constantinople (ou Istanbul), prise par les Ottomans depuis près de soixante ans. Il devra y trouver les indices sur l'ouverture de la bibliothèque cachés par le père de Marco Polo au XIIIème siècle.
La grande cité de Constantinople offre un charme plus ensoleillé, et une ambiance arabisante apprécialbe à cette aventure. Le choix de la capitale ottomane se révèle assez bon, et toute une nouvelle galerie de personnages, réels ou pas, étoffe encore plus la saga. On y croisera des membres de la famille du sultanat, a l'instar du futur Soliman le Magnifique, sans oublier des antagonistes intéressants comme des prétendants au trône de Byzance, ou le personnage de Sofia Sartor, expatriée vénitienne allant aider Ezio dans sa quête tout en le questionnnant sur le but de sa vie. Ce personnage, comme ceux de Yusuf et Soliman, donnent du relief au parcours d'Ezio et s'avèrent vraiment intéressants, et ce même si on peut les trouver sous-exploités. Ce sentiment vient du fait que les scénaristes sont un peu partis dans tous les sens, voulant à tout prix nous révéler le plus d'éléments possibles.
Le jeu tourne aussi autour des moments plus importants de la vie d'assassin d'Altaïr. Il s'agit de courtes séquences le mettant en scène à Masyaf (le repère des assassins dans le premier épisode) à divers moment de sa vie. Ces séquences trop courtes, se déroulant toujours au même endroit, sont certes une bonne idée, mais déçoivent tant on reste sur sa faim en terme d'informations ou d'ambition scénaristique. Même constat quant aux phases sur le passé de Desmond : facultatives, elles racontent l'histoire de Desmond avant qu'il ne soit attrapé par Abstergo. Le tout se fait dans les programmes brutes et dépouillés de l'Animus - d'où une vue à la première personne - via des environnements simples et classes. Ces passages ont le mérite d'être novateurs, mais sans convaincre pleinement (les informations narrées par Desmond ne sont pas extraordinaires).
Cette volonté de créer un jeu autour de plusieurs destinées s'avère paradoxale dès lors que l'on aborde la durée de vie du soft : une quinzaine d'heures (quand on fait un tour honnête du jeu) alors que les deux épisodes précédent en demandaient le double. D'où un petit sentiment de frustration lorsque l'on boucle l'aventure. On suit quand même avec plaisir les destinées des trois assassins, mais des histoires plus abouties auraient été beaucoup plus appréciables. D'autant plus qu'Ubisoft a bien enrobé tout ça avec de superbes cinématiques - au début et à la fin de l'aventure - qui donnent finalement un peu plus de relief à une intrigue qui en manque cruellement dans sa partie centrale. Mais ce qui fait la force de la saga est toujours là, entre les deux factions rivales depuis des millénaires, le dépaysement de cette plongée dans une grande cité de l'époque moderne et le travail effectué sur l'ambiance générale du titre.
Il demeure donc un plaisir réel de parcourir Constantinople, de découvrir ses monuments avec leurs nombreuses coupoles dorées, sans oublier les tours et autres minarets sur lesquelles on s'amuse toujours autant à grimper. Le moteur du jeu est inchangé, donc on n'est plus vraiment impressionné graphiquement, et ce même si les expressions faciales font plus vraies et que le clipping se fait plus discret. On se console plus avec les environnements fermés liés aux indices d'Altaïr, ou les camps de bases d'Ezio qui offrent des approches graphiques différentes que l'on apprécie plus. Enfin l'ambiance sonore est toujours au top, avec un fourmillement bien retranscrit de Constantinople et un casting français sans grands reproches... Sans oublier les musiques sublimes de Jesper Kyd, et du nouveau Lorne Balfe, qui renouvellent bien celle des épisodes précédant tout en restant à la même hauteur.
