Critique Darwinia [1998]
Avis critique rédigé par Manu B. le dimanche 3 février 2008 à 15h29
Darwinia
"Guilford Law fêtait ses quatorze ans lorsque le monde se transforma.
Ce jour-là marqua le plus grand tournant de l'Histoire, séparant net ce qui suivit de ce qui avait précédé, mais avant de représenter cette rupture, avant tout, il fut simplement l'anniversaire de Guilford..."
C'est en 1912 que le monde changea. Alors que l'Europe s'enfonçait dans une crise continentale grave qui devait changer une grande partie du monde. Un événement complètement inexplicable change littéralement la face du paysage: la moitié de l'Angleterre, la France, l'Allemagne et les trois quarts du reste de l'Europe disparaissent pour faire place à une jungle luxuriante et extrêmement dangereuse, peuplée d'animaux inconnus mais mortels. Pourquoi? Comment? Ces questions sont secondaires par rapport à l'autre interrogation qui taraude des milliers de familles rescapées: où sont passés les gens qui vivaient là?
Guilford Law est l'un de ceux qui participent à une expédition chargée de découvrir les indices d'une explication à tout cela, au coeur même du continent...
Après avoir écrit a hidden place, son premier roman en 1986, Robert Charles Wilson n'a cessé d'écrire et de décrire des histoires aux marges du fantastique. Par la suite, dans les fils du vent en 1988, le vaisseau des voyageurs en 1992, et plus tard d'une certaine manière dans les chronolithes en 2001, Blind Lake en 2003 et Spin en 2005, il semble placer ses personnages dans une situation extraordinaire, alors qu'ils sont bien ancrés dans une réalité tout ce qu'il y a de plus normale.
Darwinia n'échappe pas à la règle. Sauf que la réalité se situe à un point nodal du passé, en 1912, à l'aube de la première guerre mondiale. On bascule vite dans l'uchronie, mais une uchronie passagère puisque la branche alternative dans laquelle l'humanité suit son chemin va être parasitée par celle nous connaissons, provoquant de violentes perturbations chez des personnages, leur donnant des pouvoirs surnaturels. Guilford est l'un de ceux-là.
C'est pourquoi ce roman est difficilement classifiable, oscillant ostensiblement entre le fantastique et la science fiction, et c'est ainsi que de nombreux lecteurs ont été perturbés, déçus ou enthousiasmés par ce mélange de genres.
Sans pour autant être un chef d'oeuvre, Darwinia est assez vertigineux, non pour son explication finale, quasi mystique, mais plutôt par sa construction on ne peut plus ambitieuse. L'idée de base est fabuleuse, l'imbrication de son intrigue dans un concept plus large encore est stupéfiante. Enfin, Robert Charles Wilson utilise des images fortes empruntées à des références marquantes (le monde perdu de Arthur Conan Doyle, au coeur des ténèbres de Joseph Conrad) pour planter son décor.
Mais cette multitude d'idées donne un goût d'inachevé. Un peu comme si l'auteur, une fois ses fondations posées, s'en désintéressait complètement pour passer à autre chose. Peut-être aurait-il dû développer davantage la transformation politique due à Darwinia, peut-être aurait-il dû étoffer sa description du nouveau continent. Peut-être.
Faut-il préciser que malgré ces défauts, Darwinia est une lecture passionnante? Robert Charles Wilson est déjà, avec ce roman, un auteur doué.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Darwinia [1998]
Darwinia est un roman qui aurait mérité d'être plus développé. Son contexte, ses implications, entre autres. Ces défauts l'empêchent sans conteste d'être un chef d'oeuvre -nominé aux Hugos mais pas récompensé- tant les idées foisonnent grâce à sa construction intelligente et son mélange des genres.
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