Critique Les Sorcieres d'Eastwick [1987]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mardi 13 février 2007 à 16h18
Amours de sorcières
Bercées par la douce musique de John Williams, trois jolies femmes à la fleur de l’age, la blonde Sukie, la rousse Jane et la brune Alex, coulent des journées paisibles dans la petite ville de Eastwick, une petite communauté anglicane établie sur la côte est des Etats-Unis.
Un jour, la sérénité de la cité - et l’existence tranquille de ces célibataires endurcies - va être perturbée par l’arrivée d’un richissime et exubérant personnage. Installé dans un cossu manoir près du centre ville, Daryl Van Horne va alors réussir, malgré sa grossièreté et ses manières exécrables, à séduire ce trio en manque affectif, créant à l’occasion un inhabituel et turbulent ménage à quatre.
Cette situation a pour conséquence d’entraîner le courroux des bonnes consciences de la ville qui ne voient en cette polygamie affichée qu’une démonstration impudique de débauche et de stupre. Pourtant, au manoir, malgré des débuts idylliques, tout n’est pas si clair. En effet, Daryl Van Horne semble posséder des pouvoirs surnaturels qu’il parvient à communiquer à ses maîtresses. Tout d’abord étonnées, celles-ci finissent par très bien s’en accommoder. Et quand elles vont commencer à devenir réticentes aux exigences de ce male rustre et machiste, la situation va rapidement se dégrader… Et la sorcellerie va s’en mêler.
Les Sorcières d’Eastwick - un film de George Miller - est quelque peu passé en retrait dans les mémoires cinéphiles. Je pense que cela est un tort tant cette œuvre m’apparaît comme l’une des pièces maîtresses dans la liste des comédies fantastiques des années 80. Tout d’abord, de part son traitement exclusivement adulte, destiné aux adultes (la mode est alors aux comédies de teenagers, ne l’oublions pas). En effet, au-delà d’un scénario gentiment polisson et extrêmement malicieux, le film présente un regard critique sur la société moderne avec son lot de femmes actives isolées, à la recherche du grand amour (même si ce coté social est bien moins mis en valeur que dans le roman éponyme de John Updike, qui servit de support au script). Un Ally McBeal et un Desperate Housewives sulfureux avant l’heure, en quelque sorte. Les Sorcières d’Eastwick présente donc un échantillon de femmes prêtes à tout pour plonger dans un tourbillon émotionnel, quitte à pactiser avec le Diable.
Cela pourrait sembler un peu restrictif, voire carrément sexiste. On peut pardonner ce travers à un scénario très bien écrit, d’autant plus qu’il y a une inversion de la situation sur la fin et qu’il met en valeur un trio de stars de manière extraordinaire. En effet, plus que d’un Jack Nicholson en démon déchaîné dansant sur du Puccini (Bill Murray avait d’ailleurs été pressenti dans un premier temps), la véritable force du film vient de la magie dégagée par ses comédiennes. Au sommet de leur art, et de leur beauté, Susan Sarandon, Michelle Pfeiffer et Cher nous embarquent dans un véritable festival romantique et glamour. Filmées par un réalisateur explicitement amoureux de ses actrices, ces trois grâces illuminent l’écran de leur élégance mais aussi de leur espièglerie. Et nous transportent avec succès au cœur des comédies Hollywoodiennes de la grande époque, celles qui réunissaient Jane Russell, Cyd Charisse ou Marylin Monroe.
De plus, si le scénario suit un trame narrative calquée sur les comédies de mœurs des années 50, il a pour particularité d’être parsemé de gags dramatico-burlesques, comme savait si bien le faire Frank Capra. Ainsi, du sketch de la partie de tennis avec balles capricieuses au déferlement vomitif de noyaux de cerises, tous les gags sont extraordinairement bien placés et ont pour mérite de mettre en valeur une quatrième comédienne de grande classe. En effet, il serait honteux de parler de ce film sans mentionner la performance extraordinaire de Veronica Cartwright. Dans son rôle de femme bigote revancharde et victime des sortilèges de Van Horne, l’actrice est tout à tour agaçante et attendrissante, et nous entraîne dans une réjouissante montagne russe émotionnelle, servant à l’occasion d’accroche réaliste (la séquence de l’hopital).
Du coté des effets spéciaux, pas grand-chose de remarquable. Il faut dire qu’afin de respecter l’atmosphère ‘’vintage’’ de cette comédie, les techniciens ont du se résoudre à se faire discrets. Au programme, quelques séquences de vol et quelques trucages visuels, plus les maquillages de Rob Bottin sur un Jack Nicholson enragé, travail minutieux qui finira par la création d’un créature démoniaque assez réussie dans le style burlesque lorsque l’acteur apparaîtra sous sa forme infernale.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Les Sorcieres d'Eastwick [1987]
Les Sorcières d’Eastwick est une comédie de grande qualité, interprété par un casting de rêve. Si l’on peut regretter que l’aspect critique sociale du scénario soit traité de manière un peu trop légère, on se console avec des situations humoristiques et burlesques de haut vol, excellemment mises en image par un George Miller étonnant, loin de son univers « Mad Maxien ». Et surtout, ne pas oublier la musique de John Williams, qui nous offre là peut-être l’un de ses meilleurs « score ».
On a aimé
- Scénario original
- Casting de rêve
- Humour décapant
- Atmosphère glamour
On a moins bien aimé
- Traitement un peu léger
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