Critique Mad Max [1982]
Avis critique rédigé par Emmanuel G. le lundi 10 mars 2003 à 14h32
Mad Max
Opéra d'acier déchiré...
Mad Max est d’abord un spectacle impressionnant, filmé à l’arraché. Un film pensé par l’image avant tout (qui se soucie ici des dialogues ?) déclenchant une véritable frénésie visuelle, à la limite de l’expérimentation. Avec Mad Max, l’expression « Métal hurlant » trouve sa représentation visuelle, avant que le film ne soit battu sur son terrain par sa propre suite, un Mad Max 2 frénétique, véritable ballet mécanique foudroyant de sauvagerie.
Mad Max repose sur une trame simple, celle d’un flic luttant contre des gangs motorisés, qui pète un plomb lorsque sa famille est massacrée et qui dès lors, met en branle une vengeance sanglante. Les scènes « familiales » de Mad Max ne sont pas inoubliables, mais elles alimentent en effet dramatique les scènes chocs qui voient les routes se transformer en cirque romain où tous les coups sont permis. Et dès que les pneus crissent sur l’asphalte surchauffé des autoroutes australiennes, Miller assoie le spectateur. La mise en scène, magnifiée par un très belle utilisation du cinémascope, est d’une précision chirurgicale, vous arrachant des sueurs froides (lorsque le bébé traverse la route où chauffards et flics se poursuivent à tombeau ouvert…). Le tout jeune Mel Gibson donne à Max une puissance immédiate et très physique, tant il dégage d’énergie dans le rôle.
En France, Mad Max est victime de la censure. Lorsque l’on regarde le film, on se demande bien pourquoi, même si on connaît la frilosité culturelle de l’époque. Le film est taxé « d’apologie de la violence ». Il subit donc le même sort que le « Massacre à la tronçonneuse » de Tobe Hooper. De fait, les deux films partagent pas mal d’aspects ; comme le traitement naturiste de leur intrigue et leur jusqu’auboutisme. Dans les deux cas, on a l’impression que les censeurs ont fantasmé le contenu réel des films. Demandez autour de vous : plein de gens, même parmi ceux qui ont vu le film, sont persuadés que Massacre est bourré de scènes gore alors qu’il n’y en a pas ! Idem pour Mad Max. Mais en fouillant un peu, on se rend compte que ce n’est pas tant ce qui est donné à voir, mais plutôt ce qui est donné à penser qui a pu faire peur…
Le titre est révélateur : Max « le dingue » n’est pas censé être un héros. Le film est avant tout l’histoire d’un type confronté à la violence, qui finit lui-même par ressembler à ceux qu’il poursuit. Il devient aussi mauvais qu’eux, et avec lui, c’est la société qui s’enfonce dans la spirale de la violence et de la sauvagerie. Sa vengeance finale, froide et implacable, en est l’image la plus forte. Tout Mad Max tourne autour de cette idée de société qui se délabre et tombe en miettes (voir le miteux « hall of justice » où travaillent les flics). Seule la force brute subsiste. Bons et méchants se rejoignent dans la même sauvagerie.
Pour autant, Miller dénonce t’il la vengeance de Max ? Difficile à dire, car le propos est (volontairement) ambigu. Voilà ce qui valut au film d’être taxé de fascisme, accusation simpliste dans ce cas. Miller ne prend pas vraiment de parti, mais l’identification marche à plein car l’on prend parti pour le personnage. Le spectateur se projette dans la souffrance de Max, et on se retrouve à cautionner ses actes. Miller ne donne donc pas spécialement de clé : le film est avant tout d’une noirceur nihiliste impressionnante, instantané d’un monde en complète dégénérescence… Une sorte de « no future » cinématographique (rappelons que le film date de 1978) d’une violence effarante, qui parle avant tout de régression de l’individu.
Que fait Max à l’issue du film, après sa terrible vengeance ? Le film nous le montre au volant de sa voiture, les yeux bouffis de sommeil, suivant inlassablement une route rectiligne… On l’imagine tout à fait exercer sans relâche une justice aveugle et sauvage. Ou tout aussi bien se tirer une balle dans la tête, sa vie définitivement brisée... Miller nous prendra à contre-pied dans un Mad Max 2 qui fera de Max une ultime icône SF, une légende (le road warrior) dans un monde qui aura fini par s’écrouler. Une idée géniale, qui verra Max aborder sa rédemption…
La conclusion de Emmanuel G. à propos du Film : Mad Max [1982]
George Miller offre à la Sf un mythe sulfureux : celui de Max le fou, "héros" ambigu et sans pitié d'un monde en pleine déconfiture. Un film brutal et essentiel
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