Critique Oliver & Compagnie [1989]

Avis critique rédigé par Bastien L. le dimanche 30 mars 2025 à 09h00

Un chaton à New-York

Critique de la version française

Enormément de films d'animation produits par Disney sont passés à la postérité berçant l'enfance d'un nombre innombrables d'enfants. Et dans leur ombre, il y a quelques films ayant un peu plus de mal à se faire une place au soleil comme Oliver & Compagnie.

Ce film tient son origine dans la décennie la plus compliquée pour l'animation chez Disney à savoir les années 1980 alors que Taram et le chaudron magique (1985) est en train de décevoir tandis que Michael Eisner et Jeffrey Katzenberg ont repris les reines de la société. Lors d'une réunion où les deux boss réclament des idées comme prochain films, l'artiste Pete Young propose une version du roman culte Oliver Twist de Charles Dickens mais avec des chiens. L'idée est validée pour une adaptation très libre sur laquelle vont se pencher beaucoup de scénaristes faisant ou non partie de la maison Disney. Pour l'anecdote citons les participations d'un jeune James Mangold (Logan, Indiana Jones et le Cadran de la Destinée...) mais aussi des réalisateurs des grands classiques de la firme aux grandes oreilles des années 1990 comme Gary Trousdale (La Belle et la Bête...), Roger Allers (Le Roi Lion...) ou Kevin Lima (Tarzan...). En attendant leur heure, la réalisation du projet qui nous intéresse est confiée à George Scribner travaillant dans l'industrie depuis le début des années 1980 que se soit sur des séries animées (Transformers...) ou des longs-métrages (Métal Hurlant...) dont Taram et le chaudron magique pour lequel il a été animateur. Un réalisateur qu'on ne retrouvera ensuite que sur quelques court-métrages Disney dans les années 1990... Le film sort dans le monde entre 1988 et 1989 (à l'automne chez nous) doté d'un budget de 30 millions de dollars et d'une utilisation plus poussées de l'animation par ordinateur. Le film est une réussite publique mais moins critique. Il a néanmoins développé un certain statut avec le temps. La nostalgie jouant beaucoup quand il s'agit de Disney...

Le film se déroule à New-York dans les années 1980 alors que l'on découvre le chaton de gouttière Oliver dans un carton aux côtés d'une portée assez importante étant vendue au tout-venant. Oliver assiste à l'adoption de tous ses frères restant alors seul et devant quitter son carton lors d'une pluie torrentielle. Il est donc isolé et affamé dans l'impitoyable métropole américaine lorsqu'il rencontre le chien errant Roublard qui l'entraîne avec lui voler un chapelet de saucisses avant de le planter. Oliver le suit et atterrit dans un modeste navire où il rencontre la bande de chiens de l'humain Fagin. Il y a certes Roublard mais aussi le chihuahua excité Tito, le bulldog Francis épris de théâtre, le grand danois Einstein un brin simple d'esprit et la lévrier persan Rita un peu plus lucide que ses camarades. Malheureusement, Fagin doit beaucoup d'argent à l'usurier Sykes qui, accompagné de deux dobermans très menaçants, donne trois jours à son créancier pour le rembourser avec intérêts. Les chiens vont donc préparer une combine entraînant Oliver avec eux qui va tomber dans les mains de la jeune richissime mais solitaire Jenny lorsque les choses vont mal tourner...

Le scénario de Oliver & Compagnie est assez simple se concentrant surtout sur les personnages plutôt qu'un enchaînement de péripéties. Il faut dire que que toute la galerie de personnages (à qui il faut ajouter Georgette, la chienne de concours/diva de Jenny) est assez attachante car ils disposent d'un réel temps d'écran pour être bien caractérisés que cela soit via leur apparence ou leur comportement. On trouve très sympathique cette bande de laissés-pour-compte qui vit de rapines et qui accueille un petit chaton téméraire parmi eux. Le film raconte de manière assez légère cette volonté d'avoir une famille pour éviter une cruelle solitude comme on le voit souvent dans des films mettant en scène des animaux domestiques. Une famille qui peut ainsi prendre différentes formes s'éloignant de celle biologique à travers les différences de races et d'espèces de la bande de Fagin ou pour le personnage de Jenny dont les parents sont bien trop absents. Une thématique renforcée par la ville de New-York explorée à hauteur animale pouvant dévorer les êtres solitaires que se soit littéralement avec les dobermans ou métaphoriquement avec Sykes ayant mis Fagin au pied du mur...

