Critique Contact [1997]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le jeudi 15 février 2007 à 15h34
Projection extracorporelle de luxe
Ellie Arroway a tout pour être heureuse, elle est belle, intelligente, cultivée, reconnue par les pontes de sa profession comme l’une des meilleures astronomes de sa génération, et pourtant Ellie Arroway cultive quotidiennement sa mélancolie. La faute à un lointain trauma d’enfance et une obsession, tous deux intimement liés : la mort de son père et la recherche d’un contact de l’au-delà, qu’elle fixe dans les étoiles suite à un amour partagé pour l’astronomie.
J’utilise le terme de l’au-delà dans son sens purement métaphysique, car, sous son vernis purement scientifique, Contact est avant tout un film à fondement théologique. Le questionnement principal n’étant pas la fausse question du père Joss « est-ce que vous croyez en Dieu ? » (Question maçonnique primordiale) mais plutôt celle, inconsciente, que rumine l’héroïne durant tout le film : « Est-ce que Dieu daigne nous accueillir en son sein, et dans quelle mesure son havre est matériel, palpable… et audible (c'est-à-dire compréhensible). Bonne question, ma chère...
Le film débute en Amérique Centrale, auprès d’un immense radiotélescope affrété par le gouvernement dans le cadre du plus que réel (et coûteux) projet SETI. Dans cette contrée hautement catholique et pratiquante, Ellie va rencontrer ce qu’elle recherche sans le savoir : un alter-ego religieux (le très libéral Palmer Joss) mais aussi une Némésis (son directeur de programme) qui, par son attitude nihiliste, va lui servir de catalyseur et lui permettre de se transcender. Très bavarde, cette partie autrement inutile car aucunement constructrice ne va servir en fait qu’à donner à Ellie un sentiment sacerdotal, qui va la projeter dans le désert du Nouveau-Mexique.
Là, seule dans son désert de Kumran, elle va continuer sa mission prophétique en compagnie de quelques disciples qui la servent aveuglément (dans les deux sens du terme). Et c’est au cours d’une séance de méditation sur le capot d’une voiture qu’elle va recevoir son premier message, non pas sous la forme d’un buisson ardent, mais par l’intermédiaire d’un ordinateur portable. Un message venue de la planète Vega qui renvoie à nous, misérables vermisseaux, l’imagerie la plus laide de l’histoire humaine : Adolf Hitler, au cours de son discours des JO de 1936. Des entités autrement plus taquines (mais qui affichent par ce choix le fait qu’elles savent parfaitement à qui elles ont affaire) que l’on aurait pu le penser et qui glissent au milieu de ces images impies la combinaison chiffrée pour construire un nouveau type d’Arche.
Devant quelques politiciens démocrates bienveillants, et surveillée de prêt par un responsable des services secrets assez obtus (pour ne pas dire crétin), Ellie met en place, grâce à l’aide d’un étrange personnage richissime au look de mystique indien (histoire de ratisser large), les plans de sa machine. C’est lui qui, par on ne sait quel moyen, parvient à trouver la clé permettant de déchiffrer le message céleste. Mais, popularisé par les médias - de la même manière que le fut l’impact des bienfaits de Jésus en Galilée - le projet devient l’évènement du siècle, entraînant dans son sillage un réveil hippy enthousiaste, mais aussi la colère de l’intégrisme (matérialisé par un Jake Busey halluciné) et des conservateurs. Victime de sa popularité et sa vulgarisation mercantile, détourné de son but initial, le projet américain s’écroule sur lui-même, mettant fin par la même occasion à l’existence du faux prophète, victime de ses ambitions divines.
