Critique Deadpool [2016]

Avis critique rédigé par Bastien L. le jeudi 25 juillet 2024 à 09h00

Morte piscine

Alors que Deadpool et Wolverine est actuellemet sur nos écrans, retour sur les premières aventures au cinéma du super-héros.

Depuis quelques années, les gros studios hollywoodiens semblent de moins en moins frileux quant à proposer des histoires de super-héros plus matures sur de nombreux points. Une tendance étant une nécessité pour concurrencer l’ogre Disney/Marvel que l'on doit beaucoup à un certain Deadpool.

S'il est aujourd'hui un super-héros populaire, Wade Wilson / Deadpool n'est pourtant clairement pas le plus ancien. Cet anti-héros vêtu de rouge apparaît pour la première fois en 1991 dans un numéro des Nouveaux Mutants (série régulière dérivée des X-Men) sous la plume du scénariste Fabian Nicieza et les pinceaux du dessinateur Rob Liefeld. Ce mercenaire sarcastique, ancien compagnon d'armes de Wolverine, devient vite populaire auprès des lecteurs lui permettant d'avoir sa propre série dès 1993. C'est par ailleurs dans cette série que le côté décalé et transgressif du personnage explose notamment via sa propension à briser le 4ème mur. Dans une série en 2004, il y est aussi décrit physiquement comme un mélange entre Ryan Reynolds et un Pékinois ce qui explique que l'acteur canadien soit rattaché à un projet d'adaptation chapeauté par New Line Cinema la même année. Néanmoins, les droits du personnage restèrent dans les mains de la Fox qui voulu faire apparaître le personnage dans Wolverine (2009) en gardant Reynolds dans le rôle. Une apparition qui déçut beaucoup tant le film divisa et que le personnage issu des comics ne fut pas vraiment respecté.

Cela n’échauda néanmoins pas Ryan Reynolds et la Fox qui se penchèrent sur un spin-off complètement dédié à DeadPool en voulant être beaucoup plus proche des comics tout en en confiant l'écriture aux scénaristes Rhett Reese et Paul Wernick (duo responsable du scénario de Bienvenue à Zombieland...) en 2010. Alors que plusieurs réalisateurs furent envisagés (dont Robert Rodriguez), le choix se porta sur Tim Miller en 2011 dont c'est le premier film pour cet Américain issu du monde des effets spéciaux numériques (notamment sur la saga X-Men). Pour tenter de convaincre la Fox de plus en plus frileuse, Miller réalisa une séquence d'action devant démontrer le potentiel du film. Un échec au premier abord avant que ce test apparaisse mystérieusement sur la toile provoquant un grand enthousiasme sur les réseaux sociaux poussant la Fox à officialiser le film pour 2016. Dotée d'un budget d'environ 60 millions de dollars, la production fut prise en charge notamment par Ryan Reynolds mais aussi par les habitués des productions X-Men à savoir Simon Kinberg et Lauren Shuler Donner. Après un tournage au Canada et une post-production répartie entre différentes sociétés d'effets visuels, le film débarque en février 2016 dans le monde pour un excellent résultat. Outre un retour critique plutôt positif, Deadpool rapporte 780 millions de dollars au box-office mondial alors qu'il reçoit une classification le déconseillant aux moins de 16-17 ans. Un succès qui ouvrit une brèche dans laquelle s'engouffra des œuvres telles que Venom, Joker, Birds of Prey, The Suicide Squad ou bien sûr Deadpool 2...

L'histoire du film raconte la destinée du mercenaire freelance Wade Wilson (Ryan Reynolds), ancien des forces spéciales, qui file le parfait amour avec sa petite-amie, la prostituée Vanessa (Morena Baccarin) jusqu'au jour où il apprend qu'il est atteint d'un cancer en phase terminale. Se sachant vivre ses derniers moments, il se voit offrir la possibilité d'être guéri s'il laisse un laboratoire pratiquer des expériences sur lui afin d'en faire un super-héros. Il y rencontre le chef de projet Francis Freeman / Ajax (Ed Skrein) qui injecte un produit à ses patients devant les faire muter afin de révéler leur pouvoir. Un processus nécessitant des chocs émotionnels (donc de la torture) puissants afin de fonctionner. Processus que Ajax s'est lui-même infligé pour devenir un mutant doté de réflexes surhumains tout en étant complètement insensible. Lors d'une dernière expérience radicale, Wade apprend qu'il ne va pas devenir un super-héros mais un super-soldat à vendre au plus offrant. L'expérience réveille néanmoins en lui le pouvoir de l'immortalité tout en le défigurant monstrueusement. Il réussit néanmoins à s'échapper du laboratoire se faisant ensuite passer pour mort afin de prendre en chasse Ajax capable de lui rendre son apparence. Il devient ainsi le combattant masqué Deadpool, aidé par son meilleur ami Weasel (T.J. Miller), lancé à la poursuite d'Ajax. En chemin, il va se voir reprocher ses méthodes par le X-Men Colossus (Stefan Kapicic) accompagné par son apprentie Negasonic Teenage Warhead (Brianna Hildebrand) qui lui metteront des bâtons dans les roues.