C'est plus du côté de la jouabilité qu'Ubisoft aurait mieux fait de revoir ses gammes. Si l'on s'amuse toujours à courir sur les toits de la ville, il est grand temps que les possibilités de gameplay évoluent pour la série, notamment en ce qui concerne les assassinats et approches furtives à proprement parler. Pouvoir se plaquer contre un mur ou se baisser commencent à devenir des options vraiment nécessaires. Alors certes, on a le choix concernant les différentes approches mais Ubisoft pourrit cette idée en imposant des méthodes à travers les objectifs secondaires pour viser une synchronisation totale. Si cela augmente un peu, même artificiellement, la durée de vie, je pense que cette idée fait surtout du tord à la saga.
Deux grandes nouveautés - appréciables mais pas indispensables - font leur apparition. En premier lieu, avoir un crochet rajouté à sa lame permettant de se raccrocher plus facilement après les sauts, de grimper plus haut mais surtout de se déplacer rapidement sur des fils tendus façon tyrolienne. Cette possibilité fait clairement son petit effet au début. D'un autre côté, il y a l'ajout des bombes, qui peuvent être offensives (donc un nouveau moyen d'éliminer les cibles), perturbantes ou permettent simplement servir de diversion (le jeu nous propose de les confectionner nous mêmes selon des matériaux aux effets différent ; une idée très sympathique, qui pourra amuser, mais qui n'est pas essentielle pour maîtriser le jeu.
Le jeu propose également toujours plus d'activités pour ceux qui aiment finir leurs jeux à 100%, avec la possibilité d'acheter beaucoup de magasins, de contrôler des quartiers ou encore collectionner les livres. On reste ici aussi dans les mêmes possibilités que Brotherhood. L'accent a de plus été mis sur la formation des assassins, que l'on peut toujours envoyer en mission dans divers villes, avec cette fois-ci la possibilité de les améliorer pour gagner de l'expérience. Le jeu propose même des phases en tower defense pour protéger les repères attaqués, même si elles s'avèrent finalement très anecdotiques. Ubisoft a donc voulu vraiment diversifier les activités au maximum pour ne pas que le défaut de répétitivité sévisse encore après le premier opus, néanmoins les nouveautés ne sont pas assez probantes pour y échapper à la comparaison malheureuse avec l'épisode précédent...
Cela se ressent surtout au niveau du mode multijoueur qui, s'il est grandement amélioré, n'est pas vraiment plus original que son prédécesseur. On y trouve encore les modes de Deathmatch et Chasse à l'Homme, quant aux modes Assaut de Reliques et Escorte, ils s'avèrent plus tactiques et peuvent apporter un peu plus de finesse à ce mode multijoueur qui en manque souvent (on peut notamment remercier Ubisoft Annecy d'avoir corrigé l'avantage à l'assaillant lors des parties, donnant donc plus de mérite à ceux humiliant leurs poursuivants). La bonne idée est également d'avoir inséré une trame scénaritique à débloquer pendant que l'on fait évoluer son profil, permettant d'en savoir plus sur Abstergo. L'évolution du profil est proche d'un système à la Call of Duty avec prise de niveaux, personnalisations de son pseudo, capacités à débloquer... A noter toutefois que si vous empruntez le jeu ou que vous l'achetez d'occasion, il vous sera demandé 10 euros (sur PS3 donc) pour y accéder au mode multijoueur (Ubisoft offrant tout de même trois jours d'essais pour se faire un avis tranché). Mais bon, ce mode reste toujours aussi secondaire à côté de l'aventure solo, déjà assez riche.
La conclusion de Bastien L. à propos du Jeu Vidéo : Assassin's Creed : Revelations #2 [2011]
Petite baisse de rythme pour la série. Si ce Revelations reste un bon jeu, tant en solo qu'en multi, il ne parvient pas à se hisser au niveau de Brotherhood sorti un an plus tôt. Le scénario n'est pas assez développé pour se permettre d'être aussi ambitieux dans sa multiplication des intrigues, et on reste également sur notre faim vis à vis du gameplay qu'il faudrait vraiment repenser... Des problèmes qu'on espère gommer dans le très attendu Assassin's Creed III.
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