Critique L'Héritage de Luther Arkwright #1 [2007]
Avis critique rédigé par Lucie M. le mardi 1 mai 2007 à 12h19
L’après Luther…
"Parallèle 00.72.87, une bonne vingtaine d’années après les évènements des Aventures de Luther Arkwright."
Le premier tome d’Au Cœur de l'Empire se déroule 20 ans après Les Aventures de Luther Arkwright ; roman graphique de Bryan Talbot paru en 2006 chez les éditions Kymera. Celui-ci fut encensé par la critique grâce à son univers foisonnant et ses dessins, en noir et blanc, complexes. Une œuvre sans limites pouvant être lu et relu infiniment puisque nous avons la possibilité de découvrir encore plus de détails au niveau du coup de crayon de Bryan Talbot. Mais également un univers de science-fiction énorme sortant tout droit d’une imagination gigantesque. Un univers basé sur une des interprétations de la physique quantique à propos du Multivers qui est l’ensemble de tous les univers dans lesquels le nôtre est observable. Je me demande même comment trouver les mots appropriés pour décrire l’univers SF inventé par Bryan Talbot. C’est presque chimérique puisque l’univers de Bryan Talbot est au-delà des mots.
Mais revenons-en au premier tome de l’extension de cet univers qui nous conte-le après Luther Arkwright. Celui-ci a disparu sans laisser de traces et il est considéré comme mort. Une statue a été érigée pour entretenir sa mémoire et il est devenu une légende. Anne ayant pris le pouvoir grâce aux royalistes règne en maîtresse sur l’Angleterre et finalement rien n’a trop changé depuis le renversement de Cromwell. La dictature puritaine n’est plus, mais celle d’une ignoble impératrice est de mise. Entourée de conspirateurs, celle-ci décide, de donner un ultimatum à l’Église catholique qui envoie l’un de leurs représentants en la personne du Cardinal Barberini, qui est en vérité un assassin à la solde du pape. Mais un mal plus pernicieux ronge l’équilibre de l’Empire d’Anne, mais également du Multivers. Un mal d’essence cosmique qui interagit directement sur la santé de la princesse Victoria. Celle-ci troublée par sa santé rira rendre visite au Dr Dee, le mystagogue banni par sa la reine mère, celui-là même qui lui distillera des doutes envers la mort de son père Luther et également celle de son frère jumeau Victor. La jeune princesse royale Victoria entamera donc une enquête sur les causes réelles de ces deux morts et à la suite de la rencontre d’un des Niveleurs lui proposant le tracte d’un jeune poète Gabriel Shelley, elle croira reconnaître son frère jumeau sous les traits du leader des Niveleurs, un groupe de révolutionnaire essayant de mettre à nu l’Empire de la Reine mère !
L’album débute de manière subversive puisque nous apercevons en tout premier lieu le Cardinal Barberini se faire tailler une pipe – oui j’emploie les termes exacts – par une nonne ! Celui-ci écoute du Verdi tout en regardant béatement des fresques où évoluent de jeunes donzelles entièrement nues. Donc plus les cases avancent, plus nous distinguons que son air de béatitude primaire n'est pas là grâce à la beauté de la fresque ou grâce à la musique de Verdi, mais simplement par ce qu’accomplit cette nonne agenouillée par terre sous les robes du Cardinal ! Je dois dire que j’ai visionné l’ensemble de ces cases plusieurs fois de suite, car premièrement je n’en revenais pas, mais surtout, car cela m’a fait hurler de rire. Ben oui ! dès que les catholiques s’en prennent une bien bonne dans la gueule moi je me marre ! Par ce début insurgé on sait de suite que la tournure du premier tome d’Au cœur de l’Empire ne sera pas tendre avec l’Empire britannique ou du moins n'importe quelle sorte de pouvoir dictatorial qu’il soit religieux ou politique. Un empire virant fortement vers la décadence outrancière que Talbot démontre avec efficacité grâce à l’élaboration de ses personnages et des décors. Un visuel qui flirte allégrement avec le steampunk grâce au savant mélange de costumes et d'architecture d’époque avec une technologie toute futuriste.
Nous suivrons le récit d’Au Cœur de l'Empire à travers différents personnages. Par les yeux de la belle princesse Victoria, par les yeux de deux journalistes légèrement fouineurs venus des États-Unis réaliser un reportage sur le mode de gouvernement de la Reine Anne et enfin par les yeux de scientifiques et psychiques. Leurs différents points de vues sur la situation seront un adroit mode de narration. Victoria sera l’élément révélateur du malaise qui subsiste dans le Multivers et dans l’Empire, les deux journalistes, dont la femme est noire, n’en croiront pas leurs yeux ni leurs oreilles quand à la situation de cet empire esclavagiste, royaliste et anti-progressiste où des conflits internes à la cour de la Reine mettront en péril l’ordre préétabli, mais seulement pour une substitution de pouvoir encore plus ignoble et enfin le point de vue scientifique du mal qui règne dans le Multivers vu par deux scientifiques. Bryan Talbot sait distiller dans son histoire un sentiment de malaise irrépressible qui ne nous quitte pas d’une semelle. L’ambiance est par moment tellement glauque que nous sommes obligés de regarder par deux fois les cases de ces dessins. Des dessins d’ailleurs ornementés d’étrange manière par la colorisation de Angus Mckie comme le passage où le Cardinal Barberini rencontre le pape sur son lit de mort. L’éclairage de la scène est fait par une bougie et le rendu est très probant. La suite est de facture très éclatante, la colorisation des cases est accrocheuse et étoffe le dessin de Talbot. Il étoffe et l’affine grandement car nous pouvons apprécier le contour des visages de ces personnages et les détails ornementaux des décors. C’est fabuleux comme notre œil reste accroché, rêveur, aux cases qui composent cet album. Un agencement d’ailleurs très réussi puisqu’il met en évidence les situations importantes de l’histoire.
La conclusion de Lucie M. à propos de la Bande Dessinée : L'Héritage de Luther Arkwright #1 [2007]
Suite des aventures de Luther Arkwright, Au cœur de L’Empire annonce une série de Bds, prévue en trois tomes, détonante et opulente. L’univers très riche de Bryan Talbot ne mâche pas ses mots, ni ses dessins. Ce scénariste et dessinateur anglais possède une sacrée imagination que l’on a du mal à englober puisque tellement gigantesque. Il avait déjà été encensé grâce aux Aventures de Luther Arkwight, énorme album noir et blanc, où la complexité des dessins laissée songeurs . D’ailleurs, le premier tome d’Au cœur de l’Empire sera plus accessible au lecteur lambda grâce à son format éditorial, plus petit, et grâce à son appât visuel colorisé. N’empêche qu’il pourra donner envie de découvrir l’univers et le Multivers sombre et gigantesque des aventures de Luther Arkwright ce qui pouvait faire appréhender certains lecteurs. En définitive, la lecture de ce premier tome s’avère très captivante, pleine d’intrigues conflictuelles et un approfondissement de l’univers de Luther Arkwight très bien construit.
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