Avant de parler plus en détails de son scénario, il convient d'abord d'évoquer ce qui fait l’originalité, et la force, de Deadpool : son ton. Comme il a été dit, le personnage d'origine offre des aventures assez violentes avec un ton sarcastique et moqueur brisant souvent le quatrième mur. Le film adapte très bien cet esprit et justifie pleinement qu'il ne soit pas à mettre devant tous les publics. Néanmoins, il ne faut pas voir le film comme étant vraiment mature et adulte dans sa représentation de la violence, des vannes ou de la sexualité. On est plus dans l'esprit d'un adolescent décomplexé comme si Deadpool était avant-tout un mélange entre un film de super-héros et une teen comedy bien grasse des années 2000. Cela se traduit de différentes manières à commencer pas des scènes d'action offrant une violence avant-tout graphique où le sang gicle à foison et quelques effets gores s'invitent à la fête. Ensuite, Deadpool est un anti-héros au langage familier, très souvent vulgaire qui ne cesse de se moquer de tout comme de tout le monde sans hésiter à le faire méchamment. Des vannes qui brisent ainsi le quatrième mur se moquant allégrement des blockbusters, des films de super-héros, des X-Men comme de Ryan Reynolds... Il y a aussi beaucoup d'humour visant le dessous de la ceinture complètement assumé. De même, l'amour entre Wade et Vanessa suit cette logique quand l'évolution de leur relation se fait à travers d'une succession de scènes de sexe... Alors certes, ça ne vise pas bien haut et on peut être totalement hermétique à ce genre d'humour. Néanmoins, Deadpool s'avère très efficace dans son humour et on (sou)rit souvent devant les pitreries du héros face à d'autres personnages que ne manquent pas de mordant. Et c'est mine de rien assez rafraîchissant pour ce genre de film ayant trop tendance à se prendre au sérieux ou n'offrant que des personnages un peu lisses avec un humour gentillet servant souvent à faire retomber la pression.

Malheureusement, cet humour si efficace prend bien plus le pas sur un scénario bien trop classique. On a affaire à la fameuse origin story très balisée où l'on a l'impression de voir un mélange entre Captain America (pour l'infirme prenant un sérum afin de devenir un super-héros) et Wolverine (pour le cobaye pourchassant son créateur après une expérience violente). Une histoire de vengeance et de trahison, d'amour impossible puis de la nécessité de s'ouvrir aux autres malgré la peur d'être rejeté... On ne regarde pas Deadpool pour son scénario ou ses thématiques qu'il n'ose à peine aborder. Et c'est dommage car ce scénario trop classique devient finalement un frein au délire ambiant qui parfois fonctionne plus comme des pauses (très efficaces encore une fois) dans une intrigue balisée. L'aspect comédie et l'action débridée ont aussi un impact souvent négatif sur cette histoire qui veut parfois tirer sur la corde émotionnelle sans jamais y parvenir. Après avoir présenté avec autant de déconne l'amour entre Wade et Vanessa, on a du mal à prendre au sérieux les souvenirs émus de Deadpool voyant sa dulcinée nimbée d'une lumière paradisiaque... Heureusement que le film se rattrape sur son côté divertissant mais aussi sur les personnages secondaires qui sont plutôt intéressants dans l'ensemble. Vanessa transforme l'archétype de la petite-amie, plus ou moins en détresse, en femme forte assumant pleinement sa sexualité. Le meilleure ami Weasel offre quant à lui un partenaire idéal de vannes tandis que le méchant Ajax fonctionne parfaitement tant il est plus premier degré face à un adversaire qui en fait des tonnes. Ensuite il y a Colossus, le chevalier blanc moralisateur servant de punching-bull accompagnée de Negasonic Nuclear Warhead qui embrasse pleinement l'archétype de l’adolescente rebelle et blasée dans une caricature qui fonctionne parfaitement.

