Critique La musique du sang [1985]
Avis critique rédigé par Manu B. le samedi 17 décembre 2005 à 05h07
Noosphère
« Chaque heure qui passe voit naître et mourir des myriades de milliards de petits êtres vivants – microbes, bactéries, les rustres de la nature – qui ne comptent guère que par leur nombre considérables et l’accumulation de leur minuscules existences. Ils ont un champ de perception bien limité et ne souffrent pas. La mort d’une centaine de milliards d’entre eux serait loin d’être comparable à celle d’un seul être humain.
Dans l’échelle de grandeur des créatures, qu’elles soient petites comme les microbes ou grandes comme les humains, il y a égalité d’ « élan », exactement comme les rameaux d’un grand arbre, réunis, égalent la grosseur des branches inférieures, et celles-ci, la grosseur du tronc.
Nous y croyons, de la même manière que les rois de France croyaient à la hiérarchie de droit divin. Qui, de notre génération, serrait d’un avis différent ?… »
Vergil Ulam est un brillant généticien, mais pendant ses heures perdues pendant quelques années, alors qu’il travaille pour un laboratoire axé sur les bio-puces, fait des recherches contraires à l’étiquette du laboratoire en question. Cela lui vaut d’être renvoyé. Mais il est certain que ses recherches privées sur le matériau cellulaire est peut-être une avancée spectaculaire pour l’homme, pour sa carrière et son avenir scientifique. C’est pourquoi, alors qu’il doit détruire toutes les cultures de ses études, il décide, au pied du mur, de s’inoculer les lymphocytes qu’il a cultivés, alors qu’il ne connaît pas les dangers potentiels de ces dernières. Seul chez lui, au chômage désormais, il décèle chez lui un changement physique de son corps…
Greg Bear est un auteur de talent dont le présent roman semble appartenir à plusieurs genres: cyberpunk, hard-science, roman futuriste apocalyptique, on trouve une parenté avec le fléau de King, Solaris de Lem, ou le film Alerte.
L'auteur explore les laboratoires de recherche et ses dérives. Car la question est de savoir ce qui se passe vraiment dans ces lieux où les recherches underground sur la génétique avancent mais loin des yeux du commun des mortels. Que font les généticiens avec nos cellules ? Quel sera ce qui sortira des expériences en nanotechnologie ? On sait que la science planche sur des nanocytes qui nous permettraient de guérir les cellules cancéreuses mais qui sait ce qui va sortir si l'on perd le contrôle de ces cellules intelligentes ?
Vers la Singularité.
Là est le noeud du problème.
La noosphère est une extension de la notion de cybersphère, à l'échelle de la conscience des hommes, pour faire simple. La mise en réseau de milliards de consciences pourrait elle se faire ? Quel en serait le support ? Vivant ?
Ce roman explore de manière intéressante et complètement novatrice, à l'époque, la notion de Singularité. Une dizaine d'années avant que Vernor Vinge se penche sérieusement sur le problème, ce roman fait date en décrivant un des scénarios possible les phases de pre-singularité, le temps T de la Singularité et la post-singularité au temps T+ε, c'est-à-dire quelques moments après.
Dans ce background techno-futuriste, Greg Bear conduit une formidable histoire palpitante de bout en bout, décrivant à la façon d'un polar cette rapide accélération vers le point de la Singularité.
Ce roman est dans la lignée des romans du génial Greg Egan, palpitant, avec une écriture épurée et une intrigue passionnante.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : La musique du sang [1985]
Etonnant et passionnant, Greg Bear signe un magnifique roman.
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