Critique Evolution 1 [2005]

Avis critique rédigé par Manu B. le dimanche 20 janvier 2008 à 14h40

Histoires de singes

"L'avion venait d'amorcer sa descente vers Darwin lorsqu'il traversa un épais nuage de fumée noire. L'habitacle s'obscurcit aussitôt, privant les passagers de la douce lumière de l'été australasien, et les réacteurs firent entendre un gémissement aigu..."
Il y a soixante-cinq millions d'années, une catastrophe sans commune mesure met un terme à la domination des plus grands vertébrés de la branche animale, les dinosaures. Cette aubaine permet aux mammifères de pouvoir petit à petit se développer et de se rendre maîtres des lieux. Parmi eux, les primates, ces petits mammifères suceurs d'oeufs de dinosaures, se perfectionnent et deviennent de plus en plus malins...
Stephen Baxter nous a plus habitués à explorer le futur qu'à redécouvrir le passé. Ses histoires se déroulent dans un futur proche (la série Manifold, Titan) ou très lointain (la série Xeelee). Evolution est une de ces exceptions qui font de cet auteur un des plus marquants de ces dernières années.
Petit retour il y a quelques soixante cinq millions d'années dans le passé. On le sait depuis longtemps, mais on a maintenant les preuves scientifiques qu'une catastrophe majeure a provoqué la disparition d'environ 95% des reptiles et de la totalité des dinosaures, en seulement quelques millions d'années. Non seulement celle des dinosaures, mais aussi de 90% de la faune et de la flore terrestres, sur terre, dans les airs et les mers. Plusieurs théories ont germé pendant des décennies, mais les plus probables sont au nombre de trois: la collision d'une météorite sur le site de Chicxulub au Yucatan (Mexique) reconnu en 1993, mais aussi l'éruption gigantesque d'un volcan dont les trapps du Deccan (Inde) couvrent des milliers de kilomètres carrés et ayant pu envoyer dans l'atmosphère des particules capables d'occulter la lumière, et enfin la variation du niveau des mers provoquant une énorme variation du climat.
On regrette dès lors que Stephen Baxter ne s'attache qu'à la première des causes quand il s'agit probablement de la somme de ces évènements qui a provoqué l'extinction de masse de la crise K-T. Le manque de rigueur scientifique est encore plus flagrant quand il imagine ses "cachalots des airs" d'une envergure de plusieurs centaines de mètres (le plus grand animal volant ayant vécu reste le Quetzalcoatlus avec près de douze mètres d'envergure), ou bien de la présence de dinosaures il y a dix millions d'années, côtoyant le ramapithecus !
En outre, ce roman ne constitue qu'une vue de l'esprit, notamment concernant les comportements et les états d'âme des primates ancêtres de l'homo sapiens. C'est largement conjecturel.
Ce qui gêne tient également du style volontairement (du moins je l'espère!) enfantin. On a l'impression que l'auteur s'adresse à des enfants de douze ans et qu'il écrit "un bout de préhistoire pour les nuls", ce qu'il n'est pas car on a là une somme considérable de détails très pointus sur la morphologie ou bien la descendance de telle ou telle espèce. C'est donc le cul (de la reliure) entre deux chaises que se situe ce roman à moitié intéressant et à moitié ... débile. J'exagère. Sauf que je trouve malsain de mélanger tout cela, pour un lecteur habitué à ses romans aux théories pointues mais pertinentes. En prenant du recul vis à vis de l'histoire et de la vérité (qu'on ne connaîtra probablement jamais, à moins d'inventer le voyage dans le temps), sa lecture n'en est pas moins agréable, l'humour y taillant une part non négligeable. Attendons la suite.

La conclusion de à propos du Roman : Evolution 1 [2005]

Auteur Manu B.
60

Si ce roman pêche par son manque de rigueur scientifique, ce que Stephen Baxter assume probablement, cette histoire de l'humanité depuis ses lointaines origines remontant au secondaire, constitue une lecture très agréable.

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