Le film est plaisant car c'est un divertissement qui fonctionne très bien sur un jeune public lors offrant un lot de personnages mignons, de gags qui font mouche mais aussi de chansons comme de péripéties qui rythment agréablement ce film de 1h15. Notamment un final prenant sous forme d'une course-poursuite assez folle dans la Grosse Pomme. Néanmoins, le film sera peut-être moins captivant pour un public plus âgé qui sait pertinemment qu'on peut trouver bien plus ambitieux à tous les points de vue que cela soit chez Disney mais aussi dans la concurrence de l'époque dont les films de Don Bluth (notamment Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles sorti au même moment). L'histoire prend tellement le temps d'installer ses personnages qu'il devient ensuite compliqué d'étaler ses péripéties et sa résolution sans utiliser de nombreuses facilités...

Pour ce qui est de son univers, Oliver & Compagnie est à ranger dans la catégorie des Disney les plus « réalistes » aux côtés de La Belle et le Clochard, Les 101 Dalmatiens ou Les Aristochats. A savoir un aspect fantastique assez léger puisque le monde se veut réaliste avec des animaux qui restent on ne peut plus normaux aux yeux des humains mais qui communiquent aisément entre eux et qui réalisent des actions impossibles dans notre monde. Un zoo-anthropomorphisme léger donc mais bien présent. Film réaliste aussi dans la présentation de New-York à travers ses monuments et lieux reconnaissables mais aussi ses clichés comme les taxis jaunes ou ses vendeurs de hot-dogs. La cité est un mélange de dessins typique des productions animées de l'époque mais aussi des sortes d'ébauches stylisées quand il s'agit de plans larges ainsi que des véhicules réalisés en images de synthèse. Un mélange qui fonctionne la plupart du temps. Il est aussi intéressant de noter que le film a vieilli sur de nombreux aspects et qu'il détonne un peu dans le paysage Disney avec des héros canins assez portés sur la gente féminine avec quelques sous-entendus mais aussi quelques clichés sur les relations hommes-femmes et les origines géographiques de certains personnages franchement passés de mode dans la production actuelle... Dans l'ensemble, l'aspect purement artistique du film est solide mais manque clairement d'originalité comme de folie.

S'il y a bien un point sur lequel Disney ne déçoit jamais c'est bien la qualité de son animation en 2D qui est ici toujours au poil. Les différentes morphologie des personnages sont parfaitement retranscrites donnant encore plus de force à leur caractérisation que cela soit la souplesse des jeunes chatons ou la puissance des dobermans. La génération qui va porter le nouvel âge d'or de Disney se fait clairement les mains de manière magistrale. On sent aussi une réelle expérimentation de l'animation par ordinateur pas vraiment très concluante ici. Les véhicules, décors et mouvements de caméras par ordinateur jurent vraiment et ont peine à rester cohérents avec le reste du film à l'image de quelques passages de la poursuite finale. Et qui dit technologie encore balbutiante dit coup de vieux inévitable pour les spectateurs des années 2020. George Scribner est pour sa part dans la lignée des réalisateurs Disney à savoir un chef d'orchestre assez anonyme qui vise surtout à mettre en lumière son récit de manière très efficace tout en rendant justice au travail de ses animateurs. Pour ce qui est de la version française du film, on est encore une fois dans de la qualité quand on parle des doublages des films d'animation Disney. Des professionnels qui donnent vie avec générosité à leurs personnages dont l'immense Patrick Poivey pour doubler Roublard.

On vous le conseille si vous aimez Les Aristochats, Les 101 Dalmatiens, Les Aventures de Bernard et Bianca...

La conclusion de à propos du Film d'animation : Oliver & Compagnie [1989]

Auteur Bastien L.
70

Malgré son statut de second couteau du catalogue Disney, Oliver & Compagnie est un divertissement efficace qui fera largement effet sur un jeune public. Mais que cela soit dans les personnages, l'humour, l'histoire, les chansons ou la direction artistique, on reste clairement un cran en dessous d'un grand nombre de classiques de l'oncle Walt. Reste une animation toujours aussi réjouissante quand elle fait confiance à la tradition...

On a aimé

  • Un bon divertissement familial
  • Une bonne gallerie de personnages
  • La qualité de l'animation

On a moins bien aimé

  • Une histoire trop précipitée
  • L'animation 3D
  • Un Disney de seconde zone

Acheter le Film d'animation Oliver & Compagnie [1989] en un clic

Nous vous proposons de comparer les prix et les versions de Oliver & Compagnie [1989] sur Amazon, site de vente en ligne dans lequel vous pouvez avoir confiance.

Retrouvez les annonces de nos dernières critiques sur les réseaux sociaux

Sur Facebook | Sur Twitter