Critique Prototype 2 [2012]

Critique de la version PS3

Difficile de se faire une place au soleil quand on parle de jeu vidéo d'action. Un genre surreprésenté faisant forcément des victimes qui ne déméritent pas pour autant mais dont la destinée frustrée signe parfois la fin d'un studio... C'est un peu l'histoire de Prototype 2.

Sorti en 2009, le premier Prototype avait été un succès autant commercial que public malgré les nombreuses réserves (que nous partageons) l'ayant entouré. Pas de quoi inquiété l'éditeur Activision qui valide rapidement le développement d'une suite par le studio canadien Radical Entertainment déjà responsable du premier opus. Malheureusement, cela se fit sans la présence de l'équipe créative originale partie sous d'autres cieux. Le développement de trois ans se fit sous la direction de Tom Legal à la réalisation et de Kenneth Rossam à la production. Le jeu sort finalement au printemps 2012 sur PS3 et Xbox 360 puis l'été sur PC. Malgré un accueil critique plutôt positif, les ventes ne sont pas au niveau espéré faisant de Prototype 2 une sorte de chant du cygne pour Radical Entertainement qui dû se séparer de nombreux employés pour devenir une sorte de studio d'appoint pour Activision. A noter que le jeu connu un portage sur PS4 et Xbox One durant l'été 2015.

Le jeu se déroule un an après le premier opus alors qu'on fait la connaissance avec James Heller, un ancien marine ayant servi en Irak et qui retrouve sa ville de New-York ravagée par une nouvelle épidémie. Mais le pire est à venir quand il apprend que sa femme et sa fille font partie des victimes. Il développe une haine farouche envers celui qui est considéré comme le responsable de l'épidémie, Alex Mercer (héros du premier opus), et décide de rejoindre une organisation militaire aux lourds secrets, Blackwatch. Si cette organisation est censée gérer et enrayer l'épidémie à New-York, elle offre surtout à James l'occasion de se rapprocher de Alex Mercer afin de l'éliminer. Une opportunité qui arrive vite mais Mercer se retourne contre lui et surtout l'infecte d'une étrange façon lui donnant ainsi les mêmes pouvoirs que lui. Il lui explique aussi qu'il peut l'aider à faire la lumière sur l’épidémie en enquêtant sur les machinations du Blackwatch. En effet, il ne semblerait pas que les motivations de cette organisation soit en adéquation avec la sauvegarde de la population. Il se rapproche ensuite de son pasteur Luis Guerra qui est une sorte de résistant face à la main mise du Blackwatch sur New-York et qui voit dans ses pouvoirs, comme sa relation avec Mercer, une aubaine pour enfin faire la lumière sur tout. Néanmoins, il se demande s'il peut vraiment faire confiance à Alex Mercer qui semble en savoir bien plus qu'il ne lui dit... James Heller va donc se lancer dans une quête où alliés comme ennemis vont se confondre...

Prototype ne nous avait clairement pas enchanté pour son histoire et malheureusement sa suite réussit à faire pire à ce niveau. L'histoire est avant-tout un prétexte pour lancer James Heller sur sa quête de vengeance comme de vérité sur les tenants et aboutissants de l'épidémie. Le scénario se suit comme un train lancé à pleine vitesse où notre héros est parfois ballotté par des alliances qui se retournent contre lui mais se contente surtout de faire ce qu'on lui demande du début à la fin. Les dialogues sont d'une pauvreté affligeante et la mise en scène des cinématiques restent bien trop fonctionnelle malgré quelques unes qui sortent du lot notamment au début. Il y a quelques efforts sur celles qui sont en images de synthèse donc différentes de celles faîtes avec le moteur du jeu avec une ambiance noir et blanc appréciable. Mais on reste clairement sur notre faim face à une narration paresseuse qui mise tout sur un héros surpuissant qui passe son temps à balancer des punchlines vulgaires et froncer des sourcils pour montrer à quel point il n'est pas content... Et cela tombe souvent à plat dans une histoire qui finalement ne raconte pas grand-chose comparée au premier opus bien plus riche dans ses thématiques abordées. James Heller n'est qu'un pion pendant la majeure partie de l'aventure et on suit son parcours pour devenir un véritable héros qui va devoir utiliser une grande violence afin de parvenir à ses objectifs. Et ce à travers quelques leçons d'humilité et d'espoir... Enfin, on peut aussi regretter des personnages secondaires pas vraiment bien travaillés et assez peu consistants dont un Alex Mercer qu'on passe notre temps à dire qu'il ne va pas être content et qui ne fait pas grand chose au final...

