Critique La grande aventure LEGO [2014]

Il semblerait – après avoir effectué quelques recherches - que les briques Lego fassent la joie des petits et parfois des grands depuis 1949 (même si le brevet aurait été déposé seulement en 1958) . Bref, tout ça pour dire que les Legos sont multi générationnels et qu'ils nous ont, du moins dans un bon nombre de cas, permis de développer notre créativité et aidé à recréer les univers que nous aimions (je me rappelle encore de mon vaisseau Albator tout en Lego). Depuis, ce géant du jouet a aussi récupéré quelques grosses licences comme Star Wars, Harry Potter, l'univers DC, L'univers Marvel et bien d'autres encore, déclinant même celles-ci sous la forme de séries animées ou encore de jeux vidéos. Pour autant, les premières petites perles qui animaient nos jouets favoris ne datent pas d'aujourd'hui et dès les débuts du web nous pouvions découvrir des amateurs créant de petits films en stop-motion (jouets filmés image par image).

Jouant de cette pluralité, l’histoire de cette "grande aventure Lego" nous amène à faire la connaissance d’Emmet, un petit personnage conventionnel, très solitaire, même s'il aurait bien aimé qu'il en soit autrement. Alors qu'une nouvelle journée, aussi banale que les autres, est sur le point de se termine, le destin, ou plutôt une prophétie, va l'entraîner dans un périple mouvementé et inattendu, où il voyagera dans des lieux divers et variés, rencontrera quelques fortes personnalités (dont quelques-unes sont déjà connus via la bande-annonce), avec pour mission de mettre hors d’état de nuire le redoutable Président Business et sauver le monde des Legos. Ce qui n'est pas rien pour un monsieur Tout-le-Monde !

Il serait pratique de vous dire de faire confiance à la bande-annonce qui ne ment - presque - pas sur la marchandise, en affirmant que ce film est même encore meilleur que cette dernière. Non, sérieusement, il va peut-être falloir argumenter plus que cela pour vous persuader que ce film mérite d'être découvert (bien que...), mais l'exercice sera surtout délicat, car trop en dire reviendrait à gâcher votre plaisir de spectateurs.

L'histoire de Lego, la grande aventure, a été certainement pensée par des génies nostalgiques qui ont su parfaitement entrevoir les possibilités qui leur étaient offertes. On a, d'un côté, Dan Hageman et Kevin Hageman, scénaristes d’Hôtel Transylvanie, et de l'autre, Phil Lord et Christopher Miller, réalisateurs et scénaristes de ce film, mais aussi, de Tempête de boulettes géantes. Ce quatuor réussit, à travers une histoire parfaitement originale, à s'imprégner de toute la magie qu'on pouvait ressentir à la vision des trois Toy Story, mais aussi à conserver toutes les spécificités propres de l'univers Lego. S’inspirant beaucoup de la dérision jouissive des cinématiques que l'on pouvait trouver dans les jeux vidéo, la force des scénaristes a été d'emprunter parfois des routes inattendues. Puis, nostalgie, émotion et humour se mélangent harmonieusement, tel un plat parfaitement préparé par un chef cuistot (sauf que, là, ils sont donc plusieurs). Pour être honnête, c'est la société de jouets qui va être ravie de voir ses ventes augmentées, car elle ne pouvait pas rêver meilleure publicité. Mais voilà, comme c'est sacrément bien écrit, pour le coup... Et bien l’on n’arrive pas à s'en plaindre, même si à la sortie les parents risquent de devoir débourser pour satisfaire leurs mioches (à moins que ça soit pour eux).

Par contre, on regrettera le doublage français, surtout en première partie, qui ne se montre pas particulièrement d'une grande qualité, certaines phrases prononcées étant à peine audibles. Côté regret, on pourra émettre aussi une légère déception sur l'utilisation du relief, très loin de faire office de démo, ou encore du fait que le film n’est pas réalisé en stop-motion réel, mais en image de synthèse - cela même si l'effet est saisissant de réalisme et qu'on est souvent sujet au doute sur la technologie employée. Il faut dire que la moindre explosion, flamme, fumée, bref le moindre atome aperçu dans le film est construit sous forme de Legos et se montre saisissant de réalisme, tout comme il faut avouer que, dans le cadre de certaines séquences, il aurait été très difficile de traiter les éléments apparaissant à l'écran de manière traditionnelle. Reste que, en faisant preuve d’une totale mauvaise fois, et par amour pour nos Legos, il aurait été amusant de se dire que des personnes se sont acharnées à construire chacune des pièces montrées dans le film. Pour le reste, la mise en scène et le montage fonctionnent plutôt bien, du moins confèrent une dynamique suffisante pour que l'on ne s’ennuie pas une seconde - cela même si le tout début du film apparaît peut-être comme un peu confus.