Critique Une porte sur l'été [1958]

"Par un des hivers qui précéda de peu la guerre de Six Semaines, j'habitais avec mon chat de gouttières, Petronius le Sage, une vieille ferme dans le Connecticut..."
Dan B Davis est un ingénieur de génie et il se trouve dans une situation désespérée. Après avoir avec passion passé des mois à la conception d'un robot à tout faire, qui risque de révolutionner la vie de tous les concitoyens, il se voit mis à la porte de sa propre entreprise du fait de la duperie de sa fiancée et de son meilleur ami, à l'origine du projet. Il compte se faire hiberner avec son chat Petronius pendant trente ans pour vivre une autre époque loin de tous ses tracas actuels...
Robert A. Heinlein fait partie de ces romanciers qui ont exploré à peu près tous les genres de la science fiction. Avec une porte sur l'été, il nous donne un aperçu de son talent dans le domaine prospectif, il imagine le début du XXIème siècle. Il donne libre à son imagination concernant les futures améliorations technologiques du XXème siècle.
Ecrit en 1957, c'est avec flair qu'il pense à l'automatisation robotisée des tâches répétitives. Sa table à tracer est en effet un concept qui sera développé effectivement. Quant au robot (concept imaginé par Isaac Asimov en 1950) ménager, même s'il n'est pas aussi autonome et indépendant qu'il imagine, le XXème siècle en a connu des progrès technologiques qui soulagent en partie la ménagère d'aujourd'hui. Mais peut-être le futur nous réserve des surprises avant longtemps ! Ceci étant dit, certains passages comme l'utilisation des cartes perforées montrent combien le concept d'ordinateur et le stockage de données que l'on connaît bien aujourd'hui sous forme de disque dur dont la base est le silicone et la miniaturisation incessante de cette technologie, a surpassé sa vision. Tant mieux pour nous.
Mais au delà de cette perspective technologique, Heinlein arrive à aborder l'aspect hibernation, et par extension le voyage dans le temps, thème qu'il va développer avec brio dans la dernière partie qui s'oriente complètement dans cette optique, et qu'il arrive à mettre en place à la perfection. Et de là découle sa réflexion sur le paradoxe temporel.
Ces deux thèmes ne sauraient être intéressants s'il n'y avait pas un lien très fort pour l'intégrer en un roman cohérent, une belle histoire d'amour, quasi impossible de surcroît. Décidemment, ce roman recèle de belles surprises quant aux qualités de cet écrivain qui étonne par son talent, lui que l'on connaît surtout pour étoiles garde à vous, si polémique, qui éclipse partiellement le reste de son oeuvre.