En ce qui concerne ses graphismes comme sa technique, Prototype 2 souffre d'un paradoxe : il est bien plus beau et convaincant que le premier opus mais reste néanmoins en dessous de ce que la génération PS360 savait faire en 2012... On reste toutefois agréablement surpris de notre découverte du titre tant les améliorations depuis Prototype sont palpables. La ville de New-York vise moins un photo-réalisme un peu fade mais est bien plus convaincante et plus originale dans sa nouvelle version ayant connu son lot de catastrophes. On a donc l'impression d'avoir un jeu digne de sa génération de consoles avec des immeubles ayant plus de caractères et différents quartiers (le jeu est divisé en trois grandes îles) qui apportent des ambiances différentes selon la colorimétrie choisie, les types de bâtiments ou la manière dont ils sont touchés par l'épidémie. Que cela soit les environnements ou les personnages, on a l'impression qu'ils ont pris plus de corps, plus de consistance pour nous offrir un espace de jeu bien plus satisfaisant. Le jeu est techniquement assez solide tenant bien la route notamment quand il y a une profusion d'ennemis humains et infectés (dont certains assez gros) qui s'affrontent avec des tanks et hélicoptères faisant le ménage. La fluidité est aussi de mise notamment dans les déplacements du personnage qui font le sel de la série Prototype.

Comme le premier épisode, Prototype 2 est un monde ouvert mélangeant de l'action avec de l'exploration et un très léger zeste de RPG dans le sens où on peut faire évoluer son personnage dans des directions légèrement différentes. Mais le plus gros du gameplay reste bien l'action car toutes les missions nous demanderont d'en découdre avec certes la possibilité de jouer certains passages en infiltration mais ce n'est jamais imposé ni forcément le plus palpitant. Comme pour le premier opus, le virus inoculé sur notre héros lui permet d'ingérer ses ennemis pour regagner de la vie ou connaître leurs souvenirs tout en lui permettant de modifier son anatomie pour disposer d'armes sous formes d'excroissances : griffes, longue lame, fouet, poings à la Hellboy et autres joyeusetés. A vous de trouver ce qui vous plaira d'autant que chaque pouvoir dispose d'une attaque spéciale assez dévastatrice. On dispose aussi de deux attaques spéciales assez jouissives qui sont utilisables quand une jauge dédiée est remplie : une sorte d'explosion projetant des filaments qui détruisent tout sur leur passage où la capacités d'invoquer des montres puissants combattant à nos côtés. Une nouveauté qui s'accompagne de plusieurs évolution de gameplay par rapport au premier opus. On a enfin la possibilité d'esquiver les attaques ennemis avec une simple touche rendant beaucoup plus fluides les combats permettant de donner le tournis à nos ennemis et de les attaquer dans leur dos. On peut toujours prendre le contrôle des tanks et des hélicoptères mais cette fois on peut aussi simplement en arracher leur arme la plus puissante pour s'en servir. On découvre aussi la possibilité d'implanter une bombe dans le corps d'un ennemi pour ensuite le balancer au milieu des autres. Bref, toute une panoplie afin de proposer un beau défouloir.

Et cela fonctionne ! Prototype 2 est amusant, typiquement le genre de jeu qui propose une action assez primaire et un peu gore pour se défouler et enchaîner les différents types d'armes comme capacités. Une action qui reste plaisante du début jusqu'à la fin quand bien même elle ne saurait masquer un cruel manque d'évolution ou de nouveauté au fur et à mesure des 10 à 15 heures que vous demandera le jeu. Les quelques boss se répètent malheureusement et celui de fin fait un peu l'effet d'un pétard mouillé sans être complètement raté. Il y a bien des à côtés un peu plus satisfaisants que dans le premier opus avec des petites quêtes annexes scénarisées, des choses à dénicher ou encore le nettoyage de zones souterraines assez sympathiques. Cela vous permet d'augmenter les capacités de personnage que cela soit sa vitesse, sa résistance ou encore sa puissance... Le gameplay mélangeant action et ingestion d'ennemis (notamment pour regagner de la vie) a donc été amélioré comme il se doit sans oublier un des points forts du jeu : les déplacements du héros. Sa capacité à grimper partout et à planer rendent nos pérégrinations assez fascinantes et relaxantes où l'on incarne une sorte de super-héros en devenir que personne ne peut stopper. Car oui le jeu est bien plus simple que le premier opus offrant peu de challenge (du moins en mode normal) aux joueurs chevronnés.

On vous le conseille si vous aimez Prototype, Infamous 2, Venom...