Critique Le repaire du Ver Blanc [1990]
Avis critique rédigé par Nicolas L. le mercredi 27 février 2008 à 15h53
La comtesse a un gros g.. euhhh
Creusant un trou dans son jardin, un archéologue en herbe découvre le crâne fossilisé d’un reptile. Il s’agit de celui du ver blanc, un animal antédiluvien, déifié il y a des lustres par des allumés qui voyaient en lui le dieu-serpent.
Hors, cette secte existe encore, dirigée par la troublante comtesse Sylvia. Celle-ci va alors dérober à notre sympathique scientifique le crâne pour relancer la pratique du culte, mais sur sa route va se dresser lord James, l’héritier de la maison qui avait jadis mis un terme à la vie de cette engeance maléfique…
Ken Russell fut dans les années 70 l’un des principaux porte-flambeau d’un certains cinéma atypique, avant-gardiste et provocateur. Réalisateur de véritables chef d’œuvre du cinéma, comme Les Diables, ou de métrages mémorables récupérant à son avantage l’esthétisme et la philosophie du mouvement arty britannique, comme Tommy ou Valentino, cet artiste a marqué de son empreinte toute une période où le cinéma était souvent synonyme de délire, de transgression et d’expérimentation. Ainsi, durant une bonne dizaine d’année, Ken Russell fut le messie de tous ceux qui faisaient de l’anti-cléricalisme et de la fin des préjugés sexuels le fer de lance de leurs combats quotidiens.
Seulement voilà, Ken Russell passa très mal le cap des années 80. Subitement, ses provocations outrancières, ses métaphores sexuelles, devinrent de vulgaires démonstrations kitch, ses propos libertaires de vains ou ridicules pamphlets ballonnés, et pire, le niveau technique de son art s’écroula à la vitesse d’un soufflet au fromage sorti trop tôt du four. En seulement quelques années, le cinéaste britannique sombra dans le grotesque, et ses films se métamorphosèrent en purs nanars.
Réalisé en 1988, Le Repaire de Ver Blanc illustre parfaitement ce processus rapide de décadence cinématographique. Dans ce film, au scénario inspiré d’une nouvelle de Bram Stoker, Ken Russell fait l’étalage de sa soudaine dégénérescence artistique, de sa totale perte d’inspiration. Privé de la pertinence de l’usage de son don expressionniste, l’artiste cède la place à un vieux vicelard à l'humour gras de comique troupier. La symbolique sexuelle, omniprésente, devient si lourde que l’on ne sait jamais si l’on se balade dans le domaine de la grosse rigolade ou du sérieux foireux. On en arrive presque à croire que le cinéaste n’a réalisé ce film que pour imprimer sur pellicule la vision de l’actrice Amanda Donohoe (vachement bien carrossée, ceci-dit) sapée en pute de cabaret SS, avec festival de porte-jarretelles et strings en prime, et godemichés géants en sus.
Car à part ce déchaînement obsessionnel, fruit d’une libido bien beauf (ah ! ce crêpage de chignons d’hôtesses de l’air en bas nylon, quel style !), on se demande bien ce qu’a voulu exprimer Ken Russell. Il y a bien encore la présence d’une mise au pilori de ces valeurs chrétiennes qu’il déteste – matérialisée par l’introduction de séquences de cauchemars qui mettent en scène des plans de viols de nonnes avec un pauvre Jésus Christ croqué par un ver géant -, mais tout est si maladroitement filmé, si mollement dirigé, et surtout si laid graphiquement, que le résultat est ridicule, et même parfois chiant.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, il faut ajouter à ce pitoyable bilan un scénario débile qui accumule les séquences grotesques (le flic-serpent charmé à la cornemuse, lord James et son épée à deux mains), les personnages inutiles (celui interprété par Hugh Grant pourrait être carrément supprimé sans que l’on ne s’en rende compte) et les interminables scènes dialoguées qui font sonner le métrage à la manière d’un épisode de Derrick. Enfin, il convient de ne pas oublier de citer la présence d’effets spéciaux pourris qui ajoutent une couche de plus à l’aspect « foutage de gueule » de cette catastrophe filmique.
Finalement, si je suivais ma logique, je serai à même d’infliger au métrage une note flirtant avec le zéro absolu. Pourtant, je ne le ferais pas. Car Le Repaire du Ver Blanc est un véritable nanar, et en tant que tel, se laisse gentiment regarder. On pourrait même – et cela sans sombrer dans la honte ou se cacher, tout confus, derrière son canapé – le trouver divertissant ! Si, si, j’insiste… Le film est nul, mais il peut être divertissant. En fait, tout y sonne tellement faux qu’il atteint presque le sommet du n’importe quoi et de la bouffonnerie, ce qui le rend paradoxalement sympathique, Avec son érotisme foireux, sa mise en scène « kitchissime » et ses personnages vulgaires, le film de Ken Russell compte même aujourd’hui un petit noyau de fans qui contribue à lui donner un aspect cul-culte.
La conclusion de Nicolas L. à propos du Film : Le repaire du Ver Blanc [1990]
Hormis si vous vous trouvez être un amateur de nanars bien kitch, je ne peux vous conseiller la vision du Repaire du Ver Blanc. Matérialisation de la déchéance artistique d’un cinéaste qui fut jadis l’un des plus doué de sa génération, ce film est définitivement très mauvais. Mais, paradoxalement, l’œuvre de Ken Russell parvient à éviter la sanction des oubliettes cinématographiques de par sa nullité, si excessive qu’elle se voit entraînée dans le royaume du grotesque, de la bouffonnerie et de l’érotisme aguicheur bas de gamme. Drôle, donc, mais au énième degré.
On a aimé
- Si nul qu’il en devient divertissant
- La plastique de Amanda Donohoe
On a moins bien aimé
- Réalisation mollassonne
- Scénario débile et extrêmement bavard
- Une symbolique si appuyée qu’elle en est ridicule
- Effets spéciaux affligeants
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