Critique Spin #1 [2007]

Avis critique rédigé par Manu B. le mardi 20 mars 2007 à 13h44

Spin

"Tout le monde tombe, et nous atterrissons tous quelque part. Nous avons donc loué une chambre au troisième étage d'un hôtel de style colonial de Padang, où personne ne nous remarquerait avant un moment..."
Tyler Dupree a douze ans alors que ses deux voisins Jason et Diane Lawton ont treize ans. Ils sont à un âge où l'on ne comprend pas encore bien la vie mais suffisamment pour se faire une idée des événements lorsqu'ils tournent mal. Peut-être Jason devine t-il déjà qu'il va être capital pour l'avenir de la Terre. C'est un génie. Et lorsqu'un soir les étoiles disparaissent, personne ne peut comprendre que le Spin recouvrant la Terre les propulseraient tous vers le futur, vers un avenir tragique...
Robert Charles Wilson est l'auteur américain en vogue. Sa récompense du Hugo 2006 pour Spin est l'une des consécrations méritées pour ce romancier qui n'a cessé de monter depuis une quinzaine d'années. Depuis les fils du vent, le vaisseau des voyageurs, BIOS, Darwinia, les chronolithes et Blind Lake, on le sait, R. C. Wilson aime nous faire voyager entre les mondes, dans le temps, et à la rencontre d'autres entités. Spin est un peu tout cela. Et même si le début du roman sonne un peu comme le voile de l'espace de Robert Reed, ou bien comme isolation de Greg Egan, on ne peut se tromper sur l'écriture du fraîchement naturalisé Canadien. Car à l'instar de Robert Reed, cet auteur finalement parle de nous, de nos angoisses, de nos terreurs, de nos joies secrètes, de nos amours. Spin nous parle en fait assez peu du spin, de cette membrane qui recouvre la Terre où le temps s'écoule cent millions de fois plus vite que partout dans l'univers. Cette accélération est pourtant essentielle puisqu'elle propulse les gens dans un avenir où le soleil va inéluctablement gonfler en une géante rouge (comme toute étoile de type G) et exploser en une nova en seulement cinq milliards d'années. Ce qui ne laisse que cinquante petites années aux habitants de la Terre. Tout est là.
Comment allons nous faire pour nous opposer à cette situation intolérable? L'humanité paraît condamnée. Et pourtant... Et pourtant certains vont s'obstiner, pour vivre ou survivre, pour comprendre le phénomène, pour peut-être y trouver une solution. Jason est de ces personnes à la curiosité maladive en quête de la vérité. Et Tyler va être le support de cet être exceptionnel. Qui a mis le Spin ? Qui sont les êtres, rebaptisés Hypothétiques, qui ont enfermé la Terre dans cette situation, et pourquoi ? D'un autre côté, certains vont se réfugier dans la foi, comme cela a toujours existé. La Foi et la foi. L'un et l'autre seront les moyens de s'en sortir. Les conséquences seront différentes. La finalité sera la même.
C'est dans cet opposition que Wilson y glisse une subtilité supplémentaire dans sa construction du roman. Avec une alternance de flashbacks, il nous raconte l'histoire de Tyler Dupree, son enfance, son entrée dans l'âge adulte, et le présent, où l'on constate que le sempiternel amoureux secret de Diane, va se retrouver traqué avec la belle par une organisation puissante, à 4x10^9 années ap JC, quatre milliards d'années où le soleil devrait avoir cuit la Terre, comme toute géante rouge qui se respecte. Pourquoi, comment en sont ils arrivés là, toujours vivants ? Sont-ils d'ailleurs sur Terre, sur Mars, ailleurs ? La construction va faire coïncider les deux périodes. Sauf que la cassure avec le début du roman apparaît aux deux tiers de sa lecture. Wilson réussit aussi ça: un élargissement de son intrigue pour reléguer cette histoire de Spin presque à un détail. Le désespoir de tous ces gens est magnifiquement rapporté par Tyler. On sent réellement la fin. C'est un désespoir que j'avais ressenti de la même façon dans un paysage du temps de Gregory Benford. Car personne sur Terre semble ne pouvoir y remédier. Car tous les personnages profondément humains ne sauraient trouver une solution à ce problème surnaturel.

La conclusion de à propos du Roman : Spin #1 [2007]

Auteur Manu B.
85

Spin est au final est vrai roman sur le désespoir d'un peuple face à son inéluctable destinée, plein d'humanité. R. C. Wilson vient de nous écrire son premier roman vraiment abouti.
Prix Hugo 2006.

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