Critique Alerte aux requins [2004]

Avis critique rédigé par Nicolas L. le vendredi 1 septembre 2006 à 07h29

Gang de requins et gang de russes

Sur une musique de toréador, le film débute par un plan large aérien sur un voilier, une sorte de caravelle, voguant en haute mer, en direction des Amériques. C'est le Santa Cruz. Il porte en sa cargaison, parait-il, un sacré paquet de diamants. Ha? Tiens donc. Je m'interroge là, car il me semble qu'en principe les navires espagnols effectuaient leur trajet les soutes remplies de tunes plutôt dans le sens inverse. C'est peut-être pour fabriquer un collier à Pocahontas, sait-on jamais...


M'enfin, pas grave, car le tout est assez bien foutu, notamment quand le navire se retrouve pris dans la tempête, et qu'il finit par sombrer non loin des côtes américaines. On se dit finalement que ce film peut nous réserver quelques agréables surprises. Et qu’il serait malveillant de s'attarder sur des petits détails.
On est cependant surpris à nouveau lorsque, projetés à notre époque, on aperçoit, avec le Golden Gate de San Francisco en fond de plan, un hélicoptère aux marquages bulgares (ou russes, ou tchèques, mais en tout cas pas ricain) se rendant sur le site du fameux naufrage. Alors, ou je n'ai rien pigé, ou la tempête a carrément offert un doublage de Cap Horn au Santa Cruz!!
On fait ensuite connaissance avec l'équipage de cet hélico. Il est composé d'un débile tatoué et de sa copine blonde siliconée, et d'un couple d'introvertis dont j’ai oublié les noms. Ils sont dirigés par papa Wagner, un ancien Navy Seals à moustaches (je suis à la retraite maintenant, dit-il en imitant Stallone dans Rambo) reconverti en guide pour touristes et son fils Jim, qui aime beaucoup son papa. Cela se voit, il n’arrête pas de le regarder d'un air langoureux (début d’un très explicite jeu de froncements de sourcils).

Toute cette sympathique bande se jette donc à l'eau pour explorer l'épave du Santa Cruz. Ils commencent par traverser un lit de laitue des mers (j'apprend que les pros appellent ça des varechs). - Ne vous séparez pas, ces bancs d'algues sont des endroits privilégiés pour les requins! dit le vieux Wagner, d'une voix parfaitement claire malgré l'embout respiratoire enfoncé dans la bouche. Evidemment, personne ne l'écoute, à part le fiston. - Viens chéri, on l’a jamais fait dans les algues, dit le tatoué lobotomisé - Suivez le groupe, insiste le vieux moustachu. - Je préfère suivre la croupe, répond le tatoué. - Ha ! Les aventuriers du dimanche, conclut le vieux, fataliste.
Les joyeux drilles arrivent alors à l'épave. L'on entend soudain des grognements. Des tigres? Des panthères? Ben non, c'est une attaque de requins blancs. Ils sont un sacré paquet, et rapides comme des guépards en rut. Dans un grand concert de Grrooaaar, ils bouffent très salement les touristes dans des séquences mélangeant des stock shots de documentaires animaliers et des images de synthèse furtives mixés à des inserts piqués à la série de navets intitulée Shark Attack (autre production NU Image). Seul Jim, sauvé par le sacrifice de son père, parvient à être secouru par l"hélico, grâce notamment à un problème de raccord qui empêche le requin d'approcher trop rapidement de sa proie…
Pirates des Caraïbes?

10 ans plus tard. Jim n'a pas pris une ride. Pourtant il est marié et il a même un gosse. En connaissance de cause, je peux vous certifier que ça use. Lui pas. Chapeau. Seulement, s'il est veinard physiquement, il est très atteint au fond de sa tête. Il est devenu ''poissonsphobe'' (j'sais plus comment on dit) et fait des cauchemars dans lesquels les requins bouffent sa femme (qui a dit que c'était plutôt des rêves?). N'empêche que le gars est courageux car il vit toujours au bord de la mer et qu'en plus il est garde plage, ou côte, ou pêche.
Sa principale préoccupation (signalée par un froncement de sourcil) est de convaincre le maire obtus (un pléonasme dans le milieu cinématographique) de fermer la plage car des requins blancs rodent dans le coin. Le maire, identique au grand-père Wagner mais sans les moustaches (c'est le même acteur!!!!), ne pense qu'à son fric mais aussi à satisfaire son principal investisseur, un type à l'accent russe de bazar nommé Volkov.
Et bien sûr, cela ne rate pas. Les requins attaquent les plagistes. C’est la panique. Dans son hélicoptère de surveillance, Jim essaye de donner l’alerte : - Harker, y’a des requins qui arrivent !!! crie-t’il dans son walkie-talkie. - Ou ça ? Répond son collègue affolé en regardant le ciel d’un air idiot. Trop tard. ILS sont là, à deux mètres du bord. Danny Lerner nous ressert alors les mêmes images, dans d'interminables séquences répétitives, durant lesquels des baigneurs mous comme des chiffes - certains, à dix mètres de la plage, mettent trois plombes à sortir de l'eau - se font boulotter par les squales. Ca crie, ça cours en faisant du surplace, ça patauge, ça Grrroooarrr, y’a plein de bulles. C'est terrible.
Des requins! Des requins!

