Critique Simulacres [1973]
Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 30 mars 2007 à 13h02
Simulacres
"Cette note de service de l’Entreprise musicale électronique effrayait Nat Flieger et il ne savait pourquoi. Elle annonçait pourtant un événement considérable : le fameux pianiste soviétique Richard Kongrosian, un psychokinétiste qui jouait Brahms et Schumann sans toucher le clavier, avait été repéré à sa résidence d’été de Jenner, en Californie…"
Voici les Etats-unis d'Amérique et d'Europe. Après la chute du monde, il en est ressorti un monde déboussolé, et pourtant décidé à faire table rase du passé. Il s'est créé une immense union d'états comprenant entre autres les anciens Etats-unis d'Amérique ajoutés de l'Europe toute entière. Ce monde s'est vite redressé, car par exemple il est techniquement possible de voyager dans le temps, ce qui reste un privilège des membres du conseil, membres fantômes puisque tout le monde sait que celui qui dirige est le président - der Alte- en activité, derrière lequel la première Dame tire toutes les ficelles depuis près d'une centaine d'années, paraissant toujours aussi jeune; Richard Krongossian est un pianiste psychokinesiste reconnu mais en pleine dépression; Dr Ergon Superb est le dernier psychiatre; Miller est gérant de dépôts plus ou moins légaux de fusées en partance pour mars; et Ian Duncan au milieu de tout cela...
Depuis le temps qu'on vous le dit, Philip Kindred Dick est le maître des univers hallucinants. Sa vie d'écrivain a été fantastique à plus d'un titre, ses mondes sont parfois à la frange du délire pur et simple.
Ses romans vont devenir de plus en plus hallucinants au fur et à mesure de sa vie, dont le climax sera atteint au milieu des années soixante dix, avec sa fameuse trilogie divine.
Ses premiers romans datant de 1955 comportent déjà les traces d'une paranoïa exacerbée. Au moment de l'écriture de Simulacres, PK Dick a déjà écrit deux ans auparavant le maître du haut château qui a valu la consécration au prix Hugo. Simulacres vient quelques temps avant sa première crise mystique, dont le dieu venu du centaure sera un des signes. La reconnaissance grandissant, mais la faillite sentimentale s'accroissant, on ne peut s'empêcher de penser que son oeuvre prend un accent de plus en plus marqué.
Ainsi, cette oeuvre nous plonge dans un monde post-apocalyptique, où la face de la Terre a bien changé, du point de vue géopolitique tout comme du point de vue technique. On y retrouve un gouvernement assez totalitaire, quoique la forme du totalitarisme soit à mi chemin entre répression et plaisir.
Il est plaisir dans le sens où l'image même de la femme du président procure chez les hommes une accoutumance dangereuse: ils sont tous d'une manière ou d'une autre amoureux de Nicole. Elle est consciente de ce pouvoir dont elle use et abuse pour ses besoins.
Il est répression pour ce qui est de l'acceptation de la politique actuelle, en faisant, par exemple, passer des tests de politique à tous les résidents, des tests dont la sanction en cas de mauvais résultats est l'expulsion. On notera l'hommage à 1984, qui avait déjà été rendu dans la vérité avant dernière, écrit la même année. La ressemblance avec ce roman ne s'arrête pas là.
Le progrès technique et scientifique permettant le voyage dans le temps est détenu par un comité restreint, ce qui donne de singulières idées à Nicole, comme aller chercher Hermann Goering, dans l'Allemagne de la période sombre. Mars est accessible, les dépôts de fusées peuvent se mouvoir, les industries de simulacres humains foisonnent pour tenir compagnie aux émigrés sur Mars...
Bref, c'est un foisonnement d'idées que seul Philip K. Dick a le don de rassembler dans un roman.
Sur la forme, Simulacres est relativement classique dans l'oeuvre de l'auteur américain et n'arrive pas à se démarquer des autres romans de cette époque, c'est pourquoi il s'inscrit dans les romans plutôt bons où il manque la petite étincelle (celle qui perd le lecteur dans le labyrinthe de l'intrigue) pour le propulser au rang de chef d'oeuvre.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Simulacres [1973]
Simulacres est encore un de ces mondes imaginés par l'inégalable conteur d'univers paranoïaques et débridés. C'est avant tout un roman qui permet au lecteur néophyte de découvrir Philip K. Dick.
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