Reste Ellie. Et le Japon. Pays de la sagesse, des stars obèses et du surimi. Car c’est dans cette contrée que notre héroïne va devoir initier sa mission pour sauver l’humanité. Ainsi, au cours d’un voyage essentiellement spirituel (il ne dure en tant réel que quelques secondes), Ellie parvient au Nirvana, au Walhalla et autres Paradis pour y rencontrer Dieu, qui prend l’apparence de l’Amour ; le visage de son père (les plus malins me répondront que les chamans pratiquent cet art depuis longtemps, et de manière nettement moins coûteuse). Pudique sur le coup, Robert Zemeckis masque son préchi-précha théologique par des fumeuses et alambiquées explications mettant en cause une race extraterrestre, mais en vain, le regard de la belle Jodie Foster traduit sans aucun doute possible l’aspect religieux de la séquence.
Puis, vient le moment du dur retour à la réalité, et la mise en pratique du vieux dicton qui dit que Nul n’est Prophète en Son Pays. Manquant de preuves tangibles, Ellie ne peut prouver à un tribunal psychorigide son état de messie (ces incapables n’ont même pas pensé à équiper l’appareil d’un système d’horlogerie et omettent d’étudier de prêt certains détails de l’expédition) et elle doit rétracter ses déclarations. Heureusement pour elle, l’Amérique n’est pas la Judée, et en place et lieu d’une croix plantée sur une colline, c’est une limousine qui l’attend dehors, affrétée par une Eglise toute heureuse de récupérer à l’occasion une nouvelle icône.
Excessivement naïf, plombé par un trop grosse couche mélo (avec les flashbacks gnangnan sur la jeunesse d’Ellie et notamment cet écoeurant ralenti sur une petite fille courant en vain chercher les médicaments qui pourraient sauver son père), et manquant totalement de réflexion sur le fond, Contact pourrait être une œuvre totalement indigeste. Hors, il n’en est rien. Tout d’abord, on peut dire que le film est sauvé par la qualité de sa distribution, avec la présence d’acteurs très charismatiques. Jodie Foster est, comme d’habitude, impeccable, et même si je n’aime pas trop cette actrice, je dois admettre qu’elle porte l’œuvre sur ses épaules et crève l’écran de sa classe. Même dans la séquence d’une mièvrerie terrible où elle rencontre son « père », elle parvient à ne pas être ridicule. A coté d’elle, des stars. Angela Bassett, James Wood, Tom Skeritt et un petit nouveau à l’époque : Matthew McConaughey, un acteur qui tarde à confirmer ses capacités.
Puis il y a la réalisation de Robert Zemeckis. Quand le disciple préféré de tonton Spielberg se décide à cesser de sombrer dans le patos, il devient carrément irrésistible avec son incroyable talent pour choisir ses plans. Bien plus à l’aise avec le superficiel que le réfléchi, le cinéaste alterne alors le pire et le meilleur, ne sachant trop sur quel pied danser quand il doit uniquement filmer des démonstrations sentimentales. Mais dans les séquences à climax, comme sur la fin, il nous dévoile à nouveau l’étendue de ses talents.
Enfin, pour ce qui est des effets spéciaux, l’amateur devra attendre la dernière demi-heure. Avec tout d’abord une excellente séquence d’explosion (la destruction de la première machine), puis cette longue séquence de voyage interdimentionnel. Du travail facile pour les ateliers d’ILM qui ont en vu d’autres, mais qui à l’écran ne manque pas de style…
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Contact [1997]
Contact est le genre de film dont on ne sait trop quoi penser. Pas assez mauvais pour qu’on le rejette, mais comprenant vraiment trop de faiblesses et d’incohérences pour qu’on l’adopte sans hésitation. Dans le cas du film de Zemeckis, le problème vient d’une symbolique vraiment trop primaire et d’un traitement souvent trop mièvre. Mais les bons cotés sont nombreux, avec une remarquable performance de Jodie Foster, quelques séquences d’excellente facture et des bons effets spéciaux. Alors, comme je suis un coyote à foie jaune quand cela m’arrange bien… je mets la moyenne et je vote Bayrou.
On a aimé
- Bonne réalisation
- Interprétation de qualité, notamment Jodie Foster
- Bons effets spéciaux
On a moins bien aimé
- Scénario verbeux et sans consistance
- Traitement souvent mièvre, voire mélo
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