Critique L'Automate de Nuremberg [2008]
Avis critique rédigé par Manu B. le samedi 12 janvier 2008 à 18h15
Ai-je une âme, mon père ?
"Il fallait bien que cela arrive un jour, et je commence donc mon cinquième journal par la conlusion logique des évènements précédemment relatés pages 91 à 128 du quatrième volume de mes mémoires et interrogations..."
Melchior Hauser est un automate. Pas n'importe lequel puisqu'il a été offert par Frédéric Guillaume III, roi de Prusse, au Tsar russe Alexandre 1er. On est en 1824 et il est capable de jouer aux échecs. Or en ce 13 septembre 1824, le Tsar décide d'affranchir Melchior et l'autorise à retourner auprès de son géniteur Viktor Hauser...
Thomas Day a toujours flirté avec le mainstream, il semble aimer construire une intrigue dans un contexte réel. Et spécialement dans une période caractéristique de l'Histoire. Que ce soit dans le Moyen-Âge japonais de Musashi (la voie du sabre), le XIXe improbable de Sherlock Holmes (l'instinct de l'équarrisseur) ou celui de Chaka Zoulou (le trône d'ébène), ou au temps du dieu forgeron (le double corps du roi), Thomas Day sait à chaque fois surprendre le lecteur, en écrivant sur un thème ou une époque qu'on n'attend pas.
Une première version de la nouvelle l'automate de Nuremberg que les éditions Gallimard ont publiée ici est disponible dans le numéro 42 de la revue Bifrost sous le titre "le dernier voyage de l'automate joueur d'échecs".
Automate fraîchement affranchi par son maître, à la façon des romains, en lui donnant symboliquement une épée de bois, la question que se pose ce pauvre automate, faisant à peine 97 cm de haut, n'ayant que quatre doigts à chaque mains -suffisamment pour bouger les pièces d'un jeu d'échecs ou écrire à grand peine-, ne possédant aucun sens à part celui de la vue et lisant sur les lèvres, est: "ai-je une âme?". C'est plus ou moins le thème que Shelley a développé dans Frankenstein. Et pourtant, le doute. Le doute est ce qui donne au petit Melchior, selon sa propre définition, son appartenance au statut d'entité possédant une âme. Mais en est-il seulement ainsi?
Car son géniteur Viktor Hauser semble avoir créé trois créatures: Melchior l'automate, Balthazar l'être de pure énergie et sans essence, et Kaspar. Kaspar qui est dans cette histoire Le Kaspar Hauser, le fameux "orphelin de l'Europe", celui dont Verlaine écrivait : "Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m'ont pas trouvé malin", celui qui n'était capable de prononcer que "cavalier veux comme père été".
Or l'un manque cruellement de contact avec la réalité, le deuxième manque complètement d'humanité et le troisième est déconnecté du monde réel. Viktor n'a t-il pas failli dans sa mission ? Chacune de ses expériences n'est-il pas un échec dans l'espoir de singer la vie ? Chacune de ses expériences n'est-il pas une des facettes que chacun des êtres humains possède ?
Avec style et un ton touchant, l'auteur écrit une nouvelle mélancolique, sans tomber dans le pathos, à la fois pleine d'humanité et sur le ton juste.
120 pages, c'est court, mais c'est juste ce qu'il fallait.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : L'Automate de Nuremberg [2008]
L'automate de Nuremberg est un texte illustrant tout le talent de Thomas Day. Rien de plus, rien de moins.
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