Critique Sécheresse [1975]
Avis critique rédigé par Manu B. le mercredi 20 février 2008 à 13h07
La désertification de l'âme
« A midi, quand le docteur Charles Ransom amarra sa péniche à l'entrée du fleuve, il vit Quilter -le fils idiot de la vieille occupante du chaland délabré, à la sortie du bassin des yachts - debout en haut d'un éperon rocheux, sur l'autre rive, souriant aux oiseaux morts qui flottaient à ses pieds...»
Mount Royal était une belle ville, pleine de vie, mais la sécheresse a désormais chassé la majorité de ses habitants, ne laissant de la cité que les dunes envahissantes du désert, grignotant les dernières parcelles de civilisation. C'est vrai aussi sur le reste de la planète moribonde. Mais c'est dans Mount Royal que vit Charles Ransom, sur un bateau bientôt échoué sur les rives du fleuve quasi asséché. Il faudra songer à partir d'ici peu de temps...
Avec le monde englouti, sécheresse est le deuxième roman réédité dans la collection Lunes d'Encre des éditions Denoël. Il l'un des quatre édifices des apocalypses imaginés par James Graham Ballard, aux côtés de le vent de nulle part et la forêt de cristal.
Rassembler en un seul volume le monde englouti et sécheresse se justifie par le fait que, par beaucoup d'aspects, ces romans sont proches. A l'instar du premier, sécheresse nous décrit une situation de l'humanité catastrophique. Ici, ce n'est pas l'inondation mais la désertification de la planète qui pousse les hommes à se retrancher non seulement dans des endroits inhospitaliers, mais aussi à se retrancher dans un état d'esprit primitif. Comme si, par le fait d'une situation exceptionnelle, l'homme ne pouvait que régresser de plusieurs milliers (voire millions) d'années. L'homme ne serait-il pas suffisamment civilisé pour conserver un semblant de société en cas de bouleversement majeur ? La loi du "chacun pour soi" serait-elle la seule viable alors que l'unité et la solidarité sont les seules chances de survie ?
C'est ce qu'imagine l'auteur, (non seulement dans ce roman, mais aussi dans ses autres livres).
On l'a bien compris, l'apocalypse elle-même n'a pas d'importance, qu'elle soit d'ordre climatique ou non. Ce sur quoi Ballard met le doigt, c'est sur la nature humaine et la société dans laquelle on vit. C'est ce qu'elles deviennent lorsque l'on place l'homme dans des conditions extrêmes, qui l'intéresse. Peut-être est-ce le meilleur moyen de jauger la civilisation et de l'homme ? Et du potentiel de sa survie future. Ou non.
Il ne faut pas se leurrer, une de ces catastrophes finira bien par arriver.
C'est donc dans un pessimisme ambiant que cette histoire, pour le moins plausible -vue la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui- que l'on est plongé tout au long du roman, malgré quelques poches optimistes ici et là.
Or, l'écrivain anglais a du style, c'est l'une des plus belles plumes de la littérature SF, un de ceux qui vous forcent à vous plonger dans un dictionnaire à un moment ou un autre.
C'est donc avec un certain malaise que l'on referme ce roman.
La conclusion de Manu B. à propos du Roman : Sécheresse [1975]
Après le monde englouti, James Graham Ballard nous livre une autre de ses visions apocalyptiques incroyablement réalistes. Un roman qui risque de vous faire réfléchir. Encore un.
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