Critique Temps #1 [2007]

Avis critique rédigé par Manu B. le vendredi 29 juin 2007 à 14h05

Temps X 1

"Vous me connaissez tous. Et vous savez que je suis un cadet de l'espace. Vous savez que j'ai, entre autres, mené campagne en faveur d'expéditions privées, destinées à l'exploitation minière des astéroïdes. En réalité, j'ai tenté par le passé de vous faire payer pour de telles choses. Mais je vous aidéjà barbé assez souvent avec ça, non ?..."
Malenfant est un homme ambitieux. Depuis qu'il a été refusé lorsqu'il avait postulé à la NASA, il monte des entreprises, avec une pugnacité et un moral incroyables. La preuve: ça marche. Il réussit ce qu'il entreprend. Sa rencontre avec Cornelius va lui donner des idées encore plus folles: aller dans l'espace pour commencer la conquête du système stellaire. Une obsession qui va se retrouver renforcée dès lors que le même Cornelius lui annonce la fin de l'humanité dans deux siècles...
Stephen Baxter s'y connaît en équipée spatiale. Il a même failli être de la partie pour le projet de la station MIR. Un rêve qu'il n'a pas réalisé, pour notre plus grand plaisir, car sa venue à l'enseignement lui a laissé le temps d'écrire de la SF. Son premier roman, Raft fera partie d'une série (Xeele) qui sera en quelque sorte un signe distinctif chez cet auteur de hard-science. Il a, depuis, écrit les séries/sagas/cycles Behemoth, Destiny's children, Time's Odyssey (avec Arthur C. Clarke), Time's tapestry et Manifold, dont Temps est le premier volet. Ce qui ne l'a pas empêché d'écrire une douzaine de roman hors cycle dont les plus fameux sont Titan, the time ship (les vaisseaux du temps pour lequel il a reçut quatre prix) et Voyage. Soient plus d'une trentaine de romans en quinze ans d'écriture.
Temps commence d'une manière assez peu originale. Il s'agit de suivre les pas d'un être, certes d'exception, qui veut aller dans les étoiles. L'histoire se situe dans un avenir assez proche, mais pour une raison de budget et de volonté, l'Homme ne va plus dans l'espace. La NASA est totalement paralysée et ne réalise plus que des projets papier, même avec un budget conséquent. Or Malenfant, entrepreneur d'exception et d'une ambition inouïe, après sa rencontre avec le mystérieux - et, avouons-le, avec une araignée au plafond - professeur Cornelius, prend conscience que l'humanité est au bord d'une crise majeure: il lui resterait moins de deux siècles d'existence. Si elle n'a pas d'ici là trouvé un moyen de s'échapper de sa planète mère, l'extinction est inévitable. On pourra rapprocher cette entrée en matière de la nouvelle l'homme qui vendit la lune, incluse dans le recueil éponyme de Robert Heinlein. La similitude est d'ailleurs plus que frappante. Une idée que l'on retrouve d'une certaine manière dans Spin de Robert Charles Wilson, d'ailleurs. Mais là n'est pas le propos de l'auteur qui introduit une donnée supplémentaire: les enfants bleus. En même temps que l'inquiétude gagne les esprits, on assiste à l'émergence de ces enfants à l'intellect surhumain, dont le petit Michael semble être le symbole: orphelin trouvé dans une tribu au fin fond de l'Afrique, il est capable de comprendre les mécanismes physiques du monde qui l'entoure. Mais de manière intuitive. Or l'éclosion aux quatre coins de la Terre de cette nouvelle race pousse les hommes dans leurs retranchements dont la peur accentue les extrémités. Le résultat est désastreux. Ici encore, peut-être est-ce un thème à la mode, mais cette idée d'enfants surdoués, dépassant les capacités de compréhension de leurs aînés revient régulièrement ces dernières années. On se souviendra de ce phénomène dans Rainbows end de Vernor Vinge. Enfin, Stephen Baxter introduit ses calmars évolués pour justement piloter sa première mission dans l'espace. J'avoue avoir été surpris d'une telle idée, ridicule au demeurant, dans un futur proche et pourtant à tout le moins plausible. Non pas que ces animaux n'aient pas le potentiel intellectuel, mais c'est juste une question de représentation visuelle personnelle. Après tout, Charles Stross se sert de homards dans accelerando...
Voilà donc les trois composants principaux de ce premier volet. Le résultat est plutôt bien écrit, Stephen Baxter ayant peut-être une facilité de dépeindre des personnages hauts en couleur dont Malenfant, tenant la première place dans la première partie du roman va peu à peu céder du terrain à Michael, l'enfant surdoué dont l'histoire tragique est admirablement contée. Baxter s'intéresse à l'humain, à leurs états d'âme, à leurs peurs et leurs espoirs. C'est dans ce domaine que le roman est plutôt bien réussi. Pour le côté techniquement plausible, on est en droit de se demander si la réussite est aussi indiscutable tant le début est vraiment réaliste (notamment la préparation du lancement de la fusée) pour ensuite brouiller les repères du lecteur avec le voyage dans le temps. On entre petit à petit dans le conceptuel et le conjecturel, ce qui nous éloigne du vraisemblable vers les limbes de l'incertitude et de l'inconnu, au point de basculer de genre vers du space opera. On sent dès lors quelques flottements dans la construction. Heureusement, même si l'on reste en fin de compte dans le conjecturel, le dénouement nous recentre sur l'homme et ses interrogations quant au futur mais aussi quant à ses préoccupations du présent, connaissant ce futur. On est tout à fait dans l'esprit des romans aux fins cataclysmiques chères au space opera, ce vers quoi, au final, tend la deuxième partie du roman.
Mise à part les calmars, Temps reste un roman de belle facture, grâce à des personnages astucieusement brossés et une intrigue qui vous tient jusqu'au bout du roman.
Question subsidiaire: pourquoi une suite ?

La conclusion de à propos du Roman : Temps #1 [2007]

Auteur Manu B.
80

Temps est le premier tome de la trilogie Manifold, dont Stephen Baxter en fait un voyage prodigieux vers un futur.

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