Critique Une Femme sans Histoires [2000]
Avis critique rédigé par Manu B. le mercredi 16 mai 2007 à 13h03
Un roman sans histoires
"Alice Stockton se dépêcha d'entrer pour s'abriter de la pluie et atteindre le téléphone avant l'arrêt de la sonnerie. Ses sacs en plastique lourdement chargés heurtèrent le montant de la porte comme elle se poussait à l'intérieur et une fragile poignée en plastique se déchira, provoquant la chute de la laitue posée sur le dessus..."
Alice Stockton est une femme sans histoire, ou du moins vit-elle une histoire malheureusement banale. Ecrivain, elle a divorcé -un divorce douloureux comme dans la majorité des cas- il y a moins d'un an et s'est réfugiée dans un village du Wiltshire, à deux pas de Stonhenge et de Avebury. Un lieu sans histoire jusqu'au tragique accident de la centrale nucléaire dont on dit que les effets semblent avoir disparu. Ces jours-ci tout va aller de travers puisque le roman biographique auquel elle a consacré une année entière est toujours interdit de parution par le gouvernement pour on ne sait quelle obscure raison, et sa seule amie à Milton Colebourne, Eleanore, une vieille femme sans histoire, est retrouvée morte...
Christopher Priest, l'auteur du chef-d'oeuvre le monde inverti, est réellement un auteur atypique dans l'univers de la littérature SF. Ses romans sont souvent aux franges du mainstream, le côté imaginaire n'étant qu'un background flou et flottant autour de ses personnages hauts en couleur. Car les personnages, c'est son truc. C'est un des auteurs dont les personnages sont les plus profonds de la SF. Il réussit à décrypter et retranscrire les relations humaines comme aucun autre romancier SF. L'un de ses personnages les plus marquants reste pour moi Teresa, l'héroine des extrêmes.
Avec une femme sans histoire, il repousse les frontières de l'imaginaire encore plus loin, pour n'être qu'un écho lointain, revenant de temps à autre comme pour nous signifier qu'on lit bien de la speculative fiction.
Encore une fois, on remarquera l'amour que porte l'auteur à son Angleterre, au Dorset en particulier, dont il nous parle de façon presque nostalgique.
Mais ce qui est fascinant dans ce roman (et finalement dans une grande partie de l'oeuvre de Christopher Priest), c'est que, dans la mesure où il y a deux récits, l'un à la première personne (un point de vue forcément subjectif), l'autre plus impersonnel (un point de vue plus objectif), la façon de raconter deux histoires différents peut traîtreusement compliquer la compréhension d'une seule et même situation. Ce n'est d'ailleurs que lorsque le croisement entre les deux récits apparaît que c'est le plus flagrant. Christopher Priest nous démontre, comme dans le monde inverti d'ailleurs, que la réalité ne peut être que subjective et dépend complètement de celui qui la vit, ou qui l'interprète. Tout dépend de l'interprétation de chacun. Question de point de vue, tout simplement.
Là réside tout le roman.
Pour la forme, la plume de cet écrivain fait tout le reste. Ce roman se lit très facilement. Ce n'est pas une écriture qui accroche ou choque, ou détourne l'attention du lecteur qui du coup, se focalise sur le contenu. Elle n'est qu'un vecteur trompeur de ce qui va se passer.
Christopher Priest est décidément un auteur à lire. Un incontournable auteur.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Une Femme sans Histoires [2000]
A la limite de la littérature blanche, une femme sans histoire est un roman très agréable à lire grâce au style apaisant et spécifique à Christopher Priest. On se questionne longtemps sur la finalité de cette histoire.
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