Critique Les profondeurs de la terre [1980]
Avis critique rédigé par Manu B. le lundi 11 décembre 2006 à 10h57
Au coeur des ténèbres
«Il était finalement sur la Terre de Holman. Il ne savait d'ailleurs pas trop pourquoi. Peut-être par cause d'une attirance irrésistible; peut-être par sentimentalité; ou peut-être même sur un coup de tête. Gundersen n'avait jamais envisagé de revenir sur cette planète. Et pourtant, il était là, debout devant l'écran panoramique, attendant l'atterrissage, contemplant la sphère qui était assez proche pour qu'il pût la prendre et l'écraser dans sa main. Un monde légèrement plus gros que la Terre, un monde qui lui avait pris les dix plus belles années de sa vie, un monde où il avait appris sur lui-même des choses qu'il aurait préféré ne pas connaître. Les lampes rouges du promenoir s'étaient mises à clignoter. Le vaisseau allait se poser. En dépit de tout, Gundersen était de retour...»
Gundersen est de retour à Belzagor. Après avoir été administrateur de cette planète pendant dix ans, il a assisté à l'indépendance progressive puis totale de ce monde où les jungles luxuriantes, le paradis vert recouvre une grande partie de sa surface. Au milieu des forêts se trouve une espèce intelligente, les nildoror, semblables à des éléphants qui ont la capacité de parler un dialecte local, et qui ont une sagesse apparente et une philosophie typiquement incompréhensibles des hommes. On dit qu'ils seraient les gardiens d'un profond secret qu'ils gardent dans les profondeurs de la terre, et que Gundersen, poussé par la curiosité, si ce n'est autre chose, est décidé à éclaircir...
Robert Silverberg est l'auteur touche à tout de la science fiction. Il a probablement, avec son oeuvre, couvert la quasi totalité des genres de cette littérature. Ce n'est pas pour autant qu'il se cantonne à ce genre, puisqu'il lui arrive de rendre hommage aux classiques de la mainstream. Avec les profondeurs de la terre, c'est sans ambiguïté qu'il se réfère au fameux au coeur des ténèbres de Joseph Conrad.
Silverberg construit judicieusement son roman sur un rythme lent, en mettant en place son background, ses personnages, tout doucement, pour nous mettre dans une ambiance chaude et moite. Dans cette attente de l'expédition dans la jungle, les légendes commencent à prendre forme, tout d'abord autour des nildoror, des sortes d'éléphants, dont, ici sur Terre, ils ont déjà la réputation d'avoir une énorme mémoire et semblent dégager une sagesse mystérieuse. Comme s'ils avaient depuis longtemps la Connaissance. Or le secret qu'ils détiennent est tout aussi troublant.
Et l'horreur grandit. A mesure que Gunderson s'enfonce dans les profondeurs insondables de la jungle, à la lueur du feu de camp, la lumière se fait dans la noirceur de la forêt, dans les eaux putrides, l'horreur grandit...
C'est vraiment un magnifique roman, plutôt court mais intense en émotions. C'est pour tout dire mon roman de Silverberg préféré.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Les profondeurs de la terre [1980]
Hommage au roman de Joseph Conrad, les profondeurs de la Terre vous réserveront une bonne surprise en vous plongeant au coeur de la jungle...
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