Malgré tout, le maire ne veut rien entendre. Cela a le don d’agacer Jim, surtout que le russe insiste en vain pour être guider sur le site de l’épave. Avec trois potes, il décide d’aller traquer les requins et de détecter leur tanière (un nid de requin ??) en plantant un émetteur sur le dos de l’un d’eux. Mais cela tourne mal, les requins détruisent les cages Fisher Price qui servent de protection aux plongeurs et ils dévorent – nouveau défilé des mêmes stock shots - tous les collègues de Jim qui lui, n’est pas si fou et est resté sur le pont.
’tain, encore de la conserve!

De retour à terre, Jim se bourre la gueule à la vodka (enfin, le comédien essaye plutôt d’imiter maladroitement un mec saoul) pendant que deux gosses se font bouffer incognito dans les eaux du port (de toutes façon, vues les maladies qui traînent dans ces endroits dégueulasses, ils étaient probablement foutus). Après avoir envoyé balader le russe, il décide de retourner chasser les requins avec son pote barman. Le russe, de son coté, est allé aiguiser son couteau de Rambo (sans l’option boussole dessus) dans un garage.
Les deux méchants: Volkov (à gauche) et le maire (à droite évidemment)

- Regarde ce qui arrive, c’est pas des guerriers du dimanche, déclare à Jim le barman, installé avec des jumelles à l’arrière du bateau. Il désigne une paire d'aileron se dirigeant vers une mouette pliée de rire. - hé skipper ! Crie Jim – Il n’a même pas la gueule de bois, quel homme ! – dans un mégaphone au pilote installé un mètre derrière lui. Mets le cap sur les jeunes, vite ! Car évidemment, il y a encore des jeunes qui font les cons dans l’eau. Les requins reviennent, ressortent les couverts, et se baffrent à nouveau dans une redondance de plans épuisante. C’est à nouveau une boucherie, mais qu’importe, les deux héros ont désormais planté un émetteur dans l’aileron d’un requin. - On les aura avec l’hélicoptère, déclare alors Jim tout excité.
La figurante #12 va s’en sortir

Aussitôt dit, aussitôt fait, les deux compères sautent dans un hélico et, en se repérant sur une balise, repère le banc de requins. Ils leur balancent alors des bombes. - Combien tu crois qu’il y en a la dessous ? demande le barman - J’en sais rien, on les tue et on compte après, répond Jim, déterminé (froncement de sourcils). Après avoir balancé deux bombes et tiré deux coups de feu, ils décident, à grands renforts de dialogue imagés qui devraient faire plaisir à Patrick Bruel (le joueur de poker, pas le chanteur ou l’acteur), de rentrer pour fêter ça.
’’ça, c’est une Quinte Flush!’’

Malheureusement, pour Jim, les affaires se compliquent. On a droit à un nouveau froncement de sourcils lorsqu’il apprend que le russe, qui est en fait un mafieux (encore un pléonasme ?), a fait kidnappé son fils– au cours d’une séquence extraordinaire de subtilité slave – pour le forcer à les aider à localiser une épave que tout le monde connaît (apparemment le guide touristique de la ville ne comprend pas de section en langue russe).
Un kidnapping en toute discrétion

Décidé à sauver son fils, Jim accepte le marché et conduit les russes sur les lieux (à environ 500 mètres des côtes). Les hommes de Volkov plongent, trouvent le magot en cinq minutes, mais se font attaquer par des stock shots en colère. Nouveaux grrooaaar, nouveaux cris pleins de bulles, nouvelles séquences désespérément répétitives.
Le fameux sens de l’hospitalité slave

Décidemment obtus, Volkov force Jim à plonger. Après avoir échappé aux requins, Jim prend par surprise Volkov, qui était occupé à faire la morale à Walker junior, sur le pont. Suite à la bagarre, le méchant fini dans la baille, c'est-à-dire dans les mâchoires du premier squale qui passe par là.
Le film s’achève sur un bateau de croisière, avec une musique tahitienne en fond. C’est alors que Jim voit apparaître un requin géant dans la piscine du bateau… Meuhhh non… c’est un rêve. Et ce film une ineptie. Et si vous désirez ralentir les effets du vieillissement, faites comme Jim, froncez les sourcils !

La conclusion de à propos du Film : Alerte aux requins [2004]

Auteur Nicolas L.
20

Scénario inepte inspiré des Dents de la mer, acteurs quasi-inconnus au talent plus que douteux, accumulation de stock shots et d’extraits du National Geographic, y’a pas à dire ; ce Shark Zone est une sacrée bouse. Danny Lenner, l’un des principaux producteurs de la NU Image a préféré ‘’réaliser’’ lui-même ce navet qui aurait pu s’appeler Shark Attack 4. On le comprend, car ce n’était finalement pas la peine de chercher un vrai cinéaste pour accoucher de ce truc infâme qui manque trop de recul pour devenir vraiment très drôle

On a aimé

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