Critique Cryptonomicon: le code enigma #1 [2000]
Avis critique rédigé par Manu B. le jeudi 7 décembre 2006 à 13h22
La machine enigma
« … c’est encore ce que le caporal Bobby Shaftoe a trouvé de mieux au débotté –debout sur le marchepied, les deux mains prises : l’une agrippe la Springfield, de l’autre il se retient au rétro, bref, il est exclu de versifier… »
Waterhouse est un petit génie. Depuis sa plus tendre enfance, il est passionné par les problèmes les plus complexes. Il se révèle que lorsque la guerre éclate, il se retrouve assez rapidement parmi l’élite des décrypteurs de l’armée, au sein même du groupe 2702…
Neal Stephenson est un auteur doué, on le sait depuis le samouraï virtuel et l’âge de diamant, dont ce dernier a reçu les prestigieux prix Hugo et Locus. Grand amateur du monde informatique, il entreprend dans ce roman de reconstruire un monde où son personnage principal est (lui aussi) un petit génie, spécialisé dans le décryptage. Mais à l’inverse de son personnage du samouraï virtuel, il ne devient pas un hacker pour casser la glace des multinationales. Non, il va utiliser ses dons pour…l’armée.
On plonge dès lors dans le gouffre obscur de l’espionnage car l’action se situe en grande partie pendant la grande guerre. Mais l’espionnage ne se résume pas à craquer des codes, il y a aussi les relations, les conversations avec d’autres experts, les coups de dés… Il a le privilège de rencontrer les pionniers de l’informatique, dont notamment Turing, l’un des pères fondateurs de son principe.
Vous l’aurez noté, on est en pleine uchronie. Sauf que les petites touches sont assez peu marquantes, pour que l’on n’y fasse guère attention.
Alors il y a la cryptographie, la théorie, mais avec parcimonie, puisqu’il ne s’agit pas d’un précis, et il y a le reste. Le reste, c’est la guerre que l’on va découvrir au travers d’un personnage touchant : Shaftoe.
Shaftoe est la bête de guerre, qui sait quand il faut exécuter les ordres sans discuter. Et il le fait bien, d’où ses nombreuses décorations pour ses actes de bravoure. Ce personnage est très sympathique parce que Neal Stephenson traite ce personnage avec beaucoup d’humour, ce qui est le deuxième point marquant de ce roman. Du coup, ce qui aurait pu être barbant à cause de ses longueurs (car il y en a !), passe plutôt bien.
Le fait est qu’on se sent bien dans ce monde, parce que rien n’est pure tragédie, sans toutefois prendre cette guerre à la légère. C’est moche, mais il faut bien avancer.
Malgré tout, les allers et retours dans le temps (les années de guerre et un temps t que l’on va appeler présent) donnent un ensemble un peu fouillis, pour ne pas dire complètement bordélique. Du coup, on a tendance à décrocher de ce roman, pour pouvoir s’y replonger quelques jours ou semaines plus tard
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Cryptonomicon: le code enigma #1 [2000]
Lire Cryptonomicon, c’est comme être en pleine immersion dans un sous-marin, au milieu des eaux troubles et sombres du cryptage et l’informatique de haute volée, mais on s’y sent bien, protégé de tous côtés par des parois épaisses, et confiant dans le capitaine Stephenson pour nous emmener au bout du voyage sain et sauf.
Prix Locus 2000.
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