Critique 2001, L'Odyssée de l'Espace #1 [1968]

"La sécheresse durait maintenant depuis dix millions d'années et le règne des terribles lézards avait depuis longtemps pris fin. Ici, à l'équateur, sur le continent que l'on appellerait un jour l'Afrique, la lutte pour l'existence avait atteint un nouveau sommet dans la férocité, et le vainqueur n'était pas encore connu..."
La nouvelle puis le film puis la novellisation. A l'origine, l'idée vient de la nouvelle "la sentinelle de Arthur Clarke parue en 1951, dont Stanley Kubrick, et Arthur Clarke associé à au projet également, a voulu s'inspirer pour son film devenu depuis, culte. Et puis Athur Clarke en a fait une novellisation et la différence avec le film est plutôt importante. Comme on l'a vu dans le film, les longs silences, les temps morts sont remplacés dans ce roman par beaucoup d'explications scientifiques qui donnent un autre ton que 2001. terminés les séquences lentes, les ballets de l'espace, les plans fixes de l'oeil de Hal, où l'imagination seule du spectateur faisait le reste. Le roman ne peut évidemment retranscrire cette impression de lenteur, caractéristique de la vie dans l'espace où, il faut bien le reconnaître, il ne passe presque rien, tant que le vaisseau n'a pas d'avaries. On navigue dès lors dans une autre dimension, celle de la compréhension et la connaissance de ce qui arrive aux anthropoïdes, ce qui arrive sur la lune, ce qui arrive dans l'espace. Arthur Clarke, à l'origine de l'idée, revient donc dans cette novélisation pour finaliser la compréhension.
La perspective. Ce qui a marqué les esprits dans le film de Stanley Kubrick est cette fin tout à fait ambiguë. A savoir que la vision de Kubrick n'a même pas été entièrement comprise par Arthur Clarke lui-même, d'après ce qu'il a dit dans une interview. C'est pourquoi Arthur Clarke a voulu montrer, comme Kubrick l'a fait, ce que le personnage de Bowman voyait. Décrire ce que ce personnage voyait revenait à plonger le lecteur dans une toute nouvelle expérience, une expérience qui dépassait l'entendement humain. sans vouloir dévoiler le dénouement dans son ensemble, le dôme lunaire est d'origine extra-terrestre et ce qui se trouve à proximité de Saturne l'est aussi, ainsi l'astronaute est confronté à une expérience hors de son échelle, hors de ses perceptions humaines. Kubrick en a fait quelque chose de si surnaturel que les gens s'y sont perdus, confus de constater qu'il n'y entendaient plus rien. Le but était atteint, les critiques furent moins enthousiastes. Je vous laisse découvrir la nature de cette expérience. L'autre point clé est l'élément qui nous a tous marqué dont l'image rémanente est un oeil rouge. Il s'agit de Hal 9000, qui est né en 1992 ou en 1999 selon les fans, selon qu'ils se réfèrent au roman ou à la nouvelle. Ce qui surprend dans Hal est cette capacité à tenir le rôle d'un membre à part entière de l'équipage, ce que le roman met en exergue de façon marquante. Et puis vient le grain de sable qui coince les rouages bien huilés de cette expédition, le dysfonctionnement du cerveau du vaisseau, et sa lente plongée dans les ténèbres. Quid de l'explication ?