Là où le métrage surprend beaucoup c'est via sa relation avec les différents films X-Men. Tout d'abord, il ne semble pas vraiment faire état du personnage de Deadpool dans Wolverine comme si son apparition n'existe plus dans l'univers de ce film de 2016. On a donc affaire à un tout nouveau personnage qui existe pourtant dans l'univers de la franchise cinématographique X-Men via notamment le personnage de Colossus qui fait partie de l'équipe des mutants dont on voit le repère avec de nombreuses références tant au Professeur X qu'à Wolverine. Que cela soit pour se moquer d'eux ou parler des acteurs qui les incarnent. Le film peut donc se voir de manière indépendante même si les références pullulent faisant qu'il risque de mal vieillir plus le temps passera sur certains points. Et si les films X-Men partent de plus en plus loin dans la science-fiction et les uchronies, Deadpool reste quant à lui plutôt sage de ce côté préférant dépeindre un monde assez ordinaire où existent quelques êtres extraordinaires. Cela offre un environnement surtout urbain qui devient un terrain de jeu pour notre anti-héros y pourchassant et combattant le crime organisé. Seule la fin offrira ce qu'il faut de combats impressionnants entre mutants en rajoutant la surpuissante Angel Dust (Gina Carano) à liste des mutants cités dans cette critique.

A la barre de cette œuvre mélangeant autant action que comédie, Tim Miller s'avère être un capitaine plus que compétant. On sent que l'Américain a un passif dans les effets visuels tant ces derniers sont de qualité et s'intègrent parfaitement à sa mise en scène. Il s'en sert d'outils très efficaces pour donner vie à des scènes d'actions toujours très lisibles et plaisantes à regarder. Notamment la scène sur l'autoroute au début du film qui condense parfaitement l'esprit du film avec un dynamisme, une fluidité et une bonne utilisation des ralentis. Si Tim Miller s'avère ainsi très compétant pour dominer son sujet sur un blockbuster en faisant bien vivre ses personnages tout en offrant parfois quelques plans impressionnants. On le sent moins à l'aise avec les échanges comiques où ses comédiens prennent clairement le dessus à de nombreux moments. Néanmoins, on ne peut être que conquis par la performance de Ryan Reynolds (Wolverine, Green Lantern...) dans un rôle qui lui va sur mesure où il fait parler son physique musclé comme son incroyable sens de la répartie. Ryan Reynolds est Deadpool, aucun doute là dessus ! A ses côtés, la sublime Morena Baccarin (Firefly, Gotham...) rend très attachant son personnage plutôt bien écrit. L'humoriste T.J. Miller (Cloverfield, Transformers : L'Âge de l'extinction...) est complètement dans son élément en incarnant le sarcastique Weasel devenant une sorte de sidekick peu motivé. On retiendra aussi Ed Skrein (Le Trône de fer...) en grand méchant où il fait parler son physique impressionnant dans un sérieux assez glacial. Le reste du casting oscille aussi entre l'humour et le sérieux avec efficacité.

La conclusion de à propos du Film : Deadpool [2016]

Auteur Bastien L.
69

Deadpool n'est clairement pas un sommet du genre à cause d'un scénario bien trop classique qui a souvent du mal à se mélanger avec le délire ambiant. Néanmoins, il offre une approche rafraîchissante des adaptations des héros Marvel à l'écran. Enfin une œuvre qui ne se prend pas au sérieux avec un héros bête et méchant qui trucide des méchants à la pelle tout en déconnant en permanence. Le tout dans un spectacle divertissant, correctement mis en scène et doté de bons personnages secondaires bien interprétés. Si beaucoup de films de super-héros font appel aux enfants qui sommeillent en nous, Deadpool choisit de faire appelle à l'adolescent et ça fait du bien...

On a aimé

  • Un divertissement bien rythmé et bien filmé
  • L'humour régressif
  • La prestation de Ryan Reynolds

On a moins bien aimé

  • Un scénario trop classique
  • Un réel manque de fond
  • Les séquences "émotions"

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