Critique Rêve de fer [1977]
Avis critique rédigé par Manu B. le mardi 30 mai 2006 à 10h23
Le seigneur du Svastika
"Dans un grand gémissement de métal torturé et un chuintement de vapeur sous pression, le paquebus de Gormond fit halte sur le terre-plein crasseux de la gare de Pormi, avec à peine trois heures de retard, ce qui, selon les critères borgraviens, constituait une remarquable performance..."
Feric Jaggar est un purhomme (de race pure), grand, imposant, blond, la peau claire et les yeux bleus. Et dans son regard brillent une ambition et une idée hors du commun des mortels. Il débarque en territoire Heldon avec un idéal de purification...
Rêve de fer est un roman à la réputation sulfurique et Gallimard/Folio SF contribue encore une fois à rééditer un de ces romans devenus introuvables.
D'abord, deux couvertures. "Rêve de fer" puis "Le seigneur de Svastika".
En fait, ce roman est le contenu du roman que Adolf Hitler aurait publié à titre posthume, ayant reçu le prix Hugo en 1954. Un livre dans le livre.
Uchronie dans la forme, il est vrai que l'histoire de ce roman et la notre divergent en 1923, lorsque Hitler quitte l'Allemagne et rejoint les Etats Unis pour devenir dessinateur puis écrivain. Ceci étant dit, le contenu est tout de même plutôt apparenté à l'héroic fantasy. Il s'agit ni plus ni moins de l'accession au pouvoir d'un homme dont le rêve est de purifier la race du pays nommé Heldon.
Sauf qu'il s'agit d'une parodie des grandes figures de l'heroic fantasy version post apocalyptique. Prenez Conan le Barbare, croisez le avec Mad Max et vous avez une idée de qui va devenir Feric Jaggar. Si l'on ajoute à cela l'uchronie à tous ces genres, autant dire que ce roman n'entre dans aucune catégorie franche. Inclassable, ce roman est vraiment inclassable.
Et pourtant l'homme qui était parti de rien va devenir de plus en plus puissant, en prenant la tête d'un petit parti, dont l'influence va grossir jusqu'à ... ça ne vous rappelle rien ? Moi, si. Et ça s'est déjà passé il y a moins de trois quarts de siècles. Alors la parodie devient acide. ça a existé. Mais pas en de telles proportions, puisque l'auteur du roman (Hitler) est un mauvais écrivain: les clichés sont nombreux, les batailles sont cataclysmiques, l'ascension du pouvoir est trop facile, Feric est un grand blond aux yeux bleus auquel ne résiste, les ennemies sont trop laids, trop puants, trop débiles, les progrès technologiques sont trop rapides... C'est parfois long, l'écriture est parfois poussive. Où va t-il s'arrêter ?
Fin du roman.
Alors quoi ? C'est tout ?
Alors on lit la postface et on éclate de rire aux premières pages avec l'analyse de ce Homer Whipple de ce 1959, et puis le rire s'éteint progressivement.
Enfin, on lit la préface de Roland Wagner , l'un de ses grands amis, et on comprend alors l'ironie de la chose. La farce est si belle et on comprend que seul Norman Spinrad pouvait écrire ce livre, ce livre que Adolf Hitler aurait écrit.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Rêve de fer [1977]
La polémique autour de ce roman est nettement exagérée. Un bel exercice du plus Frenchy des Américains.
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